Art Babayants et Les gars : épisodes de vie queer sur la prairie
La Troupe du Jour de Saska‐ toon présente Les gars, une pièce de théâtre écrite à partir des expériences personnelles d'hommes gais immigrants au Cana‐ da.
Il s'agit de la première pièce de la plume d’Art Babayants, un metteur en scène d'origine arménienne qui a vécu à Regina avant de s'installer au Québec. Il y pro‐ pose des fragments de vie queer, tant dans des bars gais que dans l’intimité affective, notamment à travers les ap‐ plications de rencontre.
Les comédiens Pierre-Luc Pepin, Alyssa Billingsley, Yulis‐ sa Campos et Mitchell Larsen y jouent chacun plusieurs rôles.
Les gars, ça raconte l'his‐ toire d'immigrants queer, tan‐ tôt ailleurs dans le monde, tantôt au Canada, et com‐ ment ils font pour survivre et s'adapter à un nouvel envi‐ ronnement.
Pierre-Luc Pepin, comé‐ dien
Crue et surprenante, la pièce, destinée à un public adulte, est inspirée d'histoires vécues par des immigrants LGBTQ en Saskatchewan, no‐ tamment par le couple de Na‐ rek Harutyunyan et de Romik Danial, venus d’Arménie.
C'est intéressant, mais bi‐ zarre de se voir à la troisième personne.
Romik Danial
Les deux hommes sont ve‐ nus au Canada en imaginant une vie meilleure, mais ils ont quitté la Saskatchewan pour un endroit plus accueillant, explique Art Babayants.
Quand j'étais en Arménie, je pensais que le Canada était un grand pays, mais les pro‐ vinces sont vraiment diffé‐ rentes. En Saskatchewan, je crois que beaucoup de gens cachent leur identité, comme en Arménie, confie Narek Ha‐ rutyunyan.
La pièce raconte égale‐ ment des histoires fictives et des expériences vécues par le dramaturge.
Il y a de grandes scènes basées sur mon expérience, comme celle d’une attaque ra‐ ciste dans un club gai à Saska‐ toon.
Art Babayants, metteur en scène et dramaturge
Entre ces scènes se trouvent des interludes co‐ miques à propos des applica‐ tions de rencontre. C’est court, c’est drôle. J’ai télépho‐ né à mes amis gais et je leur ai demandé de me partager leurs expériences Grindr les plus absurdes, explique Art Babayants.
Le suicide d’un ami, élé‐ ment déclencheur de l’écriture
C'est la mort d’un ami du dramaturge qui a provoqué la réflexion à l’origine de l'oeuvre.
Cette pièce vient de la sen‐ sation, de la perte. J'ai perdu un ami, une personne de cou‐ leur gaie qui travaillait à l'Uni‐ versité de Regina et ça m'a poussé vers l'écriture il y a quatre ans, confie Art Babayants.
Le but était de com‐ prendre pourquoi les gens dé‐ cident de se suicider. Com‐ ment peut-on trouver la joie dans la vie sans se détruire?
Art Babayants, metteur en scène et dramaturge
Pour Art Babayants, nous avons une responsabilité col‐ lective : l’ouverture à l'autre. C'est difficile d'accueillir quel‐ qu'un qui est différent de toi, mais comment on peut le faire, c'est ça la question que la pièce pose.
La pièce questionne égale‐ ment les communautés LGBTQ elles-mêmes. Il y a une critique, celle qui vient de vraies histoires d'immigrants en Saskatchewan, qui ont es‐ sayé d’entrer dans la commu‐ nauté queer et qui n'ont ja‐ mais trouvé son cercle, in‐ dique le dramaturge.
Pour Art Babayants, il faut changer la culture, l'environ‐ nement, pour être plus ac‐ cueillant aux autres.
L’auteur souligne le cou‐ rage de la Troupe du Jour qui produit ce spectacle et qui l'accompagne dans sa dé‐ marche créative.
Ce choix n’est pas facile. On ne doit pas juste travailler avec les petites communau‐ tés qui répondent à nos be‐ soins ou qui appartiennent à notre propre culture. Il faut briser ces frontières entre communautés.