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L’hiver doux en Ontario inquiète les producteur­s de sirop d’érable

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Les producteur­s de sirop d'érable en Ontario sont confrontés aux défis d’un hiver doux qui les inquiète.

L’un d’entre eux, Kent Breedon, qui exploite Bree‐ don's Maple Syrup avec sa femme depuis 28 ans, essaye de tirer le meilleur parti de ces conditions météorolog­iques tant qu’il le peut encore.

Pour l'instant, cela signifie que la saison des entailles commence tôt et qu'il y a plus d'opportunit­és de produire une récolte plus importante. Mais sur le long terme, cela pourrait provoquer la ferme‐ ture de sa ferme forestière à Alliston, en Ontario.

C'est inquiétant que le temps change si vite [...] Si j'ai des petits-enfants qui font du sirop, peut-être qu’il fera trop chaud pour le faire.

Kent Breedon, producteur de sirop d'érable

Selon M. Breedon, il de‐ vient difficile de savoir quand préparer les machines et en‐ voyer le personnel pour en‐ tailler ses 12 000 arbres chaque année, en raison du changement climatique. Cette année, il a commencé à ex‐ ploiter début février, le plus tôt depuis le début de sa pro‐ duction.

Les producteur­s de tout l'Ontario sont confrontés au même problème et comptent les uns sur les autres pour sa‐ voir quand commencer la ré‐ colte, explique le directeur gé‐ néral de l’Associatio­n des pro‐ ducteurs de sirop d'érable de l'Ontario, John Williams.

Puisque les entailles ne restent ouvertes que momen‐ tanément, les agriculteu­rs ne veulent pas percer l’arbre trop tôt ou trop tard, pour éviter de tout perdre, indique M. Williams.

Maintenant, tout est très transitoir­e. Cela change tou‐ jours. Vous n'êtes jamais vrai‐ ment sûr.

John Williams, directeur gé‐ néral de l’Associatio­n des pro‐ ducteurs de sirop d'érable de l'Ontario

M. Williams précise que l'industrie est en bonne forme, car les progrès récents de la technologi­e et de la pro‐ duction ont contribué à com‐ penser toute instabilit­é des tendances météorolog­iques.

Toutefois, la stabilité de l'industrie à long terme est toujours quelque chose à sur‐ veiller, car elle dépend de plu‐ sieurs facteurs, comme les es‐ pèces envahissan­tes et les phénomènes météorolo‐ giques extrêmes, notamment les sécheresse­s et les tem‐ pêtes.

Évidemment nous verrons moins de sucres disponible­s et plus de stress sur les arbres si les conditions ne sont pas bonnes pour eux, prévient John Williams.

Selon David Phillips, clima‐ tologue pour Environnem­ent et Changement climatique Ca‐ nada, le temps idéal pour per‐ cer les arbres se situe entre 5°C le jour et -5°C la nuit.

Le climatolog­ue ajoute que les producteur­s de l'État américain du Vermont, ainsi que ceux du Québec et du Nouveau-Brunswick, connaissen­t également des saisons hivernales douces, avec des entailles réalisées trois semaines plus tôt que d'habitude.

C'est une question de flexi‐ bilité. Il faut être résilient et s’adapter. Vous devez y aller avec ce que Mère Nature vous donne.

David Phillips, climato‐ logue pour Environnem­ent et Changement climatique Cana‐ da

Selon le gouverneme­nt fé‐ déral, la majeure partie du si‐ rop d'érable dans le monde est produite au Canada. L'an‐ née dernière, l'industrie a pro‐ duit un record de 17,4 millions de gallons de sirop d'érable, soit une augmentati­on de plus de 50 % par rapport à 2021.

Peter Kuitenbrou­wer, fo‐ restier et auteur qui écrit ac‐ tuellement sur l'histoire du si‐ rop d'érable, observe que la lutte contre le changement climatique est la solution pour protéger l'industrie.

Il s'agit d'une industrie em‐ blématique, quelque chose de si vital pour notre nation, et c'est aussi une part impor‐ tante de l'économie. Donc je pense que nous devons faire notre part pour lutter contre le changement climatique afin de protéger l'industrie, dit-il.

Avec les informatio­ns de Vanessa Balintec de CBC

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