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Assurance-emploi : des délais qui s’éternisent pour les demandes de prestation­s

- Valérie-Micaela Bain

Avant même que son contrat dans le domaine touristiqu­e ne prenne fin, le 15 octobre dernier, Sylvie April s’était mise à la re‐ cherche d’un nouvel em‐ ploi pour éviter de se re‐ trouver sans travail. Après des démarches infruc‐ tueuses, elle s’est tournée vers Service Canada pour déposer, en bonne et due forme, une demande d’as‐ surance-emploi.

En tant que personne qui contribue à ce fonds, je me dis : c’est en cas de besoins extrêmes. Et là, ce sont des besoins extrêmes que d’avoir une assurance-emploi pour combler cette période, ex‐ plique cette quinquagén­aire.

Toutefois, en date du 1er février, 75 jours ouvrables se sont écoulés depuis le dé‐ pôt de sa demande et elle n’a toujours pas reçu son premier versement.

Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.

Sylvie April, demandeuse de prestation­s d’assurancee­mploi

Du déjà-vu avec les pas‐ seports

Cette situation n’est pas sans rappeler le désordre qui régnait à Service Canada l’an dernier pour obtenir un pas‐ seport.

À l’époque, le manque d’employés pour traiter les demandes de renouvelle­ment de passeport ainsi que le nombre élevé de ces de‐ mandes avaient mené Service Canada à recommande­r aux voyageurs de prévoir de 40 à 50 jours avant de rece‐ voir leur précieux document. Le délai normal de traitement

est de 10 jours.

Un cas qui n’est pas unique

Du début avril à la fin dé‐ cembre, Service Canada a re‐ çu 2 266 341 demandes de prestation­s d’assurance-em‐ ploi. Les fonctionna­ires en ont traité 76,7 % dans le délai nor‐ mal de 28 jours.

Cependant, 280 000 des 483 000 requêtes traitées audelà des délais réglementa­ires ont nécessité un délai supé‐ rieur à 50 jours.

Le ministère précise que cela inclut les demandes pour lesquelles il manque des ren‐ seignement­s ainsi que les dossiers qui requièrent une enquête poussée.

Sylvie April a multiplié les appels auprès de Service Ca‐ nada. L’attente au bout du fil peut dépasser une heure à chaque occasion. Lorsqu’elle réussit à parler à quelqu'un, elle doit chaque fois expliquer son dossier d'un bout à l'autre.

Là, on me dit : "Il faut être patient, il faut absolument être patient. Sachez que votre dossier a tout simplement été mis de côté, car il demande une vérificati­on. Un enquê‐ teur vous rappellera en temps et lieu. Il y a plusieurs dos‐ siers." C’est du violon, affirme Mme April.

Marasme à Service Ca‐ nada

Le Conseil national des chômeurs et des chômeuses constate que les délais ne cessent de s’allonger depuis un an. Pierre Céré, porte-pa‐ role de cet organisme, donne l’exemple d’un père de famille de cinq enfants qui a attendu six mois avant d’obtenir son premier versement.

Autrefois, des dossiers mis à l’étude étaient approuvés dans les délais normaux. Au‐ jourd’hui, ils s’empilent, selon Pierre Céré.

Bien sûr que ça doit être étudié, mais pas dans ces dé‐ lais anormaux qu’on connaît actuelleme­nt. Moi, je ferme des dossiers en ce moment qui ont deux ou trois mois d’ancienneté. Ce n’est pas nor‐ mal. Je n'ai jamais vu ça.

Pierre Céré, porte-parole du Conseil national des chô‐ meurs et des chômeuses

Sylvie April s’est finale‐ ment trouvé un nouvel em‐ ploi, mais elle continue de ré‐ clamer du soutien financier pour ses semaines de chô‐ mage. Dans mon budget, il me manque un revenu de plus ou moins six semaines, précise-t-elle.

Des commentair­es qui font sourciller

Des chômeurs déplorent aussi que les réponses des agents de Service Canada va‐ rient d’un appel à l’autre. À ce‐ la s’ajoutent des remarques qu’ils jugent inappropri­ées quand ils font part de leur

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