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Hydro-Québec sous-utilise des barrages en pleine saison de pointe hivernale

- Thomas Gerbet

Les turbines de plusieurs barrages sont à l'arrêt au Québec, en plein dans la période froide de l'année où Hydro-Québec doit maximiser sa production, révèle une enquête de Ra‐ dio-Canada. Grâce à des sources et des documents internes, nous avons pu dresser le portrait de cette sous-utilisatio­n, estimée à 1000 mégawatts (MW).

Entre Montréal et Laval, la centrale hydroélect­rique de Rivière-des-Prairies a le poten‐ tiel d'alimenter 12 000 foyers, avec ses 52 MW de puissance. Mais elle ne produit que 13 MW ces temps-ci, car quatre des six turbines sont à l'arrêt depuis des mois. Elles ont besoin de réparation et Hydro-Québec est en ré‐ flexion plus large sur l'avenir de la centrale.

Pendant ce temps, on peut voir l'eau non turbinée se déverser à travers l'évacua‐ teur. Le barrage au fil de l'eau ne peut pas emmagasine­r comme une centrale à réser‐ voir. C'est du gaspillage de puissance et d'énergie per‐ dues, selon une source haut placée à la société d'État, qui n'a pas l'autorisati­on de parler publiqueme­nt.

Beaucoup plus au nord, la plus importante centrale du Québec n’offre pas non plus son plein potentiel. Selon une communicat­ion interne que nous avons obtenue, un pro‐ blème de transforma­teur em‐ pêche la centrale Robert-Bou‐ rassa (LG-2) d’injecter sa pleine puissance sur le réseau. Le déficit est de 700 MW (12 % de sa capacité).

À la Grande-1 (LG-1), c’est 116 MW (8 % de sa capacité). Autant de puissance perdue, à cause de réparation­s en cours. Une reprise n'est pas prévue avant le 7 février, alors que des journées très froides s'en viennent, dès vendredi.

C'est un scénario loin d'être idéal pour Hydro-Qué‐ bec qui s'efforce chaque an‐ née de faire les réfections au printemps, à l'été et à l'au‐ tomne. Selon un document confidenti­el résumant les en‐ jeux de production, HydroQuébe­c doit maximiser la pro‐ duction en hiver.

Nous visons à minimiser les indisponib­ilités de longue durée [plus de trois jours] entre le 15 novembre et le 31 mars afin d’avoir suffisam‐ ment de puissance disponible pour faire face à une vague de froid qui pourrait survenir à tout moment.

Document interne d'Hy‐ dro-Québec

Si la société d'État ne maxi‐ mise pas sa puissance en pré‐ vision des périodes de forte demande, soit une centaine d'heures très froides de l'hi‐ ver, elle doit réduire les quan‐ tités d'électricit­é vendues à l'extérieur, et donc dire adieu aux profits associés, particu‐ lièrement lucratifs en période hivernale.

Hydro-Québec indique que la capacité de production totale s'élevait malgré tout à 97,6 %, à la mi-janvier, soit en‐ viron 900 MW sur 37 000 MW de puissance installée du parc de production. Mais ça, c'était avant les difficulté­s vécues à LG-2. Il n’a pas été possible d’obtenir une mise à jour plus récente.

Mardi, autant le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie Pierre Fitzgib‐ bon que la société d'État ont fait part des immenses be‐ soins de puissance supplé‐ mentaire. De nouveaux pro‐ jets industriel­s requièrent 23 000 MW additionne­ls et on ne pense pas pouvoir satis‐ faire la majorité d'entre eux.

Le déficit de mainte‐ nance en cause?

En Mauricie, selon nos sources, plusieurs barrages ne fonctionne­nt pas à pleine ca‐ pacité, en raison de la désué‐ tude et du manque d'entre‐ tien. Par exemple, la centrale La Gabelle perd presque la moitié de sa capacité (60 MW sur 131 MW) à cause de pro‐

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