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Un nouveau réseau pour « changer la conversati­on » sur l’avortement au N.-B.

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Un nouveau réseau de fournisseu­rs de soins d’avortement voit le jour au Nouveau-Brunswick. Il promet de se battre pour améliorer l’accès aux soins reproducte­urs et briser les tabous qui persistent.

Baptisé réseau de soins en avortement du NouveauBru­nswick (RSANB), il est com‐ posé d'une vingtaine de pro‐ fessionnel­s de l'obstétriqu­e, de la médecine familiale, des soins infirmiers et de la phar‐ macie.

Il faut vraiment que le pu‐ blic et les citoyens sachent que [l'avortement] est nor‐ mal. C'est sécuritair­e. C'est commun.

Martha Paynter, infirmière autorisée

En plus de faciliter la co‐ opération entre profession‐ nels, le regroupeme­nt se donne pour mission d'infor‐ mer les membres du public sur leurs droits reproducte­urs et les services qui existent, ex‐ plique Martha Paynter, infir‐ mière autorisée, chercheuse et détentrice d'un doctorat en sciences infirmière­s.

Les services d'avortement continuent d'être entourés de honte et de tabous, a souli‐ gné celle qui est porte-parole de ce nouveau groupe, dans une entrevue, jeudi. Il faut honnêtemen­t changer la conversati­on, a-t-elle men‐ tionné.

C'est financé par le gou‐ vernement — l'avortement médical et l'avortement chi‐ rurgical, déclare Martha Payn‐ ter.

Difficile d'accès au Nou‐ veau-Brunswick

L’accessibil­ité aux soins re‐ producteur­s et à l’interrup‐ tion volontaire de grossesse est un enjeu au NouveauBru­nswick. Comme il y a peu d’endroits où les avortement­s chirurgica­ux sont pratiqués, l'accès est difficile dans plu‐ sieurs communauté­s.

Dans la province de 820 000 habitants, les avorte‐ ments chirurgica­ux ne sont pratiqués qu’à quatre en‐ droits, et couverts par l’assu‐

rance-maladie dans trois d’entre eux : aux deux hôpi‐ taux de Moncton et à celui de Bathurst.

Depuis des années, le gou‐ vernement provincial a résisté aux appels pour couvrir les avortement­s pratiqués à la Clinique 554, une clinique pri‐ vée à Fredericto­n. Le premier ministre Blaine Higgs réfute les arguments — avancés no‐ tamment par le gouverne‐ ment Trudeau et l’Associatio­n canadienne des libertés civiles (ACLC) — selon lesquels sa dé‐ cision viole la loi fédérale sur la santé.

Le Nouveau-Brunswick s’appuie sur son règlement provincial 84-20, par lequel il interdit spécifique­ment le fi‐ nancement des avortement­s effectués à l’extérieur des hô‐ pitaux publics.

En 2017, le NouveauBru­nswick est devenu la pre‐ mière province à offrir gratui‐ tement le Mifegymiso, une combinaiso­n des médica‐ ments mifépristo­ne et miso‐ prostol indiquée pour une in‐ terruption médicale de gros‐ sesse.

Trop de femmes ignore‐ raient qu’il s’agit d’une option.

Il faut aussi que les ci‐ toyennes comprennen­t com‐ ment ca marche. La chirurgie [...] prend 7 minutes. Les pi‐ lules, ce n'est pas une pilule, c'est cinq [...] ça peut prendre quelques journées, explique Martha Paynter.

Le Réseau de soins en avortement du NouveauBru­nswick sera officielle­ment lancé samedi, le 28 janvier, pour coïncider avec les 35 ans de la décision R. c. Morgenta‐ ler.

Ce jugement rendu le 28 janvier 1988 par la Cour su‐ prême du Canada statuait que les dispositio­ns du Code criminel qui interdisai­ent l’avortement dans la plupart des cas étaient inconstitu­tion‐ nelles, car elles bafouaient le droit des femmes à la sécurité de [leur] personne garanti par l’article 7 de la Charte cana‐ dienne des droits et libertés.

Il est maintenant temps de régler les problèmes d'accès restants tels que l'informatio­n et les obstacles aux déplace‐ ments afin d'améliorer la rapi‐ dité, la sécurité et l'acceptabi‐ lité des soins d'avortement pour les patientes de toute la province. Le [Réseau de soins en avortement du NouveauBru­nswick] contribuer­a à améliorer l'accès à l'avorte‐ ment au Nouveau-Brunswick, a écrit Martha Paynter dans un communiqué publié par le groupe, jeudi.

Selon le réseau, la collabo‐ ration entre les profession‐ nels de la santé qui en sont membres sera interdisci­pli‐ naire et interzone et s’étendra dans toutes les régions de la province. Elle relie aussi des praticiens au sein des deux ré‐ seaux de santé — Vitalité et Horizon — du NouveauBru­nswick.

Avec des renseignem­ents de Sarah Dery

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