La discussion d’homme à homme de Mickaël Bergeron
Mickaël Bergeron veut bri‐ ser le mythe selon lequel « un gars, c’est un gars ». Avec son essai Cocorico :
les gars, faut qu’on se parle, à paraître mardi,
l’auteur et chroniqueur in‐ vite les hommes à re‐ mettre en question leur définition de la masculini‐ té, afin de tendre vers une société plus juste, équi‐ table et saine.
Fini, le temps où les hommes devaient être virils pour briller en société, un trait de caractère souvent associé au courage, ou encore au fait d’être entreprenant. Révolue, aussi, l’époque des blagues sexistes, des avances insis‐ tantes, voire harcelantes, et des amours jaloux.
Ce changement d’ère est possible, selon l’auteur de La vie en gros et de Tombée mé‐ diatique, à condition que les hommes acceptent de se prê‐ ter à un rigoureux travail d’in‐ trospection, et à faire preuve de leadership les uns envers les autres.
C’est d’ailleurs exactement ce que Mickaël Bergeron tente de faire. Il estime que les femmes font déjà ample‐ ment leur part dans le com‐ bat féministe, et il n’a certai‐ nement pas l’intention de leur dire comment mener leur lutte. Il dédie donc son essai aux hommes.
On peut se défaire des blagues sexistes. Elles ne sont pas obligatoires. Tout repose entre nos mains, a soutenu l’auteur à l'émission Tout le monde en parle, dimanche. Même chose pour les incon‐ duites et agressions sexuelles en tout genre.
Ça devrait préoccuper tout le monde de savoir qu’on est une société où on tolère, et même des fois on encourage, des comportements qui font que des pères ont peur pour leur fille, a-t-il dit.
Des stéréotypes bien en‐ racinés
Avec son essai, Mickaël Bergeron veut déconstruire les stéréotypes masculins, qui emprisonnent les hommes et nuisent aux femmes, selon lui. Il mesure toutefois l’ampleur de la tâche : partout autour de lui, il observe des clichés de genre bien enracinés.
Au banc des accusés, on retrouve les centaines de co‐ médies romantiques qui mettent en scène des hommes faisant la cour à une flamme désintéressée, les chansons qui font l’éloge de la jalousie et du voyeurisme, ou encore les jouets pour en‐ fants genrés à outrance.
Quand on va dans une boutique de linge, les vête‐ ments pour garçons vont avoir des thématiques d’aven‐ ture, de sport, et du côté des filles, de licornes et de prin‐ cesses. Pourquoi?, a-t-il de‐ mandé.
Moi, je doute que si une petite fille et un petit gars grandissent dans la jungle, de manière naturelle, le petit gars va choisir le camion Ton‐ ka, et la fille la princesse ou la poupée, a-t-il ajouté.
Chaque garçon et chaque fille devraient pouvoir s’expri‐ mer de la façon dont il et elle ont envie.
Mickaël Bergeron
Les chansons sous la loupe
Et que dire des chansons You’re Beautiful, de James Blunt, pour qui un échange de sourire avec une femme vire à l’obsession, et Jealous Man de John Lennon, qui chante les excuses d’un homme jaloux, se demande Mickaël Berge‐ ron.
À force de toujours chan‐ teur que l’amour nous rend fou, et que l’amour nous fait faire n’importe quoi, et qu’au nom de l’amour, c’est correct, je pense que ça crée des dis‐ torsions dans notre vision de l’amour et dans notre vision du romantisme, croit-il.
Sans faire appel au boycot‐ tage de La Chicane et de Kaïn, deux groupes cités dans un chapitre de l’essai consacré à la musique perpétuant le sexisme, l’auteur souligne l’omniprésence de certains stéréotypes de genre dans la musique populaire, et invite le public à remettre en question ce phénomène.
L’essai Cocorico : les gars, faut qu’on se parle de Mickaël Bergeron paraît mardi aux Éditions Somme toute. Il s’agit du troisième livre de l’auteur, qui est aussi chroniqueur au journal La Tribune.
Ce texte à été écrit à partir d’une entrevue de Guy A. Le‐ page, animateur de l’émission Tout le monde en parle.