L’aéroport Pearson continue de traîner la patte dans l’offre de services en français
L’aéroport international Pearson de Toronto conti‐ nue de manquer à ses obli‐ gations sur les services en français, selon un nouveau rapport préliminaire du Commissariat aux langues officielles (CLO) dont RadioCanada a obtenu une co‐ pie.
L’Autorité aéroportuaire du Grand Toronto (AAGT), qui gère l'aéroport, n’a mis en oeuvre qu’une seule des neuf recommandations faites en 2019 à la suite d’une série de plaintes, constate le CLO, qui a effectué un suivi de la fin 2021 à la fin 2022.
Plus de trois ans après avoir reçu ces recommanda‐ tions, l’AAGT a notamment failli à faire en sorte que son propre personnel et celui des transporteurs aériens offrent aux voyageurs des services de qualité égale en français et en anglais, relève le document.
Cela concerne par exemple l’accueil et la gestion des voyageurs, qui ont fait l'objet de la majorité des plaintes. Par exemple, dans un cas rele‐ vé en 2018, un passager qui avait vu une affiche indiquant que les bagages devaient être récupérés avant de quitter la zone et qui s’était adressé po‐ liment en français à un em‐ ployé chargé de diriger les voyageurs avait dû faire face à un responsable visiblement ir‐ rité par sa question en fran‐ çais et qui a furieusement ré‐ pondu en anglais de circuler.
Le rapport relève aussi l'absence d'offre active de ser‐ vices en français de la part des employés qui dirigent les voyageurs ou encore le manque de bilinguisme en ce qui concerne les panneaux in‐ dicateurs.
Selon le rapport, l'Autorité aéroportuaire a affirmé avoir appliqué trois des neuf re‐ commandations, mais le com‐ missariat conclut que celles-ci ne sont pas mises en oeuvre, faute de documentation à l'appui de ces affirmations.
Pearson promeut ses ef‐ forts
Dans une déclaration à Ra‐ dio-Canada, Rachel Bertone, porte-parole des aéroports de Toronto, assure que Toronto Pearson prend ses obligations linguistiques très au sérieux et travaille d’arrache-pied pour communiquer et offrir des services aux passagers dans les deux langues offi‐ cielles.
Parmi les améliorations apportées dernièrement, Mme Bertone affirme que l'aéroport a mis en place un système automatisé d'an‐ nonces publiques pour aider les transporteurs à faire des annonces dans les deux langues officielles, qu'il fournit des services de traduction au téléphone pour le personnel anglophone en contact avec les passagers ou encore qu'il effectue des vérifications continues des affiches.
[L'aéroport Pearson] ac‐ corde la priorité à la traduc‐ tion des affiches dans nos aé‐
rogares ainsi qu'aux déclara‐ tions officielles et aux publica‐ tions dans les médias sociaux, et ce, en temps réel ou le plus rapidement possible.
Rachel Bertone, porte-pa‐ role de l'Autorité aéropor‐ tuaire du Grand Toronto
Enfin, l'aéroport déclare collaborer avec ses parte‐ naires pour assurer la dualité linguistique, dont des séances d’information sur les obliga‐ tions en matière de langues officielles pour les locataires commerciaux et les princi‐ paux partenaires.
Malgré les efforts dé‐ ployés, la seule recommanda‐ tion mise en oeuvre avec suc‐ cès par l'AAGT aux yeux du CLO concerne la qualité égale dans les deux langues offi‐ cielles des panneaux indica‐ teurs sur tous les guichets bancaires automatiques d’In‐ ternational Currency Ex‐ change.
En décembre dernier, dans une entrevue à Radio-Canada, le commissaire aux langues officielles, Raymond Thé‐ berge, affirmait qu'en Onta‐ rio, l'aéroport Pearson était la cible la plus fréquente des plaintes reçues par le Com‐ missariat en 2021-2022.