Le Canada prêt à accentuer ses efforts en Haïti
Le Canada va profiter de sa présence à la réunion des pays membres de la Com‐ munauté des Caraïbes (CA‐ RICOM), la semaine pro‐ chaine, pour annoncer de nouvelles mesures afin de venir en aide à Haïti. Le premier ministre Justin Trudeau participe à la réunion des chefs de gou‐ vernement de la CARICOM les 15 et 16 février pour dis‐ cuter du soutien à la crise politique, sécuritaire et humanitaire qui perdure dans le pays.
La rencontre aura lieu à Nassau, aux Bahamas, et Jus‐ tin Trudeau y sera accompa‐ gné de l’ambassadeur cana‐ dien aux Nations unies (ONU), Bob Rae. Le premier ministre haïtien Ariel Henry participera également à la réunion, mais le bureau de M. Trudeau ne confirme pas s'il y aura une rencontre bilatérale entre les deux hommes.
L’objectif de la réunion est de mieux coordonner l’aide humanitaire et militaire dé‐ ployée dans l’île des Antilles, plongée dans une crise depuis l’assassinat de Jovenel Moïse, alors président, en juillet 2021.
Selon les informations ob‐ tenues par Radio-Canada, le premier ministre Trudeau plai‐ dera pour l’importance d’une solution apportée par Haïti.
Il sera principalement question des besoins immé‐ diats pour venir en aide au peuple haïtien, mais aussi pour assister la police natio‐ nale haïtienne qui tente tant bien que mal de mettre fin aux violences des gangs de rue.
Dans un rapport publié vendredi, l’ONU dénombre 263 meurtres et 57 viols per‐ pétrés par les gangs criminels uniquement dans la com‐ mune de Cité Soleil, en ban‐ lieue de la capitale Port-auPrince, de juillet à dé‐ cembre 2022.
Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme a demandé vendredi à la communauté internatio‐ nale d'envisager « d'urgence le déploiement d'une force d'ap‐ pui spécialisée en Haïti, où les gangs font vivre un "cauche‐ mar" aux habitants ».
Mettre de la pression
La réunion de la CARICOM pourrait aussi être l’occasion pour le Canada de mettre de la pression sur les pays des Caraïbes afin de donner plus de mordant aux sanctions économiques imposées à ceux qui soutiennent les groupes armés, notamment une partie de l’élite haïtienne qui finance les activités des bandes criminelles.
Justin Trudeau pourrait vouloir sensibiliser les autres pays des Caraïbes à l’impor‐ tance d’appliquer des sanc‐ tions recommandées par le Conseil de sécurité de l’ONU. Ottawa voudra s'assurer que les pays de la CARICOM parti‐ cipent à l'application de ces sanctions, et ce ne sera pas fa‐ cile, car certaines des per‐ sonnes qui sont sanctionnées ont des comptes en banque sur certaines îles qui sont des paradis fiscaux, croit Stephen Baranyi, professeur titulaire en développement internatio‐ nal de l’Université d’Ottawa.
Il sera aussi difficile de pas‐ ser sous silence la demande des États-Unis de mettre en place une force armée inter‐ nationale en Haïti. Washing‐ ton a demandé au Canada de prendre les commandes d’une telle intervention. Otta‐ wa s’est déjà dit prudent face à cette stratégie, et privilégie une solution par et pour les Haïtiens.
Que ce soit un accord pu‐ blic ou non, il faudra travailler ensemble pour au moins pré‐ parer le terrain pour une force militaire multinationale d'in‐ tervention très spécialisée qui rendrait surtout des services aux policiers avec des appuis en transport aérien, pour ai‐ der la police nationale à réta‐ blir un minimum de sécurité, explique M. Baranyi.
Le Canada pourrait donc accroître son aide sur le plan militaire. La semaine dernière, un avion CP-140 Aurora a sur‐ volé la capitale Port-au-Prince pour recueillir des informa‐ tions sur les activités des groupes criminels. Depuis oc‐ tobre 2022, le Canada a aussi envoyé plusieurs véhicules blindés commandés par Haïti pour mieux équiper la police nationale.
La CARICOM
15 pays membres et cinq membres associés, tous des Caraïbes;
Haïti est le seul pays membre francophone;
Le Canada est considéré comme un « ami » de la CARI‐ COM en tant que membre de la Banque de développement des Caraïbes.
Avec la collaboration de Marie Chabot-Johnson