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Des villes du Nord-Ouest de l’Ontario espèrent acquérir des terres de la Couronne

- Céline Marti

Pour contrer la pénurie de logement, l'Associatio­n des municipali­tés du NordOuest de l'Ontario (NOMA) propose une solution : que des terres de la Couronne au sein des limites munici‐ pales soient vendues à des promoteurs immobilier­s ou cédées aux municipali­tés.

Il s'agit d'une demande formulée lors de la conférence des Associatio­ns des munici‐ palités rurales de l’Ontario, te‐ nue à Toronto du 22 au 24 janvier dernier.

Wendy Landry, mairesse de Shuniah et présidente de NOMA, précise que, dans l’im‐ médiat, l’Associatio­n réclame que la province dresse l’inven‐ taire des terres de la Cou‐ ronne au sein des municipali‐ tés dans le Nord-Ouest de l'Ontario afin d’établir si elles peuvent être vendues à des promoteurs ou cédées aux municipali­tés.

Elle cite en exemple la ville de Red Lake où les terres de la Couronne se retrouvent au coeur de la ville.

Danny Whalen, président de la Fédération des munici‐ palités du Nord de l’Ontario, abonde dans le même sens, tout en reconnaiss­ant que ce sont les municipali­tés du Nord-Ouest qui sont davan‐ tage touchées par cette ques‐ tion.

Plusieurs communauté­s du Nord sont entourées par les terres de la Couronne, des terres qui constituen­t pour elles la seule opportunit­é de s’étendre et de se développer, affirme-t-il par courriel.

L’exemple de Sioux Loo‐ kout

Le maire de Sioux Loo‐ kout, Doug Lawrance, sou‐ haite ardemment que le mi‐ nistère des Richesses natu‐ relles et des Forêts cède des terres à la ville.

On pourrait penser que nous disposons de beaucoup de terre dans nos municipali‐ tés, mais les égouts, les canali‐ sations se butent rapidement à notre aéroport, au substrat rocheux, aux lacs, aux milieux humides ou aux terres de la Couronne.

Doug Lawrance, maire de Sioux Lookout

Au sujet de l’importante pénurie de logements qui frappe sa communauté, M. Lawrance exhorte le minis‐ tère à vendre ou à céder une partie de ses terres afin de rendre possible la construc‐ tion de nouveaux logements, notamment des condomi‐ niums pour loger le personnel médical.

Nous ne parvenons pas à faire venir des médecins ici, parce qu'ils n’ont nulle part où vivre.

Doug Lawrance, maire de Sioux Lookout

Mme Landry évoque plu‐ tôt le besoin de construire da‐ vantage de nouveaux loge‐ ments à prix abordables pour accueillir les membres des Premières Nations.

Les membres des Pre‐ mières Nations bénéficier­ont aussi du développem­ent des terres de la Couronne au sein des municipali­tés, car beau‐ coup d’entre eux déménagent au sein de nos municipali­tés et nous ne parvenons pas à leur fournir de logements, af‐ firme-t-elle.

Construire, oui, mais pas à n’importe quel prix

Attention, prévient Brigitte

Leblon, doyenne à la faculté de gestion de ressources na‐ turelles à l’Université de Lake‐ head qui préconise un déve‐ loppement plutôt axé sur la densificat­ion urbaine et la vé‐ gétalisati­on des espaces ur‐ bains.

Les municipali­tés, elles ont aussi le droit d’avoir accès aux terres de la couronne comme tout le monde. Mais attention aux changement­s clima‐ tiques. On [ne] peut plus igno‐ rer ça.

Elle cite Thunder Bay comme contre-modèle, no‐ tamment à cause de l’impor‐ tant étalement urbain qui rend la voiture essentiell­e aux déplacemen­ts.

Il faut vraiment réfléchir à faire un bon plan d'aménage‐ ment avant de [...] se lancer comme ça, tête baissée, sur une coupe du bois, et puis mettre [...] des maisons sur ces espaces-là. Il faut voir vrai‐ ment si c'est [...] adéquat.

Brigitte Leblon, doyenne à la faculté de gestion de res‐ sources naturelles à l’Universi‐ té de Lakehead

Bien sûr, concède, Mme Landry, lorsque ques‐ tionnée sur cet aspect. Nous en sommes très conscients [des préoccupat­ions environ‐ nementales]. Plusieurs de nos municipali­tés possèdent déjà des espaces verts [...] On ne veut pas s’en débarrasse­r et tout développer.

La demande de NOMA au‐ près du ministère des Ri‐ chesses naturelles et des Fo‐ rêts est justifiée, selon Mme Landry, afin de s’atta‐ quer au sans-abrisme, comme indiqué dans le projet de loi 23 visant à accélérer la constructi­on de plus de loge‐ ments.

metière au niveau de la rue Wellington. C’est inacceptab­le, dit-il.

La rue Wellington, c’était une rue active pratiqueme­nt du matin au soir. Tous les tou‐ ristes, les gens, aimaient voir le trafic qu'il y avait là, c’était intéressan­t.

Claude Bonnet, proprié‐ taire du Moulin de Provence

Kevin McHale, directeur général de Zone d’améliora‐ tion commercial­e (ZAC) de la rue Sparks abonde dans le même sens. Il est d’avis que l’élargissem­ent de la Cité par‐ lementaire ne devrait pas se faire au détriment de la quali‐ té de vie des commerçant­s et des résidents du secteur.

Il redoute qu'une circula‐ tion déviée en raison de la fer‐ meture de la rue Wellington puisse avoir des répercus‐ sions négatives sur le plan commercial et de la vie ur‐ baine au centre-ville.

Le directeur général de ZAC de la rue Sparks ajoute qu’il craint que cette mesure contribue à installer une confusion quant aux juridic‐ tions des différents services de polices et de sécurité impli‐ qués aux abords du parle‐ ment.

Si les pouvoirs de la Gen‐ darmerie royale du Canada ou du Service de protection parlementa­ire sont élargis avec la Cité parlementa­ire [pour inclure une partie de la rue Wellington], qui est res‐ ponsable dans le cas où une personne se fait agresser ou une personne est en crise dans la rue? Qui doit-on appe‐ ler? Car on a vu dans le passé des cas où des agents de la sécurité fédérale ont ignoré des situations de vols dans des commerces, par exemple, ou des personnes blessées. C’est définitive­ment une pré‐ occupation. [...] Si on pousse pour plus de sécurité au sud de la colline du Parlement, la priorité sera la colline du Par‐ lement et non les résidents qui utilisent l’espace, craint-il.

Pour l’ancien sous-com‐ missaire adjoint à la Gendar‐ merie royale du Canada (GRC), Pierre-Yves Bourduas, l’enjeu prioritair­e dans ce dos‐ sier n’est pas de savoir si on doit élargir ou non la Cité par‐ lementaire, mais l’élaboratio­n d’un protocole clair et flexible, adapté à toutes les situations, selon le niveau de risque, afin d’éviter qu’un scénario comme le blocage de 2022 ne se reproduise.

Je crois qu’il faut éviter d’y aller à l’extrême en disant qu’on ferme complèteme­nt la rue Wellington [...] Mais si, par exemple, on a des événe‐ ments avec un potentiel de violence ou d’occupation, à ce moment-là, la rue Wellington ne doit pas être accessible à tous.

Pierre-Yves Bourduas, an‐ cien sous-commissair­e adjoint à la GRC

Je pense que ce que l’occu‐ pation a démontré, c’est qu’on ne doit pas nécessaire‐ ment élargir la Cité parlemen‐ taire comme telle, mais il doit y avoir un protocole de mis en place à savoir : les gens doivent avoir accès aux insti‐ tutions démocratiq­ues, telles que le parlement, mais dans quel contexte est-ce que cette accessibil­ité-là doit être per‐ mise? C’est cette discussion-là qui doit avoir lieu au niveau des élus et des responsabl­es de la sécurité, croit M. Bour‐ duas.

Près de trois mois après le dépôt du rapport du comité parlementa­ire, le gouverne‐ ment Trudeau reste muet sur sa volonté de suivre ou non les recommanda­tions. Il de‐ vrait cependant briser le si‐ lence d’ici la fin du printemps.

Avec les informatio­ns de Patrick Foucault et de Charles Lalande

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