Démolition : l’offrande faite à Jake Gyllenhaal
Le film de Jean-Marc Vallée est diffusé sur ICI Télé le di‐ manche 5, à 23 h 25
Le 26 décembre 2021, le monde apprenait avec stu‐ peur le décès du réalisateur Jean-Marc Vallée. Pour se sou‐ venir de son immense talent, nous vous proposons de (re) voir le dernier film qu'il réali‐ sait pour le cinéma, Démoli‐ tion, avant qu'il ne s'illustre du côté de la télévision no‐ tamment avec Big Little Lies et Sharp Objects).
Mais peu importe la taille de l’écran, une chose reste constante dans les créations de Vallée : les véritables of‐ frandes que sont ses films pour les acteurs et actrices qu’il choisit. Démolition ne fait évidemment pas exception.
Un rôle en or
Davis, antihéros de Démo‐ lition, a tout : un travail de banquier d’affaires dans le‐ quel il excelle, une femme su‐ blime et aimante, des rela‐ tions comme il faut et une maison qui fait fantasmer les architectes. Et du jour au len‐ demain, après la mort de sa femme dans un accident bru‐ tal, tout s’écroule.
Si cette trame d’une vie parfaite bouleversée par des événements tragiques a sou‐ vent été suivie par les ci‐ néastes, rares sont pourtant celles et ceux qui lui auront fait prendre les bifurcations singulières que l’on trouve dans Démolition.
Car Davis ne sera pas apa‐ thique, ou au contraire sur‐ performant. Non. Il deviendra obsessif. D’abord quant à un distributeur automatique dé‐ faillant, ce qui l’entraînera dans une correspondance étrange et frénétique avec le service clientèle, ensuite quant à sa maison, qu’il va s’employer à minutieusement détruire à coups de masse. Des démolitions extérieures qui ne sont, bien sûr, que des manifestations d’une intériori‐ té en charpie, ce que n’im‐ porte quel acteur ou actrice qui se respecte ne peut consi‐ dérer que comme un cadeau.
Jake Gyllenhaal tout en puissance
Comme dans Wild ou dans Dallas Buyers Club, ses films précédents, où déjà il ré‐ fléchissait avec finesse à l’idée de survie (ou plus précisé‐ ment : comment survivre lors‐ qu’on est différent?), JeanMarc Vallée fait de Démoli‐ tion une oeuvre-véhicule pour que se déploie le talent de son acteur.
Mise en scène claire, nette, précise, récit construit avec un sens du suspense certain, le film met tout en place pour que la performance physique de Jake Gyllenhaal soit le véri‐ table centre d’intérêt et mo‐ teur du film.
Pulsionnel, paranoïaque, autodestructeur, son Davis plonge en démence avec une profondeur et une puissance particulièrement prenantes. Une performance baroque et spectaculaire, mais surtout une nouvelle facette passion‐ nante de son jeu, lui qu’on avait découvert par son étrangeté dans Donnie Dar‐ ko et adoré pour sa sensibilité dans Le secret de Brokeback
Mountain. D’ailleurs, c’est à se demander si seuls les yeux québécois ont su déceler chez l’acteur cette part de brutalité, puisque c’est également sa puissance que mettait de l’avant Prisoners, de Denis Vil‐ leneuve.
Démolition, à voir sur ICI Télé, le dimanche 5 février, à 23 h 25.
La bande-annonce (source : YouTube)