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La Piaule réclame le droit d’emménager dans son nouveau lieu d’hébergemen­t pour itinérants

- Marc-André Landry

La population itinérante de Val-d’Or n’a plus accès à deux sites d’hébergemen­t, depuis mercredi soir.

La Piaule de Val-d’Or a choisi de fermer son site de débordemen­t, situé à l’église Saint-Sauveur, avant de pou‐ voir déménager les opéra‐ tions dans l’ancien SuperClub Vidéotron.

Des travaux sont en cours dans cet édifice depuis l’au‐ tomne dernier, mais il est in‐ terdit d’y héberger des itiné‐ rants tant que des gicleurs n’ont pas été installés, ce qui pourrait nécessiter encore deux ou trois mois.

Les dirigeants de La Piaule sont conscients que le site ne répond pas encore au Code du bâtiment, mais ils aime‐ raient obtenir une dérogation pour quelques semaines, le temps de se conformer aux règlements. Une manifesta‐ tion, regroupant quelques employés et bénévoles de La Piaule, a été organisée mer‐ credi soir, dans l’espoir de faire bouger les choses.

Nous avons formulé des demandes en décembre pour une dérogation temporaire parce que nous n’avons pas de contracteu­r disponible ra‐ pidement, mais ça a été refu‐ sé par le Service de sécurité incendie, explique Stéphane Grenier, président de La Piaule.

Pourtant, le sous-sol de l’église est aussi un lieu sans gicleur, mais c’est toléré parce que c’était une installati­on temporaire. Objectivem­ent, nous serions dans la même si‐ tuation au Vidéotron. C’est deux poids, deux mesures. Notre intention n’est pas d’être contrevena­nts, on veut juste que du monde ne dorme pas dans la rue. Mais on dirait que la sécurité prime sur le droit de dormir au chaud.

Stéphane Grenier Le président de La Piaule explique qu’il n’est plus pos‐ sible pour l’organisme d’assu‐ mer le coût de deux loyers en même temps, d’autant plus que les travaux de rénovation s’élèvent à plus de 145 000 $.

De continuer comme ça, ça compromett­rait la poursuite du projet, assure le président. L’organisme s’enligne vers un déficit de 97 000 $ cette an‐ née. Le C.A. a pris la décision d’arrêter ces frais. On ne peut pas compromett­re l’entièreté des services de La Piaule à long terme pour ça. On es‐ père ouvrir un dialogue avec les autorités ou que d’autres personnes vont trouver des solutions et une voie de pas‐ sage.

Une manifestat­ion qui surprend la mairesse

La mairesse de Val-d’Or, Céline Brindamour, ne cache pas sa surprise face à la déci‐ sion de la Piaule et à la mani‐ festation de mercredi soir. Elle dit comprendre le désarroi des dirigeants qui auraient souhaité que les travaux se terminent plus tôt, mais elle refuse que la Ville soit pointée du doigt.

C’était inévitable que ça prendrait des améliorati­ons dans ce local et la question des gicleurs est connue de‐ puis l’automne dernier, rap‐ pelle-t-elle. Mais on n’a pas le pouvoir de dire à quelqu’un qu’il peut déroger au Code du bâtiment du gouverneme­nt du Québec. On ne sait pas pourquoi on pense que le mé‐ chant, c’est la Ville. On ne veut pas que personne ne couche dans la rue, mais on ne veut pas non plus qu’un incendie se déclare dans un local où on aurait balayé du revers de la main les exigences.

La mairesse dit avoir discu‐ té dernièreme­nt de stratégies avec Stéphane Grenier. Elle assure aussi que la Ville va faire tout son possible pour éviter que des gens se re‐ trouvent dans la rue, ajoutant que le sous-sol de l’église Saint-Sauveur pourrait être utilisé gratuiteme­nt.

À ce sujet, Stéphane Gre‐ nier croit que le bâtiment principal de La Piaule pourra suffire à la demande au cours des prochains jours.

Les débuts de mois sont souvent moins achalandés dans nos services, mais à par‐ tir du 15, ça sera plus compli‐ qué. On risque d’avoir 15 per‐ sonnes avec juste un ciel sur la tête.

Stéphane Grenier

Employé à La Piaule de‐ puis 13 ans, Martin Gunn a déjà vécu l'enfer de la rue. Il rêve aujourd'hui qu'une solu‐ tion rapide soit trouvée pour assurer un toit sur la tête de tous les itinérants de Val-d'Or.

Je veux que ça bouge. À l'église, il n'y avait pas de gi‐ cleur. Quelle est la différence? Je suis confiant que ça va se régler, mais dans combien de temps? Il fait froid depuis une couple de jours et ça va durer encore. Ils ont besoin d’un toit. Je me suis déjà mis à leur place, à Montréal. Pour le comprendre, il faut l’avoir vé‐ cu. Ce n’est vraiment pas évident.

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