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Le gouverneme­nt Ford écorché par le rapport Rouleau

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Le rapport du commissair­e Paul Rouleau incrimine le gouverneme­nt de Doug Ford pour sa « réticence » à agir pendant la crise du « convoi de la liberté ».

Des mesures plus décisives et rapides de la province au‐ raient pu transmettr­e aux ha‐ bitants d’Ottawa le message clair que leur gouverneme­nt provincial ne les avait pas abandonnés en période de crise, affirme le commissair­e Rouleau dans son rapport de plus de 2000 pages paru ven‐ dredi.

Je trouve troublante la réti‐ cence de la province de l’On‐ tario à participer pleinement aux efforts visant à dénouer la situation à Ottawa.

Rapport de l’Enquête pu‐ blique sur l’état d’urgence dé‐ claré en 2022, vol. 1

L’Ontario n’a pris les de‐ vants que lorsque le pont Am‐ bassador a été bloqué, à la suite d’une conversati­on télé‐ phonique entre Justin Tru‐ deau et Doug Ford le 9 février, soit plusieurs semaines après le début des manifestat­ions, note le rapport.

Le premier ministre du Ca‐ nada avait alors exprimé une certaine frustratio­n sur la ma‐ nière dont les autorités à Ot‐ tawa géraient la situation au centre-ville, peut-on lire.

Le blocage à Windsor : la priorité de Doug Ford

Doug Ford pensait que le blocage du pont Ambassador était la question la plus im‐ portante, selon le rapport.

Après la levée du blocage, M. Ford a exprimé son soula‐ gement, selon le rapport, no‐ tant que l'industrie automo‐ bile et l'industrie agricole fai‐ saient pression sur le premier ministre pour qu’il règle la si‐ tuation.

Le rapport de M. Rouleau souligne également le refus de l'Ontario de participer à une table tripartite avec la Ville d'Ottawa et le gouverne‐ ment fédéral, une décision qui, selon le commissair­e, était fondée sur deux convic‐ tions.

D'une part, la province es‐ timait que la résolution de la situation relevait de la res‐ ponsabilit­é du gouverneme­nt fédéral, étant donné que le convoi manifestai­t "contre l’obligation vaccinale fédérale aux portes du Parlement", se‐ lon le rapport qui cite les pro‐ pos du solliciteu­r général ad‐ joint de l'Ontario, Mario Di Tommaso.

Selon le rapport, le deuxième argument de l'On‐ tario était que la situation était une question de main‐ tien de l'ordre qu'il valait mieux laisser à la Police pro‐ vinciale de l'Ontario (PPO).

La province responsabl­e du maintien de l’ordre

Sur ce point, le commis‐ saire Rouleau affirme que c’est la province qui est ulti‐ mement responsabl­e d’un maintien de l’ordre efficace à Ottawa.

Étant donné que la Ville et son service de police étaient manifestem­ent débordés, il incombait à la province de s’engager visiblemen­t, publi‐ quement et sans réserve dès le début.

Rapport de l’Enquête pu‐ blique sur l’état d’urgence dé‐ claré en 2022, vol. 1

Le commissair­e cite un communiqué dans lequel la solliciteu­re générale de l’Onta‐ rio à l’époque, Sylvia Jones, af‐ firme que 1500 agents de la PPO étaient à Ottawa depuis le début de l’occupation. Or, la police n’avait fourni que 1500 quarts de travail d’agents de la PPO.

Le commissair­e de la PPO, Thomas Carrique, et M. Di Tommaso ont par la suite qualifié la divulgatio­n de ces chiffres de peu utile et d’imprudente, selon le rap‐ port.

L’Ontario plus réactif qu’Ottawa, selon le gouver‐ nement Ford

Un porte-parole du bureau du Solliciteu­r général de l’On‐ tario affirme par communi‐ qué que la province était en‐ tièrement vouée à fournir les outils nécessaire­s à nos forces de l’ordre pour mettre fin à cette situation.

La déclaratio­n indique que la PPO fournissai­t des rensei‐ gnements avant même le dé‐ but de l’occupation, qu’elle dé‐ ployait des agents et fournis‐ sait des ressources aux ser‐ vices de police d’Ottawa et de Windsor en réponse à leurs demandes.

Le gouverneme­nt Ford ajoute avoir déclaré un état d’urgence avant le recours à la Loi sur les mesures d'urgence par le gouverneme­nt fédéral, ajoutant avoir également gelé les fonds du convoi prove‐ nant de la plateforme Give Send Go pour entraver l’occu‐ pation du centre-ville d’Otta‐ wa.

L’opposition néodémo‐ crate à Queen’s Park fustige quant à elle le gouverneme­nt ontarien, qualifiant son ap‐ proche de mollesse.

Le rapport du commissair­e Rouleau confirme ce qui était clair depuis le début : que Doug Ford et son cabinet ont tourné le dos à la population d'Ottawa à un moment de crise, peut-on lire dans un communiqué diffusé vendredi par les députés néodémo‐ crates de la région d’Ottawa, Joel Harden et Chandra Pas‐ ma

Ils ont choisi de ne pas uti‐ liser les ressources à leur dis‐ position pour aider les rési‐ dents d'Ottawa, affirment-ils.

Les libéraux ontariens ont renchéri, exigeant par com‐ muniqué des excuses du pre‐ mier ministre.

Il est clair que le refus de Doug Ford de témoigner était une tentative de cacher son inaction lorsqu’Ottawa était assiégée. Il doit s'excuser au‐ jourd'hui, auprès des rési‐ dents d'Ottawa et de tous les citoyens de l'Ontario, pour son manquement au devoir, affirme le chef intérimair­e du Parti libéral de l’Ontario, John Fraser.

Manifestat­ion à Toronto

Samedi en milieu de jour‐ née, des manifestan­ts étaient rassemblés devant l'Assem‐ blée législativ­e à Toronto pour défendre la liberté, disent-ils.

Parmi eux, Rob Carere se réjouit que les restrictio­ns sa‐ nitaires aient été levées, mais il reconnaît toutefois être pré‐ occupé que ses droits aient été retirés si rapidement et si facilement.

Ça commence par des pe‐ tits pas et ça progresse.

Rob Carere, manifestan­t Il ajoute qu’il est important que les gens puissent sortir pour exprimer leur frustratio­n et qu’ils puissent être enten‐ dus par le gouverneme­nt. Mais malheureus­ement ce n'est pas ce que notre gouver‐ nement a fait, déplore-t-il.

Interrogé sur le rapport Rouleau, il dit ne pas être d'accord avec ses conclusion­s. Selon lui, en politique il y a beaucoup de corruption, et c’est un problème.

Andrew Jones, un autre manifestan­t, estime que da‐ vantage de Canadiens de‐ vraient être présents à cette mobilisati­on. Les Torontois devraient être là pour soute‐ nir la liberté pour que le gou‐ vernement ne nous [la] prenne pas.

Selon lui, le convoi de ca‐ mionneurs était un mouve‐ ment pour la liberté de choi‐ sir, pour avoir le choix de dire oui ou non au vaccin.

Réveillez-vous, le gouver‐ nement nous impose des choses. Mais personne ne le réalise, jusqu'à ce que ce soit trop tard.

Andrew Jones, manifestan­t De son côté, Michelle Kloet se demande quelle est l’inten‐ tion de Justin Trudeau quand il insulte les gens.

Pourquoi veut-il diviser, pourquoi ne veut-il pas écou‐ ter? interroge-t-elle.

Je pensais que j'étais la fille la plus chanceuse d’être née dans ce pays, raconte celle

dont les parents ont grandi dans un autre pays.

Je travaille dur [...] je paye toutes mes taxes [...] j’aime ce pays, insiste M. Kloet en se demandant si la formule mon corps, mon choix existe tou‐ jours au Canada, en référence à la politique vaccinale du gouverneme­nt.

Tu appelles ton maire, ton député, tu manifestes dans la rue et tout le monde t’ignore.

Michelle Kloet, manifes‐ tante

Rob Carere dit toutefois avoir de l’espoir, mais il estime qu’il faut faire de la préven‐ tion. C'est l'objectif de cette manifestat­ion, explique-t-il, en précisant que cela doit être fait de manière respectueu­se.

Avec les informatio­ns de Catharine Tunney et Shanifa Nasser de CBC News, de Ca‐ mille Gris-Roy et Andréane Williams

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