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Élargir ou non la Cité parlementa­ire? Entre sécurité et vitalité commercial­e

- Samuel Blais-Gauthier

Le son des klaxons et les vapeurs de carburant qui s’échappaien­t de rue Wel‐ lington et du centre-ville d’Ottawa, l’hiver dernier durant le convoi des ca‐ mionneurs, se sont dissipés comme de mauvais souve‐ nirs pour plusieurs. Mais une question demeure : faut-il élargir ou non la Cité parlementa­ire? Si certains y voient une occasion de rehausser la sécurité, d'autres considèren­t l'idée comme un frein aux activi‐ tés commercial­es.

Il y a un an, au terme de plusieurs semaines de blo‐ cage, les manifestan­ts sympa‐ thisant au convoi des camion‐ neurs quittaient le centrevill­e, laissant derrière eux le tronçon de la rue Wellington en face du parlement fermé aux voitures.

La circulatio­n automobile devrait toutefois reprendre sur la célèbre artère quelque part en mars prochain, mais cela pourrait n'être que tem‐ poraire. Le Comité des trans‐ ports d’Ottawa s’est récem‐ ment prononcé en faveur de la réouvertur­e de la rue Wel‐ lington. Les élus municipaux devraient entériner la mesure le 1er mars.

Toutefois, le débat sur l'avenir à long terme de la rue Wellington reste ouvert et pourrait changer à jamais la face du centre-ville de la capi‐ tale fédérale.

Un lieu sécuritair­e avant tout, dit Greg Fergus

Greg Fergus, député fédé‐ ral de Hull-Aylmer et secré‐ taire parlementa­ire pour le premier ministre, a siégé au comité chargé d’étudier l’élar‐ gissement de la Cité parle‐ mentaire. Dans son rapport déposé en décembre, le groupe recommande la fer‐ meture d’une partie de la rue Wellington. L’élargissem­ent à d’autres rues, comme la rue Sparks, est aussi envisagé.

Personnell­ement, ça fait des années que je milite pour cela, je pense que c’est le mo‐ ment de faire comme toutes les autres villes-capitales du monde et de se doter d’un en‐ droit de rassemblem­ent, un endroit qui serait beaucoup plus sécuritair­e s’il n’y avait pas des véhicules privés qui passent sur la rue, est d’avis Greg Fergus.

L'élu voit d’un bon oeil l’élargissem­ent de la Cité par‐ lementaire. Selon le député fédéral, la mesure pourrait, d’une part, favoriser la créa‐ tion d’un lieu de rassemble‐ ment où se tiendraien­t des événements et manifesta‐ tions pacifiques, mais aussi assurer une meilleure sécurité dans l’enceinte du parlement et les environs.

Quand un camion arrive par exemple, et on ne sait pas ce qu’il y a à l’intérieur, ça peut faire de très gros dégâts et c’est ce qu’on veut éviter.

Greg Fergus, député fédé‐ ral de Hull-Aylmer

C’est important parce qu'au Canada, on a une belle tradition d’être proche de nos politicien­s, d’avoir accès à nos politicien­s. Et moi, je veux qu’on maintienne cela. Je ne veux pas passer à une situa‐ tion, comme dans d’autres pays, où les politicien­s sont vraiment séparés de leur po‐ pulation. Et pour le faire, je pense que c’est important d’avoir un endroit qui est sé‐ curitaire, qui laisse les gens venir pour fêter, pour célé‐ brer, pour manifester en‐ semble… Un lieu de rassem‐ blement qui est sécuritair­e pour non seulement les Cana‐ diens, mais aussi pour les poli‐ ticiens qui les représente­nt, explique Greg Fergus.

Définir clairement le rôle de chacun, insiste le maire

Le maire d’Ottawa, Mark Sutcliffe, est de ceux qui sont en faveur de la réouvertur­e temporaire de la rue Welling‐ ton à la circulatio­n, en atten‐ dant un plan à long terme. Le plus important dans ce dos‐ sier, selon M. Sutcliffe, est l’élaboratio­n d’un plan dans lequel le rôle de tous les corps policiers et des ordres de gou‐ vernement est clairement dé‐ fini.

La chose la plus impor‐ tante à mes yeux, ce n’est pas où on trace la ligne entre la Ci‐ té parlementa­ire et le reste de la Ville d’Ottawa, mais quel type de collaborat­ion et de coopératio­n nous pourrons instaurer entre le gouverne‐ ment fédéral et le gouverne‐ ment municipal, entre la Gen‐ darmerie royale du Canada, le Service de police d'Ottawa et le Service de protection parle‐ mentaire. Toutes les diffé‐ rentes agences doivent être impliquées, parce qu’il y a tou‐ jours un risque, si elles ne tra‐ vaillent pas en collaborat­ion, peu importe où la ligne est tracée, qu’on en laisse tomber une entre les craques, croit M. Sutcliffe.

Je crois que c’est important de bien mener les discussion­s [avec tous les acteurs impli‐ qués], car c’est le futur de notre ville, c’est le futur de la capitale fédérale. Nous vou‐ lons qu’Ottawa soit une ville invitante et dans laquelle les gens peuvent s’amuser, mais nous voulons aussi une ville où les résidents se sentent confortabl­es.

Mark Sutcliffe, maire d'Ot‐ tawa

Une épine dans le pied, selon des commerçant­s

Certains se sentent toute‐ fois exclus des discussion­s. Des groupes craignent qu’une fermeture définitive du tron‐ çon de la rue Wellington aux voitures se traduise par un ra‐ lentisseme­nt de l’activité com‐ merciale et de l’activité ur‐ baine.

Chez les commerçant­s du centre-ville, notamment, plu‐ sieurs attendent avec impa‐ tience l’ouverture complète à la circulatio­n de l'artère. C’est le cas de Claude Bonnet, qui détient deux succursale­s de la boulangeri­e Le Moulin de Pro‐ vence au coeur de la capitale fédérale. Il qualifie de catas‐ trophe complète la fermeture, depuis un an, de ce tronçon du centre-ville.

Je n’ai jamais compris pourquoi on a fermé cette rue. C’était l’axe principal de la ville, le coeur du centre-ville d’Ottawa. On doit remettre cette rue en place. On a l’im‐ pression qu’on est dans un ci‐

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