L’Alberta prête à collaborer avec Ottawa sur le climat sous une condition « non-négociable »
Dans une lettre adressée au premier ministre du Ca‐ nada, Justin Trudeau, Da‐ nielle Smith écrit qu’elle accepte de collaborer avec le fédéral sur des initia‐ tives climatiques, mais à condition qu’il obtienne le consentement de l’Alberta sur toute nouvelle législa‐ tion portant sur le dévelop‐ pement des ressources pé‐ trolières et gazières.
Cela inclut le plan sur la Transition équitable, les cibles irréalisables du plan de réduc‐ tion des émissions, la régle‐ mentation sur l'électricité propre et le plafonnement des émissions du secteur pé‐ trolier et gazier, précise la lettre de la première ministre albertaine.
Chacune de ses législa‐ tions peut devenir une me‐ nace inconstitutionnelle et existentielle pour l'économie albertaine et les emplois de centaines de milliers d’Alber‐ tains, insiste Danielle Smith dans sa lettre.
Depuis des mois, le gou‐ vernement fédéral mène des consultations sur un projet de loi sur la transition équitable, qui vise à mettre sur pied un plan pour aider les travailleurs des secteurs touchés par la décarbonisation, notamment en les formant pour occuper de nouveaux emplois.
Danielle Smith accuse plu‐ tôt le gouvernement fédéral de vouloir éliminer jusqu'à 2,7 millions d’emplois au pays à travers cette transition énergétique.
Lisa Young, professeure en science politique à l’Université de Calgary, dit que Danielle Smith veut imposer des conditions que le fédéral aura de la difficulté à respecter. Es‐ sentiellement, elle demande que l’Alberta ait un droit de veto sur les décisions que le fédéral prend dans son [propre champ] de compé‐ tence .
Selon elle, la lettre dé‐ montre jusqu'à quel point la base électorale de Danielle Smith limite son champ de négociation avec Ottawa. Des électeurs albertains aime‐ raient qu’elle soit plus conci‐ liante envers le gouverne‐ ment fédéral, mais une grande partie de sa base veut la voir lui tenir tête et adopter une ligne dure.
Kathleen Ganley, porte-pa‐ role de l’opposition officielle en matière d’énergie, dit que Danielle Smith aurait dû com‐ mencer à défendre l'avenir des emplois de l’industrie pé‐ trolière il y a des mois.
Au lieu de cela, elle s'est concentrée sur des idées ir‐ responsables et extrêmes, sans donner la priorité aux besoins du secteur de l'éner‐ gie.
Par ailleurs, la chef néo-dé‐ mocrate albertaine, Rachel
Notley, a demandé au gou‐ vernement fédéral, en janvier, d’abandonner son projet de loi sur la transition équitable ainsi que la cible fédérale de réduction des gaz à effet de serre d’ici 2030 pour l’industrie pétrolière et gazière.
Ce n’est pas la première fois que la première ministre Danielle Smith tente d'impo‐ ser une collaboration avec Ot‐ tawa selon ses termes et sans compromis possible.
J'ouvre la porte, mais je dois aussi être très claire : si le premier ministre choisit de nous claquer la porte au nez et d'aller unilatéralement de l'avant avec sa Transition équitable ou d'autres cibles ou politiques d'émissions im‐ possibles et arbitraires sans la participation de l'Alberta et sans son accord, l'Alberta s'y opposera sans relâche et utili‐ sera tous les outils à sa dispo‐ sition pour y arriver, avait-elle dit le 9 février.
Danielle Smith propose plutôt au fédéral de collabo‐ rer sur un programme centré sur le captage, l’utilisation et le stockage du carbone.
Avec des informations d'Audrey Neveu, Lounan Charpentier et Jade Markus