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New York, la ville où il ne neige pas

- Frédéric Arnould

Habituelle­ment, à ce temps-ci de l’hiver, Central Park arbore fièrement son manteau blanc d’hiver. Mais pas cette année. En fait, c’est finalement le 1er février qu’est tombée la première trace mesu‐ rable de neige : un centi‐ mètre. Jamais la neige n’est arrivée aussi tard dans la métropole.

Le dernier record remonte à 1973, année où la première accumulati­on a été mesurée le 29 janvier au terme d'une disette de 326 jours.

Christophe­r Stachelski, responsabl­e du programme régional de services d'obser‐ vation et de climatolog­ie au National Weather Service pour la région de l’Est, est amusé : Nous avons battu le record de trois jours à peine, mais nous l'avons fait, et c'est remarquabl­e. Mais je pense que ce sera encore plus re‐ marquable de voir où nous en serons à la fin de la saison.

La magie de l’hiver est donc absente, mais rien pour empêcher les adeptes du pa‐ tin à glace qui ont répondu présent sur la patinoire du parc le plus fréquenté des États-Unis. Chaque année, quelque 42 millions de per‐ sonnes visitent ce « petit » joyau de 341 hectares, niché entre les quartiers Upper West Side et Upper East Side de Manhattan.

Cette absence de neige, Soledad Rodas, une ensei‐ gnante qui laisse ses jeunes élèves se défouler sur le ga‐ zon vert du parc, ne s’en plaint pas trop. En tant qu'en‐ seignante, il y a des moments où on aime autant qu’il n’y en ait pas, parce que les enfants sont très excités. C'est vrai que ça excite pas mal les en‐ fants, la neige. Moi, je préfère qu'il n’y ait pas de neige, parce que j'habite le New Jersey et c'est vrai qu’au niveau du transport, c'est pas toujours très facile.

Celle qui habite la région depuis 10 ans prend note des bouleverse­ments. Je pense que c'est la première année où on note un changement vraiment notable. Et c'est vrai qu'au niveau du climat, c'est un peu tout renversé, je dirais et c'est surtout c'est très hu‐ mide cette année.

Clarisa Alayeta, qui habite le Bronx, visite le parc aussi souvent qu’elle le peut, car elle aime son côté féérique. J'aime la neige parce qu’elle nous aide à nous détendre, à nous calmer. Mais je suis triste aussi, parce que je sais que c'est le réchauffem­ent cli‐ matique qui la fait disparaîtr­e.

Un réchauffem­ent cli‐ matique évident?

Le réchauffem­ent est évident dans le fait que l'îlot de chaleur à New York est bien développé depuis presque 100 ans maintenant, explique Chris Stachelski.

Cela est dû en grande par‐ tie au développem­ent de la ville de New York qui s'est ur‐ banisée à cette époque. Je di‐ rais que c'est plus évident au cours des 20 ou 30 dernières années, et je dirais même que cela pourrait remonter à 40 ou 50 ans. Mais, relativeme­nt parlant, la variance est proba‐ blement, pour moi, la plus grande chose que nous voyons en termes de ten‐ dances climatique­s, juste beaucoup d'extrêmes dans un sens ou dans l'autre.

Par exemple, cette année, le phénomène météorolo‐ gique La Niña a généraleme­nt tendance à favoriser moins de chutes de neige. Si vous reve‐ nez en arrière et regardez à la fin des années 1990, lorsque nous avons eu une période d'un des plus forts El Niño et La Niña, ajoute M. Stachelski, ces hivers étaient tous deux abyssaux en termes de chutes de neige. Vous étiez dehors pendant deux hivers de suite sans voir grandchose en termes de neige.

Une neige capricieus­e

Un peu plus au sud, Wa‐ shington a finalement subi une faible zone de basse pres‐ sion qui a laissé tomber une poussière neigeuse d'une poi‐ gnée de centimètre­s sur la ré‐ gion, tôt mercredi matin. Mais comme les températur­es de l'air et de la chaussée étaient généraleme­nt égales ou supé‐ rieures au point de congéla‐ tion, la neige s'est accumulée sur l'herbe, sur les voitures et sur certaines surfaces élevées, mais pas sur les routes.

Par contre, la variation ex‐ trême de cet hiver peut être observée dans une seule par‐ tie du nord de l'État de New York, soit à Syracuse, l'une des villes les plus enneigées d'Amérique. Habituelle­ment, elle reçoit une moyenne an‐ nuelle de plus de 304 centi‐ mètres de neige. Elle n'en a re‐ çu que 63 centimètre­s cet hi‐ ver. À Rochester, on a comp‐ tabilisé moins de 38 centi‐ mètres, alors que la moyenne est de 127 centimètre­s à cette époque de l'année.

À l’opposé du spectre, à l'ouest des deux villes, Buffalo connaît l'un des hivers les plus enneigés de ces 50 der‐ nières années. Rappelons qu’environ la moitié de la neige de cette saison est tom‐ bée au cours d'un seul bliz‐ zard meurtrier.

Jamais trop tard pour New York

À l’entrée de Central Park, Gareth, cocher depuis 20 ans à New York qui a vu des hi‐ vers de toutes sortes, de‐ meure philosophe. Parfois, la ville de New York a une moyenne de 20 pouces [50 centimètre­s, NDLR] de neige par an. Cela étant dit, vous pouvez avoir 20 pouces de neige en une seule chute de neige, alors que [durant] certaines années bizarres, on n'a pas de neige du tout. C'est comme ça, ici.

Imprévisib­ilité des change‐

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