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Transport à l’hydrogène : le Québec est « en retard », selon des experts

- Jonathan Roberge

Pendant que de nombreux pays européens sont en pleine transition énergé‐ tique; le Québec est tou‐ jours au stade des re‐ cherches sur l'hydrogène. Environ 250 chercheurs et experts de partout dans la province et même d'ailleurs dans le monde étaient réunis jeudi à TroisRiviè­res pour échanger sur les procédés et les services que leurs entreprise­s peuvent mettre en com‐ mun.

Le Canada aura beaucoup à faire pour atteindre son ob‐ jectif de devenir carboneutr­e d'ici 2050, selon certains. On est en retard, tout à fait! On a beaucoup d'années à rattra‐ per, admet d’entrée de jeu le professeur Bruno G. Pollet, chercheur spécialisé dans l’hy‐ drogène et titulaire d’une chaire de recherche à l’Univer‐ sité du Québec à Trois-Ri‐ vières (UQTR).

Pendant que bien des Québécois hésitent toujours à remplacer leur voiture à es‐ sence par une voiture élec‐ trique, les Européens, eux, sont passés à l'étape sui‐ vante. Il y a eu une vraie vo‐ lonté de développer la filière hydrogène en Europe. Les grands joueurs industriel­s se sont mis dans ce développe‐ ment pour proposer des solu‐ tions, enchaîne Johann Bu‐ reau, vice-président chez Charbone Hydrogène, qui souligne que les gouverne‐ ments européens ont investi d’importante­s sommes d’ar‐ gent pour la recherche et le développem­ent des énergies vertes.

En Allemagne, certains trains sont propulsés par l'hy‐ drogène, tout comme de nombreux autobus un peu partout sur le continent, no‐ tamment en France. Efficace par grands froids, ces véhi‐ cules ont aussi un autre avan‐ tage marqué sur les véhicules électrique­s, selon. M. Pollet. L'hydrogène c'est idéal. On parle de trois à cinq minutes pour ravitaille­r un véhicule.

Technologi­es mentaires complé‐

Le professeur de l'UQTR responsabl­e de l'Institut de recherche sur l'hydrogène clame l'urgence d'agir.

Il faut de l'aide financière du gouverneme­nt pour es‐ sayer de rattraper ce qu'on a perdu pendant toutes ces an‐ nées, affirme Bruno G. Pollet qui estime que les États-Unis sont aussi en avance et très agressif dans ce domaine en comparaiso­n au Canada.

Pour réussir à décarboner le pays, il faudra travailler avec les grandes industries. Avant de rêver à des millions de petites voitures à l'hydro‐ gène sur nos routes, il vaut mieux, selon lui, convertir le transport lourd et approvi‐ sionner les parcs industriel­s. Je pense à des secteurs comme l'aciérie, la métallur‐ gie, ceux qu’on dit très diffi‐ ciles à électrifie­r. On a besoin de ça et de cet hydrogène pour produire de l'engrais de l'ammoniac.

Le chercheur de l’UQTR ne remet pas en doute pour au‐ tant la pertinence des voi‐ tures électrique­s, bien au contraire. Il les juge essen‐ tielles, mais c’est la complé‐ mentarité des technologi­es qui permettra, selon lui, de se rapprocher des cibles envi‐ ronnementa­les.

Une première pompe à hydrogène au Québec

Pour remplir leurs véhi‐ cules, les Européens ont construit de nombreuses sta‐ tions-service d'hydrogène. Au Québec, l’entreprise Harnois tente de développer ce mar‐ ché depuis 2019.

Harnois énergies a été la première station à hydrogène du Québec, dit fièrement la chargée de projet Catherine Gosselin, une bachelière de l’UQTR.

La chaîne n’entend pas pour le moment construire d’autres stations libre-service. Elle compte plutôt mettre en place un système de distribu‐ tion. On produit 200 kilo‐ grammes d’hydrogène par jour à Québec. La prochaine étape, c’est de l’embouteill­er et de le distribuer à nos clients à travers la province, poursuit Mme Gosselin.

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