Des restaurants mettent la clé sous la porte à cause de l’explosion des coûts
La hausse des prix des ali‐ ments affecte non seule‐ ment les consommateurs, mais aussi les restaura‐ teurs. À Québec, ils sont de plus en plus nombreux à en souffrir alors que deux d’entre eux ont même dû fermer leurs portes cette fin de semaine.
L’inflation aura finalement eu raison des restaurants Le Belga et L’Échoppe. Samedi, ces deux commerces bien im‐ plantés dans le centre-ville fermaient définitivement.
C'est la première fois que j'ouvrais une entreprise et malheureusement, c'est la première fois que je fermais une entreprise.
Rémi Harvey, chef-proprié‐ taire de L’Échoppe et du res‐ taurant Le Hobbit
Une décision crève-coeur, selon le chef-propriétaire qui pointe du doigt l’inflation et la hausse importante des prix des aliments pour justifier la fermeture de son établisse‐ ment.
Je suis déchiré, d'un côté, on met beaucoup d'effort, beaucoup d'amour, on met tout notre coeur pour déve‐ lopper un projet aussi beau, mais extrêmement grand, ajoute Rémi Harvey.
Jusqu'à 15 % de ferme‐ tures
Depuis la pandémie, entre 10 et 15 % des établissements de la région de Québec ont dû mettre la clé dans la porte, se‐ lon l’Association Restauration Québec. Peu d’entre eux ont été remplacés depuis mais une trentaine d’établisse‐ ments ont ouvert leurs portes depuis le mois de juillet.
Avec l’inflation persistante, l’association craint que l’acha‐ landage diminue drastique‐ ment.
Je vous dirais que oui, l'in‐ dustrie est inquiète pour les prochains mois. Mais le risque d'une récession, les taux d'in‐ térêt qui montent, on craint que le consommateur com‐ mence à changer de compor‐ tement et commence à ré‐ duire ses dépenses au restau‐ rant , indique Martin Vézina, vice-président aux affaires pu‐ bliques et gouvernementales à l'Association Restauration Québec.
Le contexte force les res‐ taurateurs à faire preuve de créativité. Au Bulle bistro d'al‐ titude, situé sur le boulevard Laurier, les propriétaires ont fait le choix de privilégier des
aliments moins coûteux comme certaines pièces de boeuf afin de se maintenir la tête hors de l’eau.
Aller travailler une pièce qui est un peu moins noble puis la rendre noble avec le travail qu'on y fait et qu'on y donne, ça nous donne une chance de contrer la hausse des prix, explique Tchad Kha‐ lil, président-propriétaire du Bulle bistro d’altitude.
Malgré tout, la hausse se fait sentir, selon M. Khalil. S’il se dit sûr de voir son restau‐ rant passer au travers de l’in‐ flation, il espère en terminer le plus rapidement possible.
On ne peut pas se per‐ mettre de faire payer la hausse des prix aux clients. C'est déjà dispendieux, c'est un luxe d'aller au restaurant puis à un moment donné, tu te rends compte que si ce sont juste les marges de pro‐ fit qui diminuent et dimi‐ nuent, on commence à être étouffé un peu.
Une baisse de l’achalan‐ dage pourrait faire très mal aux commerçants de Québec, mentionne Martin Vézina.
Plusieurs exploitants ont encore des prêts à payer, que ce soit des prêts gouverne‐ mentaux ou bancaires, et s'il y a une chute de l'achalandage, ça pourrait être très difficile pour eux de rembourser tous ces prêts-là , estime-t-il.
Fin de semaine profi‐ table
Si les restaurateurs craignent une diminution de l’achalandage, il n’en a rien été cette fin de semaine.
Plusieurs restaurateurs ont confié à Radio-Canada que le Carnaval de Québec et la soirée du Super Bowl ont amené bon nombre de clients dans les salles à manger.
Un petit baume pour les restaurateurs parfois à bout de souffle.