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Les syndicats albertains sortent le chéquier pour vaincre Danielle Smith

- Audrey Neveu

Pendant que les appuis fi‐ nanciers des groupes alliés avec le Nouveau Parti dé‐ mocratique (NPD) alber‐ tain se maintienne­nt, ceux de la droite albertaine ont considérab­lement chuté en 2022.

En Alberta, il est interdit aux syndicats et aux entre‐ prises de faire des dons aux partis et aux candidats poli‐ tiques, mais ils peuvent se ra‐ battre sur les tiers partis an‐ nonceurs (TPA). Tandis que la limite des contributi­ons aux partis et candidats est de 4 300 $ par personne par an‐ née, celle pour les TPA est de 30 000 $.

Les TPA peuvent dépenser cet argent pour faire la pro‐ motion ou s’opposer à un parti ou un candidat poli‐ tique.

Au cours de la dernière an‐ née, les syndicats des ambu‐ lanciers, des infirmière­s, de la Gendarmeri­e royale du Cana‐ da et de la Fédération des tra‐ vailleurs de l'Alberta ont récol‐ té environ 2,3 millions de dol‐ lars. L’Associatio­n des sciences de la santé de l’Alberta (HSAA), le syndicat représen‐ tant des ambulancie­rs et d’autres profession­nels de la santé dispose à lui seul de 1,5 M$.

C’est trois fois et demie les 650 000 $ que les tiers partis annonceurs de la droite alber‐ taine ont récolté en 2022.

Cette différence de finan‐ cement est frappante, alors qu’en 2018, autre année pré‐ électorale, la gauche avait amassé autant d’argent, mais que la droite bénéficiai­t plu‐ tôt de 1,75 million de dollars.

Avoir le vent dans les voiles

En 2018, la droite alber‐ taine était galvanisée par l'union entre le Parti progres‐ siste-conservate­ur et le Parti Wildrose, déterminée à délo‐ ger le Nouveau Parti démo‐ cratique (NPD) du pouvoir.

De 2020 à 2022, c’est plutôt le NPD et la gauche qui ont eu le vent dans les voiles, bénéfi‐ ciant de l’impopulari­té du gouverneme­nt Kenney, en guerre contre les médecins en pleine pandémie.

Le NPD trônait au sommet des sondages et il a engrangé des sommes records, bien plus que le Parti conservate­ur uni (PCU). Cette dynamique s’est reflétée dans le finance‐ ment des tiers partis annon‐ ceurs qui le soutiennen­t.

La course à la chefferie du PCU, de mai à octobre 2022, semble toutefois lui avoir re‐ donné un élan. Les TPA de droite ont reçu leurs plus im‐ portantes sommes à la fin de l’année, signe que l’élection de

Danielle Smith leur a redonné un nouveau souffle.

Le PCU affirme aussi avoir amassé 10,8 M$ en 2022, dont 3,8 M$ par ses candidats à la chefferie, des chiffres qui se‐ ront confirmés prochaine‐ ment par Élections Alberta.

Il est possible que la course à la chefferie ait dirigé le financemen­t vers les coffres du Parti conservate­ur uni, plutôt que vers ceux des tiers partis annonceurs.

Cela pourrait être avanta‐ geux pour le PCU, car les par‐ tis politiques peuvent dépen‐ ser ce qu’ils veulent d’ici au déclenchem­ent de la cam‐ pagne électorale et 3,2 M$ du‐ rant celle-ci. Les TPA, eux, sont limités à 318 400 $ d’ici à l’élection du 29 mai.

Il ne faudrait donc pas voir la force financière des TPA de gauche par rapport à ceux de droite comme un signe d’une victoire néo-démocrate facile. C’est le parti qui saura offrir la vision la plus attrayante qui l’emportera en mai.

Le message sera tout aussi important, sinon plus, que le budget pour le propager.

La force d’un mouve‐ ment intraparti­san

Un mot sur Take Back Al‐ berta, cette organisati­on de la base militante conservatr­ice plutôt libertarie­nne. Celle-ci a donné l’impression en 2022 d’être devenue une force poli‐ tique, s’attribuant le crédit de la démission du premier mi‐ nistre Jason Kenney et l’élec‐ tion de sa successeur­e Da‐ nielle Smith.

L’organisati­on, qui affirme avoir une dizaine de milliers de membres, a lancé à l’au‐ tomne une campagne de fi‐ nancement importante.

Or, Take Back Alberta n’a récolté que 22 309 $ l’an der‐ nier, dont près de 13 000 $ ve‐ nant de son fondateur Da‐ vid Parker, selon Élections Al‐ berta.

Il semble que la force de Take Back Alberta soit moins d’amasser des fonds que de mobiliser ses membres.

Ceux-ci ont démontré leur engagement en rejetant mas‐ sivement Jason Kenney lors de son vote de confiance ce printemps, en votant en bloc pour Danielle Smith dans la chefferie conservatr­ice et en faisant élire leurs membres à tous les postes ouverts du conseil d’administra­tion du PCU cet automne.

En politique, l’argent, ce n’est pas tout, la mobilisati­on vaut aussi son pesant d’or.

Voilà pourquoi Da‐ nielle Smith continue de cour‐ tiser cette base militante, au risque de déplaire à un plus grand électorat.

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