Élargir ou non la Cité parlementaire? Entre sécurité et vitalité commerciale
Le son des klaxons et les vapeurs de carburant qui s’échappaient de rue Wel‐ lington et du centre-ville d’Ottawa, l’hiver dernier durant le convoi des ca‐ mionneurs, se sont dissipés comme de mauvais souve‐ nirs pour plusieurs. Mais une question demeure : faut-il élargir ou non la Cité parlementaire? Si certains y voient une occasion de rehausser la sécurité, d'autres considèrent l'idée comme un frein aux activi‐ tés commerciales.
Il y a un an, au terme de plusieurs semaines de blo‐ cage, les manifestants sympa‐ thisant au convoi des camion‐ neurs quittaient le centreville, laissant derrière eux le tronçon de la rue Wellington en face du parlement fermé aux voitures.
La circulation automobile devrait toutefois reprendre sur la célèbre artère quelque part en mars prochain, mais cela pourrait n'être que tem‐ poraire. Le Comité des trans‐ ports d’Ottawa s’est récem‐ ment prononcé en faveur de la réouverture de la rue Wel‐ lington. Les élus municipaux devraient entériner la mesure le 1er mars.
Toutefois, le débat sur l'avenir à long terme de la rue Wellington reste ouvert et pourrait changer à jamais la face du centre-ville de la capi‐ tale fédérale.
Un lieu sécuritaire avant tout, dit Greg Fergus
Greg Fergus, député fédé‐ ral de Hull-Aylmer et secré‐ taire parlementaire pour le premier ministre, a siégé au comité chargé d’étudier l’élar‐ gissement de la Cité parle‐ mentaire. Dans son rapport déposé en décembre, le groupe recommande la fer‐ meture d’une partie de la rue Wellington. L’élargissement à d’autres rues, comme la rue Sparks, est aussi envisagé.
Personnellement, ça fait des années que je milite pour cela, je pense que c’est le mo‐ ment de faire comme toutes les autres villes-capitales du monde et de se doter d’un en‐ droit de rassemblement, un endroit qui serait beaucoup plus sécuritaire s’il n’y avait pas des véhicules privés qui passent sur la rue, est d’avis Greg Fergus.
L'élu voit d’un bon oeil l’élargissement de la Cité par‐ lementaire. Selon le député fédéral, la mesure pourrait, d’une part, favoriser la créa‐ tion d’un lieu de rassemble‐ ment où se tiendraient des événements et manifesta‐ tions pacifiques, mais aussi assurer une meilleure sécurité dans l’enceinte du parlement et les environs.
Quand un camion arrive par exemple, et on ne sait pas ce qu’il y a à l’intérieur, ça peut faire de très gros dégâts et c’est ce qu’on veut éviter.
Greg Fergus, député fédé‐ ral de Hull-Aylmer
C’est important parce qu'au Canada, on a une belle tradition d’être proche de nos politiciens, d’avoir accès à nos politiciens. Et moi, je veux qu’on maintienne cela. Je ne veux pas passer à une situa‐ tion, comme dans d’autres pays, où les politiciens sont vraiment séparés de leur po‐ pulation. Et pour le faire, je pense que c’est important d’avoir un endroit qui est sé‐ curitaire, qui laisse les gens venir pour fêter, pour célé‐ brer, pour manifester en‐ semble… Un lieu de rassem‐ blement qui est sécuritaire pour non seulement les Cana‐ diens, mais aussi pour les poli‐ ticiens qui les représentent, explique Greg Fergus.
Définir clairement le rôle de chacun, insiste le maire
Le maire d’Ottawa, Mark Sutcliffe, est de ceux qui sont en faveur de la réouverture temporaire de la rue Welling‐ ton à la circulation, en atten‐ dant un plan à long terme. Le plus important dans ce dos‐ sier, selon M. Sutcliffe, est l’élaboration d’un plan dans lequel le rôle de tous les corps policiers et des ordres de gou‐ vernement est clairement dé‐ fini.
La chose la plus impor‐ tante à mes yeux, ce n’est pas où on trace la ligne entre la Ci‐ té parlementaire et le reste de la Ville d’Ottawa, mais quel type de collaboration et de coopération nous pourrons instaurer entre le gouverne‐ ment fédéral et le gouverne‐ ment municipal, entre la Gen‐ darmerie royale du Canada, le Service de police d'Ottawa et le Service de protection parle‐ mentaire. Toutes les diffé‐ rentes agences doivent être impliquées, parce qu’il y a tou‐ jours un risque, si elles ne tra‐ vaillent pas en collaboration, peu importe où la ligne est tracée, qu’on en laisse tomber une entre les craques, croit M. Sutcliffe.
Je crois que c’est important de bien mener les discussions [avec tous les acteurs impli‐ qués], car c’est le futur de notre ville, c’est le futur de la capitale fédérale. Nous vou‐ lons qu’Ottawa soit une ville invitante et dans laquelle les gens peuvent s’amuser, mais nous voulons aussi une ville où les résidents se sentent confortables.
Mark Sutcliffe, maire d'Ot‐ tawa
Une épine dans le pied, selon des commerçants
Certains se sentent toute‐ fois exclus des discussions. Des groupes craignent qu’une fermeture définitive du tron‐ çon de la rue Wellington aux voitures se traduise par un ra‐ lentissement de l’activité com‐ merciale et de l’activité ur‐ baine.
Chez les commerçants du centre-ville, notamment, plu‐ sieurs attendent avec impa‐ tience l’ouverture complète à la circulation de l'artère. C’est le cas de Claude Bonnet, qui détient deux succursales de la boulangerie Le Moulin de Pro‐ vence au coeur de la capitale fédérale. Il qualifie de catas‐ trophe complète la fermeture, depuis un an, de ce tronçon du centre-ville.
Je n’ai jamais compris pourquoi on a fermé cette rue. C’était l’axe principal de la ville, le coeur du centre-ville d’Ottawa. On doit remettre cette rue en place. On a l’im‐ pression qu’on est dans un ci‐