Après des profits de 9 G$, Suncor défend les subventions pour la plateforme Terra Nova
Suncor a réalisé un béné‐ fice net de 9,1 milliards de dollars en 2022. L’une de ses hautes dirigeantes de la pétrolière basée à Calgary défend les subventions gouvernementales reçues pour la plateforme Terra Nova, au large de TerreNeuve.
Nous sommes profondé‐ ment reconnaissants pour le soutien des gouvernements provincial et fédéral, a affirmé dans une entrevue, vendredi, la vice-présidente principale de Suncor, Shelley Powell.
Selon elle, le financement provenant de fonds publics a été crucial pour assurer la via‐ bilité du projet et maintenir plus de 1000 emplois à TerreNeuve-et-Labrador.
Des rénovations à l’unité flottante Terra Nova, qui n’a pas extrait de pétrole depuis la fin de 2019, ont été finan‐ cées en grande partie par 205 millions de dollars en sub‐ ventions provenant d’un fonds fédéral créé en 2020 ad‐ ministré par le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador.
Lorsqu’une entente a été conclue en juin 2021, on crai‐ gnait que ce ne soit la fin pour Terra Nova. En plus du finan‐ cement octroyé, la province a aussi accepté de renoncer à quelque 300 millions de dol‐ lars en redevances futures.
L’incertitude sur l’avenir de Terra Nova était entretenue à un moment où les confine‐ ments et les restrictions de voyage occasionnés par les premiers mois de la pandémie de COVID-19 avaient fait chu‐ ter la demande pour le pé‐ trole, et fait plonger l’essence à des prix très bas.
Le paysage économique est évidemment drastique‐ ment différent aujourd’hui. Les pétrolières comme Sun‐ cor engrangent des profits sans précédent, car les prix du pétrole ont explosé. En 2022, le bénéfice net de 9,1 milliards de Suncor était le double des 4,1 milliards déclarés un an plus tôt.
Andrew Parsons, le mi‐ nistre de l’Énergie de TerreNeuve-et-Labrador, a déclaré jeudi dans une entrevue à La
Presse canadienne que c’était assez pour que n’importe qui ait envie de serrer les poings de colère.
C’est frustrant quand vous vous faites dire qu’un projet est moribond, et qu’ils vous annoncent ensuite des profits de plusieurs milliards de dol‐ lars, a-t-il dit, reconnaissant qu’il n’y avait pas grand-chose que l’on puisse y faire.
Au total, la province a ver‐ sé 284,5 millions après le dé‐ but de la pandémie à des en‐ treprises pétrolières et ga‐ zières extracôtières, prove‐ nant d'un transfert de 320 millions reçu d'Ottawa.
Fin promise des fonds publics pour les combus‐ tibles fossiles
Le Canada continue de
subventionner les combus‐ tibles fossiles à haute échelle. Il était récemment deuxième parmi les pays du G20 pour le financement de projets de combustibles fossiles à partir de fonds publics, après avoir été premier peu avant.
Ottawa maintient néan‐ moins qu’il compte devenir le premier des pays du G20 à cesser de verser des fonds pu‐ blics à l’industrie du pétrole, du gaz et du charbon. Le mi‐ nistre fédéral de l’Environne‐ ment et du Changement cli‐ matique, Steven Guilbeault, déclarait en novembre que ce serait terminé d’ici l’été 2023.
Il s’agit d’une promesse électorale du Parti libéral fé‐ déral, enchâssée dans l’en‐ tente que le gouvernement Trudeau, minoritaire, a conclue l’an dernier avec le NPD.
Au large de Terre-Neuve, Terra Nova est l’une de quatre plateformes extracôtières ex‐ ploitant des champs pétroli‐ fères matures, avec Hebron, Hibernia et White Rose. Sun‐ cor possède des intérêts dans chacune d’entre elles.
Terra Nova était en cale sèche en Espagne, où elle a subi des rénovations ma‐ jeures destinées à la rendre capable d’extraire du pétrole pour 10 autres années.
Après un voyage transat‐ lantique, le navire est arrivé la semaine dernière dans la baie de Conception, à Terre-Neuve, pour que les inspections d’usage soient effectuées.
Suncor affirme que la pro‐ duction pétrolière va re‐ prendre entre avril et juin, cette année, et doit atteindre 29 000 barils par jour. Il reste‐ rait l’équivalent de 80 millions de barils de pétrole à extraire de ce champ pétrolifère ex‐ tracôtier.
Le renflouement financier de la plateforme par le gou‐ vernement a été accompagné d’un ménage organisationnel. Quatre des sept partenaires — Chevron, Equinor, Exxon‐ Mobil et Mosbacher — qui dé‐ tenaient environ 40 % des ac‐ tions se sont retirés. Les trois autres — Husky (depuis ac‐ quis par Cenovus), Mur‐ phy Oil et Suncor — ont aug‐ menté leur participation.
D’après le reportage de Terry Roberts (CBC) et avec des renseignements de La Presse canadienne