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La Grande Séduction, une mobilisati­on qui fait une différence en Abitibi-Ouest

- Martin Guindon

La Grande Séduction en Abitibi-Ouest a dressé un bilan positif de sa première année d’actions, jeudi à La Sarre.

Cette grande mobilisati­on citoyenne a vu le jour en dé‐ cembre 2021, dans la foulée de l’électrocho­c causé par la fermeture de la moitié des lits à l’hôpital de La Sarre par le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’AbitibiTém­iscamingue (CISSS-AT). Celle-ci s’inscrit dans le cadre d’une réorganisa­tion des ser‐ vices, entraînée par la pénurie d’infirmiers et d'infirmière­s. D’ici 2026, ce sont 100 nou‐ velles infirmière­s qu’il faut embaucher en Abitibi-Ouest.

La Grande Séduction vient donc appuyer les efforts de recrutemen­t du CISSS, avec des incitatifs financiers et des initiative­s facilitant l’accueil et l’intégratio­n des nouvelles in‐ firmières sur le territoire. Une première cohorte de 19 infir‐ mières provenant du Magh‐ reb et du Cameroun est arri‐ vée en septembre dernier, en vertu des efforts de recrute‐ ment à l’internatio­nal du CISSS visant à attirer 80 infir‐ mières dans la région.

On se rend compte qu’on a fait beaucoup de choses, on a eu de beaux succès. Juste à penser à la campagne de fi‐ nancement qui a récolté plus d'un million de dollars. C’est fantastiqu­e, c’est merveilleu­x. Ça nous donne les outils pour mettre de l’avant des projets, des mesures jusqu’en 2026.

Pierre Bourget, membre du comité citoyen derrière La Grande Séduction

On pense aussi à l’accueil qu’on a accordé aux 19 infir‐ mières qui viennent de l’Afrique, qui sont installées ici avec leurs familles. On parle quand même de 52 nouvelles personnes, adultes et enfants. On les a vraiment aidées à s’intégrer, on leur fournit un logement, des meubles, etc., souligne M. Bourget.

L’octroi de bourses a aussi permis de recruter d’autres in‐ firmières.

On est particuliè­rement fiers du recrutemen­t. Oui, il y a les 19 infirmière­s d’Afrique, mais il y a aussi 16 nouvelles infirmière­s qui sont présentes ou qui vont arriver dans les prochains mois. Ça inclut des finissante­s du Cégep, des in‐ firmières qui étaient en pra‐ tique à l’extérieur de la région, des infirmière­s de la France et trois autres infirmière­s de l’Afrique. Ça fait 35 infirmière­s en tout qui vont être sur le plancher en Abitibi-Ouest as‐ surément en septembre et octobre prochain. En plus, on ajoute 14 infirmière­s auxi‐ liaires et deux autres profes‐ sionnels de la santé, fait valoir Pierre Bourget.

En juin dernier, le comité citoyen a participé au finance‐ ment et au développem­ent de 72 nouvelles places en ser‐ vices de garde, dont un ser‐ vice de garde en communau‐ té de 12 places baptisé La Mi‐ ni Séduction. Huit places sont

réservées aux familles caines.

afri‐

Une campagne et 15 autres infirmière­s

Mais là ne s’arrêtent pas les actions du comité citoyen, qui prévoit lancer, en avril, une campagne de recrute‐ ment dans les médias sociaux avec l’aide d’une firme spécia‐ lisée en attractivi­té territo‐ riale, Visages Régionaux. Celleci mettra surtout l’accent sur la mobilisati­on et l’accueil des gens d’Abitibi-Ouest.

Aujourd’hui, les jeunes ne changent pas leur vie pour des incitatifs financiers. Ils ont besoin de quelque chose qui les appelle beaucoup plus que ça. On pense que l’AbitibiOue­st, avec le tissus social, la qualité de vie sur le territoire, on a de nombreux atouts qui, après une pandémie, sont beaucoup plus valorisés qu’ils ne l’étaient avant. Ça nous a permis de réaliser qu’il y avait un mouvement de retour en région, affirme le président du comité, Sylvain Trudel.

L'organisme se prépare aussi à accueillir une deuxième cohorte au prin‐ temps, cette fois de 15 infir‐ mières recrutées en Afrique, toujours avec leurs familles.

Ce sont donc des loge‐ ments, des meubles, des ser‐ vices de garde. On est conscients que ça va être un défi. On l’a vécu une première fois avec les 19 infirmière­s. On sait que ça va mobiliser tout le monde, mais on l’a fait une première fois, ça s’est passé au-delà de nos attentes, et on a vraiment l’ambition de répé‐ ter et de faire que cette deuxième expérience soit en‐ core une fois la meilleure ex‐ périence d’accueil qui se soit déroulée au Québec, lance Sylvain Trudel.

À 50 % de l’objectif

Avec ces 15 infirmière­s at‐ tendues au printemps, l’Abiti‐ bi-Ouest sera à 50 % de son objectif de recruter 100 infir‐ mières d’ici 2026.

La présidente-directrice générale du CISSS de l’AbitibiTém­iscamingue, Caroline Roy, salue cette grande mobilisa‐ tion citoyenne, qui fait, selon elle, une grande différence dans le recrutemen­t d’effectifs en soins infirmiers sur le terri‐ toire. Elle rappelle que son or‐ ganisation poursuit toujours le même objectif, soit de maintenir et consolider les services de santé de proximi‐ té en Abitibi-Ouest.

On sait qu’entre 2021 et 2026, ce sont 100 infir‐ mières qui vont nous man‐ quer ici sur un total approxi‐ matif de 120 infirmière­s dont on a besoin pour desservir le territoire. C’est un grand défi, mais déjà, on voit de l’espoir. Avec la planificat­ion d’em‐ bauche, le recrutemen­t inter‐ national, dans les deux pro‐ chaines années, ce sont 50 nouvelles infirmière­s qui vont fort probableme­nt inté‐ grer les services et les pro‐ grammes en Abitibi-Ouest.

C’est un défi de taille et d’en‐ vergure, mais la collectivi­té se dit prête à le relever et on voit déjà les succès, signale Mme Roy.

Les 19 infirmière­s qui pro‐ viennent de l’étranger ont in‐ tégré pour la plupart le réseau de la santé en Abitibi-Ouest. Elles oeuvrent surtout comme préposées aux bénéficiai­res, puisqu’elles doivent d’abord compléter une formation d’appoint, puis réussir l’exa‐ men de l’Ordre des infirmiers et infirmière­s du Québec, avant de pouvoir pratiquer au Québec. Cette étape devrait être franchie cet été.

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