McKinsey : Québec solidaire demande une enquête au Commissaire au lobbyisme
Après une demande simi‐ laire du Bloc québécois à Ottawa, c’est maintenant au tour de Québec soli‐ daire de réclamer une en‐ quête du Commissaire au lobbyisme du Québec sur les activités de la firme McKinsey.
Une lettre signée par le dé‐ puté de Rosemont, Vincent Marissal, dont Radio-Canada a obtenu copie, a été envoyée à Jean-François Routhier au cours des derniers jours.
Sachant qu’au moins deux contrats ont été octroyés ces dernières années par le gou‐ vernement du Québec [minis‐ tère du Conseil exécutif et mi‐ nistère de l'Économie] à cette firme-conseil, nous vous de‐ mandons [...] de bien vouloir enquêter afin de vous assurer que McKinsey s'est bien ac‐ quitté[e] de ses obligations en vertu de celle-ci, écrit le dépu‐ té de Québec solidaire.
Cette demande fait suite aux révélations selon les‐ quelles McKinsey n’est pas inscrite au Registre des lob‐ byistes du Québec.
L’entreprise soutient ne pas faire de lobbyisme, mais un courriel obtenu par RadioCanada montre qu’une per‐ sonne représentant le cabi‐ net-conseil a tenté une ap‐ proche auprès du ministère du Conseil exécutif (MCE) le 20 juillet 2020, soit deux mois après la fin d’un premier contrat accordé à la firme.
Un arbitre pour tran‐ cher
Selon Québec solidaire, cette communication d’in‐ fluence devrait faire l’objet d’une inscription au Registre.
Il y a toujours des flous, est-ce que tu dois t’enregis‐ trer, est-ce que tu fais vrai‐ ment des activités de lob‐ byisme? McKinsey dit que non, moi je dis que oui. Ça prend un arbitre pour tran‐ cher cela. L’arbitre et le chien de garde, c’est le Commissaire au lobbyisme, a soutenu M. Marissal lors d’une entre‐ vue.
Selon ce dernier, le courriel mis en lumière par Radio-Ca‐ nada indique clairement que McKinsey a bel et bien effec‐ tué une activité de lobbyisme.
Si tu offres des services, c’est en échange d’une rétri‐ bution. Si je comprends bien le lobbyisme, c’est une activité intéressée auprès d’autorités publiques. McKinsey n'a pas envoyé une carte de Noël, ils ont envoyé un courriel.
Vincent Marissal, député de Rosemont, Québec soli‐ daire
Quand tu offres carrément tes services pour aider… McKinsey, ce n’est pas une OBNL, ce n’est pas pour aider un ami. Leur fonds de com‐ merce, c’est de donner des conseils au gouvernement. Alors, quant à moi, McKinsey fait du lobbying, puis j’aime‐ rais que le commissaire éclaire notre lanterne là-dessus, a poursuivi M. Marissal.
Contacté par Radio-Cana‐ da, le Commissaire au lob‐ byisme du Québec n’a pas voulu donner plus d’informa‐ tion sur la requête de Québec solidaire.
Nous ne discutons jamais d’un cas en particulier ni ne confirmons la réception d’un signalement, sauf exception‐ nellement lorsque celui-ci est rendu public. Notez que, même dans ces cas, nous ne donnons aucune information sur l’état de nos vérifications ou enquêtes, a souligné par courriel Marie-Noëlle SaintPierre, porte-parole du Com‐ missaire au lobbyisme.
Même s’il n’y a pas de confirmation d’une enquête en cours, le député Marissal soutient que la démarche en vaut la peine.
Moi, je leur fais confiance, peu importe la voie qu’ils em‐ pruntent. Une enquête for‐ melle ou une vigie. Je veux seulement qu’il y ait une suite à cela. Je veux que ce soit ins‐ crit quelque part, je veux lais‐ ser une trace quelque part, at-il affirmé.
À Ottawa, la firme a été sous la loupe des élus lors d’une enquête en comité par‐ lementaire, afin de scruter la centaine de millions de dollars de contrats octroyés au cabi‐ net-conseil par le gouverne‐ ment fédéral.
Le Bloc québécois a aussi fait parvenir une lettre à la commissaire au lobbying du Canada, Nancy Bélanger, pour lui demander d’ouvrir une en‐ quête afin de déterminer si le cabinet-conseil a mené de telles activités.
Pas seulement le gou‐ vernement
À Québec, le premier mi‐ nistre François Legault a souli‐ gné son intention de ne plus accorder de nouveaux contrats à la firme McKinsey, sous le feu des critiques non seulement ici, mais également aux États-Unis pour son rôle dans la crise des opioïdes, et en France, pour des alléga‐ tions d’interférence lors de la présidentielle.
Québec a octroyé deux contrats d’une valeur de 6,7 millions de dollars à l’en‐ treprise. Toutefois, le rayon‐ nement du cabinet-conseil dépasse largement le gouver‐ nement.
Radio-Canada a rapporté qu’au cours des six dernières années, Hydro-Québec a ver‐ sé 31 millions de dollars à McKinsey et doit encore lui payer 7 millions pour des mandats en cours.
La Caisse de dépôt et pla‐ cement du Québec (CDPQ) et Investissement Québec (IQ) ont eux aussi eu recours aux services de la firme. Ces deux sociétés d’État ont versé plus de 7 millions de dollars à l’en‐ treprise, avait rapporté le Journal de Montréal.
Avec la collaboration de Thomas Gerbet
afin de brader un immense terrain qui appartenait à la Municipalité, détaille la pour‐ suite civile.
Ce terrain à fort potentiel de développement a été ac‐ quis frauduleusement en 2000-2001 à une fraction de sa valeur marchande, selon la Ville, qui ajoute que Borsellino s’était engagé à vendre, au ra‐ bais, un terrain au directeur général en marge de cette transaction.
Dans un courriel envoyé à Radio-Canada, l’avocat de la succession de M. Borsellino dit contester vigoureusement les procédures intentées et estime qu’il s’agit d’acharne‐ ment en raison du décès de l’homme d’affaires en 2021.
La Ville de Laval pourrait élargir sa poursuite contre les héritiers de Giuseppe Borselli‐ no à d’autres ventes de ter‐ rain, si elle obtient des infor‐ mations additionnelles.
Architectes paysagistes
Dans une autre poursuite, la Ville de Laval soutient que les contrats professionnels d’architectes paysagistes étaient truqués, selon une part de marché préétablie par Gilles Vaillancourt.
La poursuite met en cause, entre autres, deux urbanistes bien connus au Québec : Da‐ niel Arbour et Michel Col‐ lins. Ils faisaient partie des complices qui ont tiré profit du système, indique le docu‐ ment judiciaire. Leurs firmes auraient majoré de façon sub‐ stantielle le prix de leurs sou‐ missions.
Laval soutient aussi que les contrats pour la gestion des dépôts à neige étaient truqués et réclame 2 millions de dollars à la compagnie Nepcon.
Les facilitateurs
La Ville réclame de plus six millions de dollars à six proches de l’ancien régime, qui auraient facilité la collu‐ sion et la corruption.
Parmi les personnes pour‐ suivies, on retrouve Pierre Lambert. Cet ex-avocat ca‐ chait l’argent provenant des dons illégaux au parti poli‐ tique de Gilles Vaillancourt, et c’est la raison pour laquelle Laval le poursuit.
L’émission Enquête avait révélé que Pierre Lambert était au coeur d’un vaste ré‐ seau de comptes bancaires en Suisse profitant à des gens d’affaires et à des politiciens de Laval, dont Gilles Vaillan‐ court.
En 2018, à la suite de l’arrêt des procédures criminelles contre Pierre Lambert en rai‐ son de délais judiciaires trop longs, l’ex-avocat a pu accéder de nouveau à ses comptes bancaires en Suisse. Il y contrôlait 5,5 millions de dol‐ lars.
M. Lambert n’est plus avo‐ cat depuis le 30 septembre dernier.
Robert l’ancien avocat de la famille Vaillan‐ court, qui pratique toujours le droit, est aussi poursuivi par la Ville de Laval. Me Talbot au‐ rait reçu d’importantes sommes d’argent provenant de la corruption.
Toujours dans la mire de la Ville de Laval, d’autres
Talbot,
proches de Vaillancourt au‐ raient facilité le stratagème de collusion-corruption :
Claude de Guise (ancien directeur du Service de l’ingé‐ nierie);
Guy
(homme d’affaires et frère de Gilles Vaillancourt);
Jean Bertrand
cat);
Jean Vaillancourt Gauthier
(ex-avo‐
(ex-no‐
taire).
Ce dernier a dit vouloir contester la poursuite. Ça n’a pas de bon sens, a dit M. Gau‐ thier à Radio-Canada, tout en niant avoir participé au sys‐ tème frauduleux de Gilles Vaillancourt, bien qu’il ait plai‐ dé coupable d'accusations cri‐ minelles pour des faits simi‐ laires. C’était une question de frais [...] d’avocats, a-t-il dit.
Toutes les autres per‐ sonnes poursuivies par la Ville de Laval n’ont pas répondu à l’offre de Radio-Canada de commenter.
57 millions de dollars ré‐ cupérés
C'est important d'envoyer un message clair aux entre‐ preneurs d'aujourd'hui, que Laval n'est plus et ne sera pas un terrain fertile à la corrup‐ tion, dit le maire Stéphane Boyer en entrevue avec Ra‐ dio-Canada. On veut que ça soit compétitif dans les appels d'offres. On veut que les règles du jeu soient équi‐ tables pour tous. On veut un système démocratique où les dés ne sont pas pipés.
Jusqu’à présent, Laval a réussi à récupérer 57 millions de dollars volés sous le règne de Gilles Vaillancourt. Les sommes dérobées aux Laval‐ lois dépasseraient les 100 mil‐ lions de dollars, selon la Ville.
C'est sûr qu'on va aller au bout de l'exercice [...] On va poursuivre les démarches et il y aura aussi d'autres actions par la suite.
Stéphane Boyer maire de Laval
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