Radio-Canada Info

Être violoneux au Festival du Voyageur, de grand-père en petit-fils

- Gavin Boutroy

Les Autochtone­s sont à l’honneur au Festival du Voyageur à l’occasion de la journée Louis Riel. Le violo‐ neux métis Michael Au‐ dette a pu monter sur scène devant son grandpère de 94 ans, celui-là même qui lui a appris à jouer.

Dans la cabane à sucre, une demi-douzaine d’enfants dansent la gigue devant la scène. Michael Audette joue du violon, portant une veste perlée en cuir d’orignal, usée sous le côté gauche du men‐ ton. C’est là que le violoneux, et son grand-père avant lui appuient leur instrument.

Ce violon, tout comme la veste perlée par la grandmère de Michael Audette, a appartenu à Alex Carriere, as‐ sis dans la foule pour en‐ tendre jouer son petit-fils.

J’adore l’entendre jouer, mon petit-fils est un excellent joueur, affirme-t-il, en expli‐ quant que lui-même a com‐ mencé à jouer du violon au Festival du Voyageur vers 1972.

Trente ans plus tard, Mi‐ chael Audette montait sur scène au Festival pour la pre‐ mière fois. Ça fait depuis 2002 que je joue de la mu‐ sique métisse au Festival, on continue de revenir [...] C’est mon temps de l’année préfé‐ ré, lance-t-il.

La plupart des gens prennent leur congé en été. Moi je prends mon congé en février, pendant le Festival, alors je peux être ici presque chaque jour, en train de jouer, ajoute-t-il.

Son grand-père a souvenir de la même chose : dès les an‐ nées 1970, il prenait une se‐ maine de congé pour pouvoir jouer du violon au Festival. Il a, depuis, accroché son vio‐ lon.

C’est difficile de trouver un bon violon, explique Alex Car‐ riere. Alors un jour, j’ai dit à Michael, aujourd’hui c’est ton anniversai­re, je vais te donner mon violon, et j’arrête. [...]

Sept ans plus tard, je n’ai tou‐ jours pas joué un seul numé‐ ro.

J’ai dit à Michael : je t’ai donné mon violon, alors je ne joue plus. Il a dit : je t’achète une mandoline. Alors il m’a acheté une mandoline, j’ai ap‐ pris à la jouer, j’avais déjà 86 ans, je crois.

Il note que la mandoline est plus pratique que le vio‐ lon, puisqu’il ne doit pas lever les bras. Ce n’est pas la même chose, mais ça m’occupe, ajoute Alex Carriere.

Il dit que son petit-fils a toujours eu l’oreille musicale. À 2 ans, il disait pépère, pé‐ père, je veux jouer et faisait semblant de jouer en regar‐ dant son grand-père jouer à la télévision, se remémore M. Carriere. Il arrêtait de jouer quand la musique s’arrêtait à la télévision, il pensait que c’était lui qui créait la mu‐ sique, ajoute-t-il avec un rire bienveilla­nt.

Beaucoup de personnes m’appellent et me disent : c’est comme toi quand tu étais sur scène, souligne le grand-père, avec fierté.

Pour Michael Audette, cette tradition que son grandpère lui a enseignée joue un rôle important dans son iden‐ tité métisse. Le violon était souvent le seul instrument as‐ sez léger pour emporter à dif‐ férentes places [pour les Mé‐

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada