Radio-Canada Info

Le plongeur: en avant, jeunesse!

- Helen Faradji

Francis Leclerc adapte le succès de librairie de Sté‐ phane Larue. À voir en salle dès le 24 février.

En 2016, l’onde de choc avait été ressentie partout. Stéphane Larue publiait son premier roman, Le plongeur, dans lequel un jeune homme accro au jeu découvrait la fé‐ brilité sale des cuisines d’un restaurant montréalai­s.

Quelques prix prestigieu­x plus tard, voici donc l’incarna‐ tion sur grand écran de ce ré‐ cit plus rock que sage, plus noir que gris, plus vivant que chic, sous la houlette éner‐ gique de Francis Leclerc et de son coscénaris­te Eric K. Bou‐ lianne, et mettant en vedette Henri Picard.

Nous avons rencontré le réalisateu­r.

Pouvez-vous nous racon‐ ter votre première ren‐ contre avec le roman? Francis Leclerc :

Ma blonde– qui est productric­e et qui lit tout – l’a lu la semaine où c’est sorti et me l’a donné en me disant : C’est vraiment pour toi .

Je l’ai lu en deux jours et j’ai trouvé ça tellement imagé, tellement fort. Je me suis dit qu’il fallait sauter sur ce livre, mais il y avait beaucoup de monde sur les rangs.

J’ai donc contacté un pro‐ ducteur en lui envoyant un document de deux pages qui détaillait ce que je voyais dans ce roman, mais il m’a répondu que le projet était déjà vendu à un autre producteur… Par des amis, j’ai trouvé l’adresse de Stéphane Larue et je lui ai envoyé mes deux pages en lui disant que si rien ne se pas‐ sait d’ici cinq ans, moi, j’allais être là quand même!

Le roman adonc réson‐ né particuliè­rement fort chez vous pour faire toutes ces démarches? F.L. :

Oui. C’est relié à quelque chose de très nostal‐ gique, je crois. Ce Montréal de la fin des années 1990-début 2000, je l’ai fréquenté alors que j’étais jeune père.

L’appartemen­t de Jade, dans le film, c’est l’appart que j’avais à ce moment-là, avec des colocs, dont Normand

Daneau. Chaque appart, chaque coin de rue, chaque bar, les Foufs [Foufounes élec‐ triques]… tout ce qui est dans le film est lié à cette période de ma vie.

Le roman a fait ressurgir en moi cette jeunesse, ce dé‐ sir de faire une vie qui a de l’al‐ lure, cette passion. Et je dois dire aussi qu’après L’arra‐ cheuse de temps, j’ai voulu retrouver ce funde travailler avec des jeunes de 20 ans. Mes enfants ont cet âge-là; j’aimebeauco­up leur énergie, celle de leurs amis aussi.

Le roman a-t-il aussi li‐ béré quelque chose dans votre mise en scène? C’est la première fois que vous vous aventurez du côté d’une réalisatio­n plus sau‐ vage, plus rock, plus sale… F.L. :

Je l’ai plus fait en télé, mais c’est vrai. Pour Pieds nus dans l’aube, je voulais une facture classique, pour qu’il vieillisse bien. L’arracheuse de temps, c’était un conte. Mais là, avec Steve Asselin, avec qui j’ai fait mes six films, je voulais qu’on aille ailleurs. J’ai ressorti la 35 mm pour faire des ralen‐ tis; on fait des zooms; je vou‐ lais qu’on essaye d’être le plus organique possible parce qu’on est dans une cuisine. Marche à l’ombre, que j’ai fait pendant trois ans, a été un la‐ boratoire où se lâcher, et j’ai pu retrouver et peaufiner dans Le plongeur ce qu’on y avait essayé.

Et puis, pour moi, les an‐ nées 70 sont partout dans le film. En fait, c’est ce que j’avais dit à Stéphane Larue : en li‐ sant, je vois du Scorsese des années 70, et il avait capoté! Ça l’a allumé, et il a tout fait pour que je puisse faire le film.

La bande musicale aligne les tubes des années 1990-2000. On sait combien les droits peuvent être onéreux… Pourquoi teniezvous à ce que toutes ces chansons soient là? F.L. :

Il n’y a aucune mu‐ sique originale, et dès le scé‐ nario, un tiers des chansons était déjà là. Et c’est fou comme le taux de réponse a été positif et abordable!

Radiohead a été le premier à nous dire oui. En 48 heures, on avait un message de Thom Yorke, qui avait vu un extrait et consulté ma vision et qui disait oui, pour un prix assez raisonnabl­e. Ces gars-là re‐ fusent de faire des Marvel! C’était fou.

J’ai souvent l’occasion d’être de l’autre côté à cause des chansons de mon père, et quand des jeunes me de‐ mandent les droits, je les cède souvent pour un montant su‐ per symbolique; je trouve ça important. Mais que des mé‐ gastars aient fait ça aussi, je trouve ça impression­nant!

Voyez-vous des paral‐ lèles entre le monde des cuisines et celui des pla‐ teaux de tournage? F.L. :

J’avais invité Sté‐ phane sur le tournage de Marche à l’ombre, et il a vécu de quoi. Il m’a tout de suite dit que c’était exactement comme dans une cuisine : un gros rush, tout le monde en même temps qui respecte les codes dès qu’on dit action! , mais avant et après, c’est le bordel; avec la même am‐ biance, les gens qui se parlent bête et vite. Il retrouvait la même énergie. Et comme dans une cuisine, on peut réunir des gens hyper diffé‐ rents; un coiffeur de 58 ans et un jeune machino de 22 assis ensemble, sans aucun intérêt commun sauf celui du film qui se fait en ce moment.

Dans une cuisine, c’est la même chose : un amalgame de monde obligé de travailler ensemble, des collègues… Peut-être pas de vrais amis, mais une famille. En cuisine comme au cinéma…

Complément­s: Écoutez l’épisode du ba‐ lado

Plein écran consacré à l’adaptation avec Francis Le‐ clerc Le plongeur, un succès littéraire bientôt à l’écran Le plongeur projeté en première aux Rendez-vous Québec Ci‐ néma le 22 février Henri Pi‐

card en vedette dans l’adaptation du roman Le plongeur Roy Dupuis et Francis Leclerc dans

Pieds nus dans l’aube : la bien‐ veillance avant tout L’arra‐ cheuse de temps : à l’épou‐ vante!

Le plongeur, en salle le 24 février.

La bande-annonce (source : YouTube)

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