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Les Canadiens gagnent 65 minutes par jour grâce au télétravai­l, selon une étude américaine

- Maad Chaara

Selon une étude améri‐ caine publiée par le Natio‐ nal Bureau of Economic Re‐ search, les employés cana‐ diens travaillan­t à distance ont gagné, en moyenne, 65 minutes par jour en optant pour ce mode de travail.

Les chercheurs de cet or‐ ganisme à but non lucratif ba‐ sé à Cambridge, dans le Mas‐ sachusetts, ont quantifié, en janvier, les économies de temps de trajet associées au travail à domicile, en s’ap‐ puyant sur les données de 27 pays.

Le gain de temps quoti‐ dien moyen pour le travail à domicile, dans les 27 pays concernés par cette étude, est de 72 minutes par jour.

C’est un gain de temps considérab­le, surtout lorsqu’il est multiplié par des cen‐ taines de millions de tra‐ vailleurs dans le monde, es‐ timent les chercheurs.

Selon l’étude, les tra‐ vailleurs consacrent 40 % de ce temps gagné à leur emploi, 34 % aux loisirs et environ 11 % à leurs activités de soins. Les personnes vivant avec des enfants consacrent une plus grande partie de leur épargne-temps aux soins.

Défis économique­s et organisati­onnels à venir

Selon le professeur de so‐ ciologie à l’Université de SaintBonif­ace Paul Brochu, il est important de calculer le temps investi et consacré au travail.

Pendant la pandémie, on avait peur que le fait de tra‐ vailler de la maison aille en‐ courager la paresse et la fai‐ néantise. Au contraire, les gens étaient plus performant­s et plus productifs , précise M. Brochu.

Dans ce contexte marqué par l’inflation et la pénurie de main-d’oeuvre, le sociologue estime que les entreprise­s doivent être extrêmemen­t flexibles pour maximiser les ressources humaines.

Selon lui, une des consé‐ quences du télétravai­l serait

la pauvreté des interactio­ns face à face.

Cette compétence [la ca‐ pacité de rentrer en relation humaine] sera sollicitée par les employeurs dans les dix, vingt prochaines années , pré‐ dit-il.

De son côté, la stratège d’image de marque au sein de l’entreprise Brandish Agency, Émilie Carr, pense que les données de cette étude amé‐ ricaine reflètent une partie de la réalité.

Personnell­ement, je consacre ce temps gagné à prendre soin de moi, de ma maison et à passer de bons moments avec mon conjoint , indique-t-elle.

Mme Carr revient sur le modèle de semaine de travail de quatre jours adopté par son entreprise.

À Brandish Agency, nous avons adopté la semaine de 4 jours et le niveau de produc‐ tivité est plus élevé qu’avant , dit-elle.

Elle souligne que l’applica‐ tion de ce modèle au Manito‐ ba et au Canada est une ques‐ tion d’éducation autour de cette nouvelle façon d’organi‐ ser le temps.

Des questions culturelle et génération­nelle

En ce qui concerne le lien entre les espaces personnel et profession­nel, Émilie Carr est consciente que c’est un privi‐ lège pour elle d’avoir toutes les conditions en sa faveur.

Je me sens chanceuse, car j’ai une pièce dans ma maison que je l’utilise pour travailler, je n’ai pas d’enfants et j’ai un bon débit d’internet. Cela n’est pas forcément le cas des autres employés , admet-elle.

Selon Mme Carr, la ques‐ tion de confiance est primor‐ diale pour avoir une meilleure relation entre les employés et les employeurs. Cette confiance diminuerai­t le de‐ gré de stress chez les em‐ ployés et permettrai­t aux em‐ ployeurs d’avoir une bonne qualité de travail, explique-telle.

Paul Brochu souligne la très grande place occupée par le travail dans les sociétés d’aujourd’hui, ce qui expose les personnes à toutes formes de confusion dans leur quoti‐ dien.

Le travail devient trop im‐ portant surtout quand on ar‐ rive difficilem­ent à faire la dis‐ tinction entre l’espace familial et l’espace profession­nel , in‐ dique-t-il.

Un retour forcé au bu‐ reau

Après la décision d’Ottawa d’imposer un retour au bu‐ reau à ses employés fédéraux et la controvers­e qui en a dé‐ coulé, Émilie Carr juge qu’il n’est pas juste d’exiger aux travailleu­rs de retourner en présentiel après plusieurs mois de télétravai­l .

Si les gens sont capables de faire correcteme­nt leur tra‐ vail, pourquoi leur imposer une telle chose ? , demande-telle. Selon elle, le niveau de la productivi­té baisse générale‐ ment à la fin de la journée. Elle ajoute que c’est avanta‐ geux pour tout le monde que l’employé soit dans un envi‐ ronnement dans lequel il peut mieux fonctionne­r .

Je pense que la nouvelle génération des employeurs préfère travailler de la maison, surtout que c’est devenu cher de sortir [à cause des prix de l’essence, des frais du trans‐ port et de restaurati­on, etc.], souligne-t-elle.

Émilie Carr estime que cette nouvelle génération est plus consciente de comment utiliser leur temps.

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