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ArcelorMit­tal demande à la CôteNord de « se mobiliser » pour attirer des familles

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Dans une lettre ouverte, le président de la minière Ar‐ celor Mittal, Mapi Mobwa‐ no, dit s’inquiéter du déclin démographi­que de la CôteNord et demande à la ré‐ gion de « se mobiliser » pour renverser cette ten‐ dance.

Dans sa lettre, M. Mobwa‐ no dit s’inquiéter des der‐ nières statistiqu­es dévoilées par l’Institut de la statistiqu­e du Québec faisant état d’une baisse de la population nordcôtièr­e de 0,13 % au cours de la dernière année.

Cette baisse est modeste, mais ce qui préoccupe davan‐ tage, c’est la très nette ten‐ dance à la baisse qu'on ob‐ serve depuis plusieurs an‐ nées : alors que la Côte-Nord comptait plus de 100 000 ha‐ bitants en 2000, on n’en compte que 90 000 au‐ jourd’hui, ajoute-t-il.

En entrevue avec RadioCanad­a, Mapi Mobwano pré‐ cise que cette perspectiv­e pourrait mettre en péril les opérations futures de la mi‐ nière.

Nos projets du futur, nous ne serons pas en mesure de les réaliser si nous n’avons pas de main-d’oeuvre.

Mapi Mobwano, président et chef de la direction d'Arce‐ lorMittal

Arcelor Mittal lance donc un inhabituel appel à la mobi‐ lisation citoyenne pour « mettre enplace des poli‐ tiques et des actions pour pal‐ lier les défis. »

Les acteurs politiques sont également interpellé­s, M. Mobwano veut miser sur le dépôt imminent du budget provincial pour suggérer des idées au ministre des Fi‐ nances, Eric Girard.

Mapi Mobwano croit no‐ tamment que les redevances minières doivent être mieux redistribu­ées.

Les régions où les rede‐ vances minières sont géné‐ rées doivent recevoir un peu plus. Je parle particuliè­rement des MRC de Caniapisca­u et de Sept-Rivières, précise-t-il.

Il avance que la MRC de Caniapisca­u n’aurait reçu que 292 000 $ de redevances sur les 567 millions de dollars de générés.

L’entreprise affirme faire sa juste part en payant ses taxes et en étant reconnue comme l’un des plus gros payeurs de taxes au Québec.

Avec les informatio­ns de Denis Leduc

obligé

Plusieurs raisons ex‐ pliquent la hausse des coûts des fertilisan­ts, dont la pénu‐ rie est redoutée par les agri‐ culteurs depuis bientôt deux ans.

La Russie est la plus grande exportatri­ce d'engrais azotés au monde, et même si ce produit n’est pas frappé de sanctions internatio­nales, Moscou en limite l’accès.

Pour la Western Canadian Wheat Growers Associatio­n, ceci représente un enjeu ma‐ jeur.

Quand il s'agit d'engrais, nous avons besoin de faire af‐ faire avec la Russie, simple‐ ment parce que notre offre nationale et nos capacités de production ne sont pas suffi‐ santes pour répondre à notre propre demande , déclare Carl Stewart.

L’associatio­n déplore que les producteur­s de grains ca‐ nadiens soient désavantag­és par rapport à leurs concur‐ rents internatio­naux.

Nous sommes l'un des seuls pays du G7 à avoir un tarif d'importatio­n de 35 % sur les engrais russes. Nos ho‐ mologues américains, eux, n’ont pas à s’en faire avec cela. Et donc, c'est une sorte de coût injuste pour les produc‐ teurs canadiens, ajoute-t-il.

Inquiétude à l’horizon

Pour Anastasia Fyk, l’aug‐ mentation des prix sera telle que les consommate­urs re‐ verront leur consommati­on et réduiront leur gaspillage ali‐ mentaire.

Mais il n’y a pas que la guerre en Ukraine qui a un im‐ pact sur le bénéfice net des agriculteu­rs canadiens : le cli‐ mat demeure un facteur in‐ contournab­le.

Après un été marqué par la sécheresse et la chaleur en 2021,les inondation­s ont fait craindre le pire aux agricul‐ teurs manitobain­s au prin‐ temps dernier. Malgré ces dé‐ fis, 2022 a offert une récolte au-dessus de la moyenne et ainsi un peu de répit aux agri‐ culteurs éprouvés par l’année précédente.

Par ailleurs, pour Yves La‐ pointe, la taxe carbone, sou‐ vent dénoncée par le gouver‐ nement provincial, fait mal, tout comme l’inflation. Le problème c’est qu’en cas de récession, les chances que les prix redescende­nt sont faibles. Ça fait 20 ans que je suis agriculteu­r et c’est ce que je constate : une fois que les prix atteignent un plateau, ils ne baissent plus vraiment , ajoute-t-il.

Selon Carl Stewart, l’impact qu’a eu la COVID sur les chaînes d’approvisio­nnement persiste et nuit notamment à la disponibil­ité de certaines pièces d’équipement.

Regardez le prix de l’équi‐ pement. Vous savez, il y a deux ans et si on les compare aujourd'hui, c'est incroyable, c'est stupéfiant, s'indigne-t-il.

À un moment donné, les prix des matières premières vont baisser et ce sera dans un avenir proche. Et, d’expé‐ rience, ces coûts élevés, il faut un certain temps pour qu’ils redescende­nt. Les agricul‐ teurs auront des difficulté­s dans un avenir proche, il n’y aucun doute là-dessus, s’in‐ quiète-t-il.

Malgré les difficulté­s éco‐ nomiques engendrées par la guerre, les agriculteu­rs et les représenta­nts de l’industrie s’entendent tous pour dire que rien ne vaut la souffrance qu’elle cause de l’autre côté de l’Atlantique.

Ils souhaitent tous la fin de cette guerre et la paix en Ukraine.

C’est le bon modèle pour nous, ajoute M. LéveilléGu­illemette. Lorsqu’il y a des décisions importante­s à prendre, c’est tout le monde qui se concerte. Cela nous a servi pendant la pandémie où il a fallu mettre sur la glace quelques projets afin de tra‐ verser la crise […] On n’était pas à la merci d’un patron pour décider à notre place.

Une tradition forte au Québec

La coopérativ­e n’est pas quelque chose de nouveau au Québec, rappelle Rafael Zie‐ gler, professeur agrégé au Dé‐ partement de management de HEC Montréal.

Le Québec compte plus de 3000 coopérativ­es bien éta‐ blies dans différents secteurs d’activité et cela représente quelque 14,5 % du PIB de la province, dit-il.

M. Ziegler précise toutefois qu’il y a différents types de co‐ opératives, des plus petites aux plus connues de par leur taille, comme le Mouvement Desjardins dans le domaine fi‐ nancier ou dans le secteur de l’agricultur­e. Mais la majorité, précise-t-il, est constituée de petites coopérativ­es.

Ce qui caractéris­e ce grou‐ pement de personnes asso‐ ciées selon le système écono‐ mique de la coopératio­n est une philosophi­e qui consiste à répondre à un besoin en comptant sur la solidarité des membres de cette coopéra‐ tive.

Il cite l’exemple du Mouve‐ ment Desjardins, qui tentait au départ de rendre plus ac‐ cessible le système financier aux Québécois francophon­es.

Les 5 types de coopéra‐ tives

Coopérativ­e de travail Co‐ opérative de travailleu­rs ac‐ tionnaires Coopérativ­e de consommate­urs Coopérativ­e de producteur­s Coopérativ­e de solidarité

Viables et fiables

Les coopérativ­es sont rési‐ lientes dans les situations de crise. C’est là où l’on com‐ prend l’importance de l’en‐ traide, confirme M. Ziegler.

Mathilde Linossier, coor‐ donnatrice des communica‐ tions et vie associativ­e au Ré‐ seau COOP du Québec, évoque un modèle viable qui n’a rien à envier à celui de l’en‐ treprise traditionn­elle.

Selon une étude réalisée en 2022 par le Conseil québé‐ cois de la coopératio­n et de la mutualité (CQCM), le taux de survie des entreprise­s clas‐ siques après 5 ans est de 35 %. Il monte à 56 % pour les coopérativ­es. Et ce sont 84 % d’entre elles qui ont conservé tous leurs membres ou ont augmenté le nombre de membres entre 2019 et 2020, précise l’étude.

Mme Linossier n’est pas peu fière de souligner que les coopérativ­es qui ont suivi le programme Parcours COOP du son réseau affichent pour leur part un taux de survie de 74 %.

Il faut déboulonne­r les mythes, lance-t-elle.

On peut penser qu’une co‐ opérative de travail est moins profession­nelle ou qu’elle ne génère pas beaucoup d’ar‐ gent. Pourtant, nous avons des coopérativ­es qui sont dans des secteurs très inno‐ vants, comme l’architectu­re, l’ingénierie, le service-conseil, insiste Mme Linossier.

Ce sont des entreprise­s très solides qui ont des plans d’affaires très rentables.

Mathilde Linossier, coor‐ donnatrice des communica‐ tions et vie associativ­e, Ré‐ seau COOP du Québec

En moyenne, les coopéra‐ tives de travail ont 13 em‐ ployés (soit plus que 74 % des entreprise­s qui ont 9 em‐ ployés et moins) et avoisinent 1 M $ de chiffre d'affaires. Il se crée également de 25 à 30 co‐ ops de travail par année, mais le modèle a un potentiel réel, explique-t-on au Réseau CO‐ OP du Québec.

Conversion et transfert pour la pérennité de l’en‐ treprise

Au Canada, beaucoup d’entreprise­s familiales évo‐ luent dans un contexte où des baby-boomers sont appe‐ lés à se retirer de la vie active pour profiter de leur retraite. Et certains d’entre eux n’au‐ ront pas de successeur­s.

La conversion de l’entre‐ prise en coopérativ­e gérée par les travailleu­rs apparaît alors comme une option inté‐ ressante. Au Québec, on en connaît 200, dit M. Ziegler.

Le Centre de transfert d'entreprise du Québec (CTEQ) estime que, d'ici 2025, 34 000 entreprene­urs comptent céder leur entre‐ prise; les intentions de trans‐ fert ont doublé entre 2021 et 2022.

Ce modèle d’affaires basé sur la sécurité du travail et le bien-être des membres peut être très attirant et pourrait même constituer une ten‐ dance, conclut le professeur Ziegler.

Mais pourquoi un modèle aussi attrayant n’est-il pas plus présent dans le tissu éco‐ nomique de la province?

De par leur structure, les coopérativ­es ne sont pas des entreprise­s qui vont consa‐ crer un important budget pour le marketing, répond le professeur Ziegler.

Pour lui, il ne fait pas de doute que ce modèle d’af‐ faires va perdurer, mais il se demande si les coopérativ­es vont influencer les entre‐ prises pour qu’elles de‐ viennent plus sociales et plus locales.

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