Radio-Canada Info

Transferts en santé : une nouvelle attente de Québec

- Christian Noël

Québec estime qu’Ottawa doit augmenter les trans‐ ferts en santé d’au moins 5 % par année pour soute‐ nir à long terme le coût ga‐ lopant des dépenses des provinces en santé.

C’est ce que laisse en‐ tendre le ministre des Fi‐ nances du Québec, Éric Gi‐ rard, à l’ouverture de la ren‐ contre avec ses homologues de partout du pays, qui se dé‐ roule vendredi à Toronto.

En entrevue à Radio-Cana‐ da, le ministre Girard indique qu’une hausse annuelle de 5 % est un des indicateur­s sur lesquels s'appuient Québec et les provinces dans leurs négo‐ ciations avec le gouverne‐ ment fédéral.

Il y a les montants, il y a les conditions et il y a aussi le taux de croissance par année qui est important, explique Éric Girard. Les dépenses en santé des provinces aug‐ mentent au minimum de 5 % par année, quand on regarde les nouvelles technologi­es et le vieillisse­ment de la popula‐ tion.

Si le financemen­t d’Ottawa n’augmente que de 3 ou 4 % par année, les provinces se re‐ trouveront rapidement avec un manque à gagner, selon lui.

En bas du 5 %, estime le ministre, ça implique que la part du fédéral va recommen‐ cer à diminuer avec le temps au lieu d’augmenter, ce qui placerait le système de santé dans une situation encore plus précaire.

En 2004, le gouverneme­nt libéral de Paul Martin avait négocié avec les provinces des hausses annuelles mini‐ males de 6 % pendant 10 ans. Le premier ministre conserva‐ teur Stephen Harper avait ré‐ duit unilatéral­ement ce seuil à 3 % par année. Justin Trudeau n’a pas ajusté cet escalier de‐ puis qu’il est arrivé au pou‐ voir.

Les provinces réclament l’équivalent de 28 à 30 mil‐ liards de dollars en transfert en santé, afin qu’Ottawa aug‐ mente de 22 % à 35 % sa part de toutes les dépenses en santé au pays.

Ottawa diminue les at‐ tentes

La rencontre des ministres des Finances servira à mettre la table pour la réunion des premiers ministres des pro‐ vinces avec Justin Trudeau mardi prochain à Ottawa.

Mais au bureau de la mi‐ nistre fédérale des Finances Chrystia Freeland, on cherche à diminuer les attentes des provinces.

Il ne faut pas s’attendre à un développem­ent majeur sur la question vendredi, confie une source fédérale, il faudra attendre la rencontre des premiers ministres.

Cette personne ajoute que la ministre Freeland aura éga‐ lement un message pour ses homologues des provinces : le paysage fiscal a changé, un ra‐ lentisseme­nt économique est à nos portes et Ottawa n’a pas une aussi bonne marge de manoeuvre budgétaire que certaines provinces.

Plusieurs provinces ont des surplus budgétaire­s et ont choisi d’envoyer des chèques ou de diminuer les impôts des contribuab­les. Si elles sont capables de faire ce‐ la, elles peuvent aussi réinves‐ tir en santé, poursuit cette source fédérale.

Les transferts en santé ne seront qu’une petite portion des discussion­s, avertit Otta‐ wa, de nombreux autres dos‐ siers sont à l’ordre du jour.

Récession, relance et concurrenc­e avec les ÉtatsUnis

Les risques d’une réces‐ sion ou d’un ralentisse­ment économique seront au coeur des discussion­s des ministres des Finances. Ils recevront no‐ tamment un exposé de la si‐ tuation présenté par le gou‐ verneur de la Banque du Ca‐ nada, Tiff Macklem, en mijournée.

Chrystia Freeland donnera aussi à ses homologues un avant-goût de ce que le Cana‐ da compte faire dans le pro‐ chain budget afin de rester concurrent­iel avec les ÉtatsUnis, face aux investisse‐ ments massifs de 500 mil‐ liards de dollars que prévoit l’administra­tion Biden dans son programme de lutte contre l’inflation, l’Inflation Reduction Act.

Pour que les efforts du fé‐ déral soient efficaces, les pro‐ vinces devront aussi mettre la main à la pâte de la relance, prévient le bureau de Chrystia Freeland, afin que le Canada demeure concurrent­iel dans les secteurs-clés de l’écono‐ mie du 21e siècle, comme la fabricatio­n de voitures élec‐ triques et de leurs batteries.

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