Pam Grier et la Blaxploitation à l’honneur à la Cinémathèque
Dans le cadre des célébra‐ tions du Mois de l'histoire des Noirs, la Cinéma‐ thèque québécoise présen‐ tera au mois de février 15 classiques issus de la Blax‐ ploitation, incluant cinq titres mettant en vedette l’icône du cinéma afroaméricain des années 1970 Pam Grier.
Courant cinématogra‐ phique à la fois revendicateur, kitsch, sexy et violent, la Blax‐ ploitation puise ses racines dans le cinéma de série B hol‐ lywoodien, ces productions à petit budget connues pour leurs récits farfelus.
Se déployant dans presque tous les genres – du polar au mélodrame, en pas‐ sant par le western et l’hor‐ reur – les films de la Blaxploi‐ tation ont comme point d’an‐ crage des personnages afroaméricains forts et décom‐ plexés, qui parviennent d’une manière ou d’une autre à faire basculer l’ordre établi.
La galerie de portraits figés qui cantonnaient les Noir.e.s à une position servile est dé‐ boulonnée au profit d'une es‐ thétique nouvelle de (re)valo‐ risation identitaire, explique la Cinémathèque sur son site In‐ ternet.
Au-delà de ses doléances de nature sociopolitique, la Blaxploitation se caractérise par un traitement ironique et souvent désopilant des sujets d’actualité brûlants, comme le racisme, la pauvreté, la drogue ou la corruption des institutions.
Le profane et le sacré se côtoient d’ailleurs régulière‐ ment dans ces films, à l’instar de Super Fly – projeté le 6 fé‐ vrier à la Cinémathèque – dont le héros est un prêtre re‐ vendeur de cocaïne.
Attitude décontractée
L’humour pince-sans-rire est une composante essen‐ tielle de la Blaxploitation, comme l’a rappelé Pam Grier il y a trois ans au New Yorker : On se devait de s’amuser. On ne peut pas être si sérieux dans une culture qui a besoin de rire.
Surtout connue des ciné‐ philes de la nouvelle généra‐ tion pour son rôle de Jackie Brown dans le film éponyme de Quentin Tarantino, Pam Grier a d’abord fait sa marque dans les années 1970 en inter‐ prétant à l’écran des justi‐ cières affranchies et char‐ nelles.
Un type de personnage qu’elle a campé dans quatre des cinq longs métrages que lui consacre la Cinéma‐ thèque : Coffy, Foxy Brown, Friday Foster et Sheba, Baby.
Le cinquième, Scream Bla‐ cula Scream!, est un film de vampires ayant pour slogan : Le prince des ténèbres noir tourmente à nouveau la Terre. Il s’agit de la suite de Blacula, qui a lancé le phéno‐ mène de la Blaxploitation d’horreur, avec des films aux titres évocateurs comme Bla‐ ckenstein, Dr. Black and Mr. White ou Tales from the Hood.
Enfin, parmi les autres films notables au menu de la Cinémathèque, notons Shaft, probablement l'oeuvre la plus emblématique de la Blaxploi‐ tation, avec Richard Round‐ tree dans la peau d’un détec‐ tive privé aussi cool que la bande originale d’Isaac Hayes.
Le cycle Les années Blax‐ ploitation est présenté à la Ci‐ némathèque québécoise du 31 janvier au 20 février. Tous les films sont présentés en version originale anglaise, et quatre d’entre eux – Coffy, Shaft, Ganja & Hess et Man‐ dingo – sont dotés de soustitres en français.