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Ancien pensionnat : la Première Nation Tseshaht détecte 17 lieux de sépultures présumées

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La Première Nation Tse‐ shaht a dévoilé, mardi, les résultats de son enquête préliminai­re et a annoncé la découverte d’au moins 17 lieux de sépultures non marquées près de l’ancien pensionnat pour Autoch‐ tones de Port Alberni, sur l’île de Vancouver.

Il y a encore beaucoup de travail à faire et ce nombre est un minimum, indique Brian Whiting, gestionnai­re de la di‐ vision de géophysiqu­e chez GeoScan, la compagnie char‐ gée des recherches par géora‐ dar. Pour l’instant, seulement 12 hectares sur une centaine identifiés près de l’ancien pen‐ sionnat ont été passés au peigne fin.

La présence de forêt sur le site rend la tâche complexe et la préservati­on de sépultures est difficile dans ces condi‐ tions, ajoute-t-il.

Brian Whiting rappelle aus‐ si un point important : nous ne pouvons voir et identifier aucun reste humain à ce point, nous parlons plutôt d’indices indirects, comme des trous ou des espace‐ ments significat­ifs dans le sol.

Un système de géoradars a permis de sonder les lieux au cours des 18 derniers mois, une technique employée dans la recherche de sépul‐ tures dans de nombreuses communauté­s au Canada, no‐

tamment à Kamloops.

Des récits qui accom‐ pagnent les recherches techniques

Il y a deux différents moyens d’accéder à la vérité, la partie technique n’en est qu’une.

Brian Whiting, gestionnai­re de la division de géophysiqu­e chez GeoScan

À l’aide d’entretiens avec des survivants, d’archives his‐ toriques et d'autres docu‐ ments, la Première Nation met aussi à jour les données du registre du Centre national pour la vérité et la réconcilia‐ tion (CNVR). Elle rapporte que 67 enfants, et non 29 selon les données du centre, ont perdu la vie lors de leur séjour au pensionnat.

Pour certains de ces en‐ fants, nous n’avons que des bribes d’informatio­ns, des noms partiels, parfois des in‐ formations sur la cause, le lieu où ils ont été enterrés, mais nous allons poursuivre le tra‐ vail et communique­r en pre‐ mier lieu avec les familles concernées, affirme le conseiller en chef de la Nation Tseshaht, Wahmeesh, aussi appelé Ken Watts.

Selon la directrice de ces recherches, Sheri Meding, beaucoup de ces enfants sont morts de maladies, à la suite de négligence­s. Elle dénote aussi parmi les thèmes récur‐ rents dans les récits des survi‐ vants : des témoignage­s d’en‐ fants morts sortis du pension‐ nat, de restes de crânes ou de squelettes humains vus par d’autres enfants sur le site de l’établissem­ent.

Les abus physiques et les violences sexuelles font aussi partie des récits du pension‐ nat de Port Alberni. En 1995, Arthur Plint, un ancien super‐ viseur du pensionnat, a d’ailleurs été reconnu cou‐ pable de pédophilie et condamné à 11 ans de prison.

Le processus qui nous conduit aux résultats présen‐ tés aujourd’hui doit se pour‐ suivre, car les gens ont besoin d’une fin, souligne Randy Fred, un survivant qui a passé neuf ans au pensionnat et qui a d’ailleurs témoigné devant la Cour suprême du Canada en 1995.

Nous ne connaîtron­s ja‐ mais le nombre exact d’en‐ fants disparus, mais nous sommes engagés à faire la lu‐ mière sur ce qui s’est passé et à honorer les survivants et les enfants qui ne sont jamais re‐ venus.

Wahmeesh, conseiller en chef de la Nation Tseshaht

Des centaines d’enfants ont fréquenté le pensionnat de Port Alberni. À titre d'exemple, plus de 300 y sé‐ journaient en 1967, d’après le gouverneme­nt canadien.

Selon la Première Nation Tseshaht, des enfants venant d’au moins 100 communauté­s autochtone­s différente­s ont fréquenté le pensionnat entre 1900 et 1973.

La plupart des enfants qui ont vécu dans ce pensionnat venaient de l’île de Vancouver et des communauté­s côtières et intérieure­s du Nord, selon le gouverneme­nt fédéral.

Ligne bilingue d'appui pour les survivants des pen‐ sionnats pour Autochtone­s : 1 (866) 925-4419

L'établissem­ent de Port Al‐ berni est l’un des 18 pension‐ nats pour Autochtone­s qui ont existé en Colombie-Bri‐ tannique.

Entre 1870 et 1990 au pays, plus de 150 000 enfants autochtone­s ont été envoyés de force dans un des 139 pen‐ sionnats gérés par des organi‐ sations religieuse­s au Canada.

Aide et soutien

Une ligne téléphoniq­ue bi‐ lingue d'aide aux anciens des pensionnat­s autochtone­s et aux personnes touchées par les pensionnat­s offre du sou‐ tien psychologi­que et fournit des références pour l'obten‐ tion d'aide. Elle est disponible 24 heures sur 24, au 1 866 925-4419. La Ligne d'écoute d'espoir pour le mieux-être (nouvelle fenêtre) (Nouvelle fenêtre) apporte une aide immédiate à tous les membres des peuples au‐ tochtones, avec des conseiller­s sensibilis­és aux réalités culturelle­s, par télé‐ phone (1 855 242-3310) ou par clavardage. De l'aide est égale‐ ment disponible sur demande en cri, en ojibwé ou en inukti‐ tut. La Colombie-Britanniqu­e propose également deux ser‐ vices de soutien, en anglais. La ligne téléphoniq­ue KUU-US est offerte aux membres des Premières Nations, en tout temps, par téléphone, au 1 800 588-8717, ou sur le web, au kuu-uscrisisli­ne.com (nou‐ velle fenêtre)(Nouvelle fe‐ nêtre). L'Indian Residentia­l School Survivors Society, en

Colombie-Britanniqu­e, offre également une ligne de crise, au 1 866 925-4419.

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