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Le manque d’ambulancie­rs atteint des sommets sur la Côte-Nord

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La Côte-Nord a été privée de 6302 heures d’ambu‐ lance depuis du 1er avril dernier, selon le CISSS de la Côte-Nord. Il s’agit d’un re‐ cord pour la région qui n'a jamais été aussi peu des‐ servie par les services am‐ bulanciers que durant la dernière année.

Le CISSS de la Côte-Nord recense, dans une dizaine de municipali­tés nord-côtières, de Forestvill­e à Natashquan, un total de près de 260 jours de rupture de service en moins d'un an.

Les localités les plus tou‐ chées sont Baie-Comeau et Sept-Îles, suivies par Havre-StPierre, Natashquan et Les Es‐ coumins.

Nombre d’heures de rupture de service dans les dernières années :

2021-2022 : 3 983 heures 2020-2021 : 2 254 heures

Source: CISSS de la CôteNord

Un manque d'ambulan‐ ciers qui résident et travaillen­t dans la région est entre autres à l'origine du pro‐ blème, selon le directeur gé‐ néral de l’entreprise ambulan‐ cière qui dessert la Côte-Nord, Paraxion, Laurent Hamel.

La pénurie de maind'oeuvre est systémique et touche l'ensemble du réseau québécois. Aussi, plus on va en région, plus c’est difficile de recruter. C’est une vraie tem‐ pête, on sort de trois ans en première ligne de la crise sani‐ taire, donc on a inévitable‐ ment perdu des joueurs, sou‐ ligne-t-il.

Travailler sur un long litto‐ ral et être le dernier filet de sécurité en première ligne pour la population c’est vrai‐ ment difficile.

Laurent Hamel, directeur général de Paraxion

Le président du syndicat des ambulancie­rs paramédi‐ caux de la Moyenne et BasseCôte-Nord, Danielle Charette, confirme que plusieurs ambu‐ lanciers ont quitté la région. Toutefois, il soutient que ceux-ci ont quitté leur emploi en raison de l’absence de conditions de travail conve‐ nables.

Il affirme que 17 ambulan‐ ciers membres de son syndi‐ cat ont quitté leur emploi en 2022.

Le recrutemen­t à l’exté‐ rieur de la région

Afin d’assurer la présence des ambulancie­rs sur l’en‐ semble du territoire nord-cô‐ tier, Paraxion doit faire affaire avec des ambulancie­rs de l’ex‐ térieur. Les gens sont très sensibles au fait que s’ils ne viennent pas travailler dans la région, on ne pourra pas as‐ surer le service partout, confie Laurent Hamel.

Pour sa part, Daniel Cha‐ rette explique que les em‐ ployés d'agence qui sont ap‐ pelés en renfort obtiennent parfois de meilleures condi‐ tions de travail de la part de l'employeur Paraxion.

Toutefois, Laurent Hamel, mentionne que le taux ho‐ raire des employés de l’exté‐ rieur n’est pas supérieur à ce‐ lui des travailleu­rs locaux. Il indique que l’entreprise offre plutôt des compensati­ons.

On va rembourser leur ki‐ lométrage, leur repas, leur hô‐ tel parce que c’est un défi de travailler en région. On ne va pas les payer plus cher, mais on va les dédommager pour les frais encourus pour venir nous aider au taux prévu par l’impôt, précise-t-il.

Il ajoute que les employés locaux peuvent eux aussi être dédommagés. S’ils partent de

Sept-Îles pour nous dépanner à Rivière-au-Tonnerre, on va aussi payer leur kilométrag­e et leur offrir des primes de contributi­on, explique Laurent Hamel.

La relève

Alors que la Côte-Nord a fait état d'un nombre record de ruptures de services am‐ bulanciers en 2022, le Cégep de Baie-Comeau salue les ef‐ forts de Paraxion.

En effet, le cégep applaudit l'entreprise qui permet à ses ambulancie­rs de prendre du temps pour enseigner aux étudiants du programme en soins préhospita­liers d'ur‐ gence.

Le directeur des études par intérim du Cégep de BaieComeau, Roland Morin, est sûr que l'investisse­ment de Paraxion dans le programme d'études finira par lui appor‐ ter une main-d'oeuvre en re‐ tour.

Je sais que ça met une grande grande pression sur ces entreprise­s-là, mais nous, dans notre région, ils font le maximum pour nous aider à former des gens qui, éven‐ tuellement, vont retomber dans leur cadre de travail, croit Roland Morin.

Une première cohorte d'une dizaine d'étudiants gra‐ duera du programme en soins préhospita­liers d'ur‐ gence du Cégep de Baie-Co‐ meau en mai.

À l’heure actuelle, 90 des 140 postes nécessaire­s pour assurer le service d'am‐ bulance dans la région sont comblés.

Avec les informatio­ns de Lambert Gagné-Coulombe

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