Froid extrême : Hydro-Québec prévoit une demande d’électricité jamais vue
Hydro-Québec se prépare à faire face à un record de demande d'électricité, audelà des 41 000 mégawatts (MW), vendredi et samedi, a appris Radio-Canada. C'est un défi de plus pour la société d'État, déjà au coeur d'intenses débats po‐ litiques au sujet de sa gou‐ vernance.
Selon nos sources, HydroQuébec est à la veille d'affron‐ ter la plus grosse pointe hiver‐ nale de son existence. C'est une pointe historique, décrit une cadre de la société d'État.
Environnement Canada a publié des bulletins spéciaux et des avertissements de froid extrême pour plusieurs ré‐ gions du Québec. Les tempé‐ ratures vont descendre jus‐ qu'à -29 °C à Montréal et -30 °C à Saguenay.
Notre réseau va être extrê‐ mement sollicité.
Une cadre d'Hydro-Qué‐ bec
Des communications in‐ ternes que nous avons obte‐ nues révèlent que la diffé‐ rence anticipée entre la de‐ mande et la production affi‐ chera un « déficit » de 4500 MW pour vendredi et également pour samedi. La société d'État prévoit donc ré‐ duire ses lucratives ventes à l'exportation et parallèlement importer de l'électricité à fort prix.
Sans le confirmer, le porteparole Francis Labbé indique que ce sont les outils habi‐ tuels à notre disposition quand, quelques heures dans un hiver, notre bilan est plus serré.
Nous réduirons nos expor‐ tations (tout en respectant nos engagements fermes) ou pourrons importer des mar‐ chés voisins.
Francis Labbé, porte-pa‐ role d'Hydro-Québec
En janvier 2022, HydroQuébec avait déjà battu un précédent record avec 40 380 MW de consomma‐ tion. Elle avait dû importer 2000 MW de l'Ontario et de l'État de New York.
Des clients d'affaires ré‐ duiront leur consomma‐ tion
Aussi, nous avons appris qu'un appel a été fait à cer‐ taines entreprises pour dimi‐ nuer leur consommation d'électricité durant les heures critiques. Par exemple, la sta‐ tion de ski de Mont SainteAnne
a annoncé qu'elle ouvri‐ rait plus tard le matin pour ré‐ pondre à un appel de réduc‐ tion de puissance d'HydroQuébec.
Le Programme Gestion de la demande de puissance in‐ cite les PME, commerces et institutions à réduire la de‐ mande de puissance de leurs bâtiments pendant les heures de pointe. En échange, HydroQuébec leur verse une com‐ pensation.
Un appel à l'effort des ci‐ toyens ?
Lors de la pointe du 21 jan‐ vier 2022, Hydro-Québec avait demandé aux Québécois de réduire autant que possible leur consommation. On peut s'attendre à ce qu'un appel semblable soit fait, mais la so‐ ciété d'État ne le confirme pas.
La porte-parole Francis Labbé évoque simplement la possibilité de demander la collaboration de clients indus‐ triels grands consommateurs, lancer des défis Hilo ou faire appel aux abonnés de la tarifi‐ cation dynamique.
La moitié de la consomma‐ tion d'électricité des Québé‐ cois vient du chauffage. Et 80 % des résidences du Qué‐ bec sont chauffées à l’électrici‐ té.
Hydro-Québec essaie de maximiser l'utilisation de ses turbines
Avec cette pointe record, chaque mégawatt va comp‐ ter, témoigne une de nos sources, en référence à l'en‐ quête de Radio-Canada qui révélait mercredi que plu‐ sieurs centrales ne sont pas exploitées à leur plein poten‐ tiel.
Dans la foulée du repor‐ tage, Hydro-Québec nous a indiqué que la centrale de La Trenche vient d'être remise en pleine production, une pre‐ mière depuis octobre 2020. Aussi, Hydro-Québec nous apprend que d’ici vendredi matin, nous aurons ramené plusieurs groupes turbine-al‐ ternateur qui étaient en en‐ tretien ponctuel, dans les cen‐ trales de Shawinigan et Les Cèdres.
En revanche, le retour de la pleine puissance de la cen‐ trale LG-1 n'arrivera pas à temps pour la pointe histo‐ rique (116 MW perdus), tout comme les bris à la grande centrale Robert-Bourassa ne seront pas réparés assez rapi‐ dement. Ça retranche 700 MW pour les pires jour‐ nées à venir, explique une cadre.
Une demande toujours plus grande, année après année
Au-delà du froid, le fait qu'on s'apprête à battre un nouveau record s'explique aussi par la croissance de la population et par l'électrifica‐ tion des transports et de l'économie, explique le direc‐ teur scientifique de l'Institut de l'énergie Trottier à Poly‐ technique Montréal, Nor‐ mand Mousseau.
On s'électrifie plus, on a plus de maisons, mais aussi, on sort le gaz naturel et les combustibles fossiles pour mettre de l'électricité. Tout ça fait une augmentation de la demande.
Normand Mousseau, di‐ recteur scientifique de l'Insti‐ tut de l'énergie Trottier à Poly‐ technique Montréal
Le physicien regrette que le Québec ne se résout pas à