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L’approche de Higgs pourrait nuire au recrutemen­t des médecins, dit la Société médicale

- Michel Corriveau

La Société médicale du Nouveau-Brunswick a vou‐ lu remettre les pendules à l’heure, mardi, après que le premier ministre Blaine Higgs ait déclaré que « si chaque médecin de notre province prenait deux ou trois patients de plus par semaine, nous n'aurions pas de liste d’attente ».

Lundi, en conférence de presse à Charlottet­own, le premier ministre du Nou‐ veau-Brunswick, Blaine Higgs a suggéré que les médecins de famille devraient prendre davantage de patients.

Ces propos ont suscité plusieurs réactions, à com‐ mencer par la présidente de la Société médicale du Nou‐ veau-Brunswick, Dre Michèle Michaud, qui est aussi méde‐ cin de famille.

Avec les ressources en place, on n’y arrivera pas juste en disant prenez-en deux, trois de plus.

Dre Michèle Michaud, pré‐ sidente de la Société médicale du Nouveau-Brunswick et médecin de famille

Selon Dre Michaud, les mé‐ decins de famille sont loin de se tourner les pouces. Ce qui est important qu’on com‐ prenne, c’est que les méde‐ cins de famille qui sont déjà en communauté ont déjà leur capacité au maximum, et même au-delà de leur maxi‐ mum depuis un certain temps.

Des tâches multiples et des patients plus malades

D’une part, les médecins soignent des patients dont les besoins sont de plus en plus sérieux, surtout dans le contexte d’une population vieillissa­nte.

La clientèle est de plus en plus malade, et on a encore plus besoin de temps pour chaque patient, explique Dre Michaud.

Aussi, le travail des méde‐ cins de famille ne se limite pas aux rendez-vous en cabinet. Les tâches sont multiples, comme par exemple travailler à l’urgence, faire de l’obsté‐ trique, des accoucheme­nts, des cliniques de suivi de gros‐ sesse, les soins palliatifs, on fait de plus en plus de cli‐ niques d’oncologie égale‐ ment, en plus aussi de servir les foyers de soins, qui ont be‐ soin aussi de médecins pré‐ sents sur place de façon régu‐ lière, souligne-t-elle.

En plus de ces tâches, s’ajoutent le suivi de la santé des patients, la gestion des ré‐ sultats des examens, ainsi que la gestion de personnel et les autres tâches administra‐ tives.

Un message négatif pour le recrutemen­t

Pour alléger les listes d’at‐ tente, la présidente de la So‐ ciété médicale du NouveauBru­nswick suggère plutôt de combler le manque de res‐ sources humaines. Cela per‐ mettrait, par exemple, de sou‐ tenir le travail collaborat­if dans des cliniques.

De demander plus aux mé‐ decins de famille actuelleme­nt n’est pas nécessaire­ment la solution, on risque au contraire de causer plus d’épuisement profession­nel au niveau des médecins en communauté, déplore-t-elle.

Ça risque aussi à long terme et moyen terme de nuire à notre recrutemen­t et la rétention des médecins qui sont déjà en place.

Dre Michèle Michaud, pré‐ sidente de la Société médicale du Nouveau-Brunswick et médecin de famille

La cheffe du Parti libéral du Nouveau-Brunswick, Su‐ san Holt, comprend mal la sortie du premier ministre. C’était un commentair­e un pe‐ tit peu irresponsa­ble, de juste dire, hey, prends deux ou trois autres personnes par se‐ maine, ça ne respecte pas la nature du problème.

Selon elle, ces commen‐ taires, faits sur une tribune ré‐ gionale – il a fait cette déclara‐ tion à la suite d'une rencontre des premiers ministres de l'At‐ lantique – n’aident pas le Nouveau-Brunswick. Ce n’est pas un bon message pour at‐ tirer du monde, qu'ici on de‐ mande à nos médecins d'en faire plus, ça ce n’est pas un bon message de recrutemen­t.

La porte-parole en Santé pour le Parti vert, Megan Mit‐ ton, trouve elle aussi étranges les commentair­es de Blaine Higgs. C’est pas seulement bi‐ zarre, mais c’est un problème que le premier ministre at‐ taque les différents profes‐ sionnels dans les soins de santé.

La députée rejette l’idée que les médecins n’en font pas déjà assez. Ce n’est pas le cas qu’ils s’assoient et ne font rien, alors c’est un peu une at‐ taque sur les médecins.

Comme la Société médi‐ cale et la cheffe libérale, Me‐ gan Mitton croit que dévelop‐ per une approche collabora‐ tive pourrait contribuer à ré‐ duire les listes d’attente pour un médecin de famille.

Il faudrait aussi, selon elle, embaucher davantage de mé‐ decins dans les hôpitaux, pour réduire les tâches des médecins de famille, qui pour‐ raient ainsi avoir davantage de temps à consacrer à leurs patients.

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