La Société Alzheimer en quête de financement pour étendre un projet pilote en Ontario
Lorsque Alfred Aquilina a emmené sa femme dans un foyer de soin de longue durée en janvier, cela a été difficile. Il savait pourtant que c'était la bonne déci‐ sion pour sa femme Mer‐ cedes Aquilina, âgée de 65 ans, alors que les pre‐ miers signes de démence et de la maladie d’Alzhei‐ mer se faisaient sentir.
C’est un sentiment terrible que de laisser une personne chère là.
Alfred Aquilina, marie de Mercedes Aquilina
Je me demande comment elle se sent, quitter la maison qu’elle a bâtie avec moi et où nous avons élevé nos enfants. Toutes ses affaires sont ici, ce qui a pu la construire, ex‐ plique Alfred Aquilina depuis sa maison à Sault-Sainte-Ma‐ rie.
Toutefois, un visage fami‐ lier attendait sa femme sans sa nouvelle maison.
Alfred Aquilina et sa femme faisaient partie du projet pilote de la Société Alz‐ heimer de l’Ontario dans plu‐ sieurs communautés dans le Nord de la province. Ce projet jumelle des employés qui pré‐ parent une personne en si‐ tuation de démence, et sa fa‐ mille, à l’installation dans un foyer de soin de longue du‐ rée. Ces employés continuent par la suite un suivi sur place pendant trois semaines.
La Société Alzheimer de‐ mande au gouvernement provincial près de 22 millions de dollars pour financer ce programme de transition.
Les hôpitaux ne sont pas une bonne solution, se‐
Près d’un tiers des rési‐ dents atteints de démence iront aux urgences dans le mois suivant leur admission. Selon la Société Alzheimer de l’Ontario, cette expérience peut être stressante et même traumatisante pour ces per‐ sonnes.
L'environnement hospita‐ lier est perturbant et décon‐ certant, explique Cathy Bar‐ rick, PDG de la Société Alzhei‐ mer de l’Ontario. Elle souligne qu’une personne atteinte de démence ne devrait pas être amenée aux urgences mais qu’en ce moment, l'hôpital est
la seule option pour plusieurs familles.
Elle ajoute que ces per‐ sonnes nécessitent beaucoup d’attention et de soins, et que le personnel hospitalier est actuellement surchargé de responsabilités.
De nombreuses de‐ mandes de financement
La Société Alzheimer de l’Ontario a fait trois demandes de financement, dont 7,6 mil‐ lions de dollars pour l'agran‐ dissement d’un projet pilote dans la région de Bradford. Ce montant serait investi dans le cadre de programmes com‐ munautaires pour les per‐ sonnes atteintes de démence.
Un montant de 3,3 millions de dollars serait également versé dans un programme qui aurait pour but d’orienter les personnes diagnostiquées à des programmes de soutien. Selon la société, les fonds sup‐ plémentaires pourraient aider près de 5000 nouveaux pa‐ tients.
Hannah Jensen, porte-pa‐ role pour la ministre de la Santé Sylvia Jones, explique que la province a accordé 5 millions de dollars dans le cadre de la stratégie de lutte contre la démence, dont des programmes de soutien rési‐ dentiels et communautaires, des services d’orientation pour les patients et plus de formation et d'éducation pour les organismes et les préposés.
Mercedes Aquilina est dans un centre de soins de longue durée depuis sept se‐ maines. M. Aquilina, son conjoint, explique que son état change d’un jour à l’autre, mais qu’elle essaie d’accepter sa situation. Et, malgré son ar‐ ticulation qui parfois est in‐ compréhensible, elle est de bonne humeur et fait des blagues de temps en temps.
Mais je rigole quand même, parce que ça me fait plaisir de la voir heureuse, ditil.
Aves les informations de La Presse canadienne
plus rien à perdre, j’ai décidé de me battre!
Guylaine Nadeau, patiente des Îles-de-la-Madeleine
À bout de ressources, la Madelinienne a été contrainte de lancer une levée de fond afin de subvenir à ses besoins d'hébergement et de trans‐ port durant son séjour à Qué‐ bec.
Je me sens délaissée par le gouvernement et par le CISSS des iles. Les seuls qui nous ont aidés sont les Madelinots.
Guylaine Nadeau
Le CISSS des Îles explique la situation par une pénurie de personnel.
On veut rapatrier tous les Madelinots qui sont à l'exté‐ rieur avec ces traitements-là, mais on doit être en mesure de s'assurer de leur donner des traitements de façon sé‐ curitaire en termes de traite‐ ment et en termes de res‐ sources humaines, indique la directrice par intérim aux soins infirmiers du CISSS, Ju‐ dith Arseneault.
La mise en place d'un ser‐ vice d'hémodialyse aux Îlesde-la-Madeleine a pourtant été inaugurée en 2019 afin de rapatrier les Madelinots qui devaient recevoir de l’hémo‐ dialyse à l'extérieur des îles.
De son côté, le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arse‐ neau, estime qu'il est inconce‐ vable au Québec qu’une fa‐ mille doive se déraciner pour obtenir des soins à ses frais, en grande partie.
Il assure qu'il se tournera vers le ministère de la Santé et des Services sociaux en dé‐ but de semaine afin qu'il sou‐ tienne le CISSS des Îles pour offrir les ressources humaines nécessaires pour offrir le ser‐ vice immédiatement et favori‐ ser le retour à la maison.
Je vais écrire à la PDG du CISSS des Îles pour lui deman‐ der de faire tous les efforts et lui offrir ma collaboration pour que les moyens soient mis en place pour rétablir le service dans les plus brefs dé‐ lais, ajoute le député.
Ce n’est pas la première fois qu’un membre de la fa‐ mille Nadeau est aux prises avec des problèmes rénaux, puisqu'il s'agit d'une maladie héréditaire.
Il y a six ans, la soeur de Guylaine Nadeau vivait la même situation. Collette Na‐ deau a dû s'exiler à Québec pour recevoir des traitements d'hémodialyses. Les deux femmes ont milité pour l’im‐ plantation des soins aux îles. Colette Nadeau est décédée en 2018.
Avec les informations de Jean-François Deschênes