Des contaminants éternels dans l’eau potable de villes québécoises
Benoît Barbeau nous ac‐ cueille chez lui, à Saint-Do‐ nat, dans le chalet qui l’a vu grandir et dont il est maintenant propriétaire.
Près de 40 centimètres de neige doivent tomber au cours des prochaines heures, une bonne nouvelle pour la municipalité dont l’économie dépend notamment du tou‐ risme hivernal.
Pendant que les centi‐ mètres s’accumulent à l’exté‐ rieur, Benoît Barbeau nous offre un café. J'ai un pichet fil‐ trant que j'utilise , dit-il. Pour remplir sa machine à café d’eau, par précaution, il utilise un pichet muni d’un filtre. Le quinquagénaire est particuliè‐ rement informé des enjeux touchant l’eau potable. L’ingé‐ nieur se spécialise en traite‐ ment des eaux. Il est égale‐ ment professeur, cotitulaire de la Chaire industrielle en eau potable à Polytechnique Montréal.
Depuis 2021, sa municipali‐ té fait l’objet d’un avis de la santé publique sur la pré‐ sence de manganèse dans l’eau potable. Mais plus ré‐ cemment, un argument s’est ajouté pour justifier la perti‐ nence d’un pichet filtrant.
L’automne dernier, il a ap‐ pris que des collègues scienti‐ fiques avaient découvert des PFAS, des contaminants éter‐ nels potentiellement cancéri‐ gènes, dans l’eau de Saint-Do‐ nat, dont l’approvisionne‐ ment provient de la nappe phréatique.
Des chercheurs ont échan‐ tillonné l’eau potable de 376 municipalités québécoises, dans 17 régions administra‐ tives. L’exercice a commencé en 2018 et représente le por‐ trait le plus complet effectué à ce jour dans le domaine au Québec. Le projet de re‐ cherche a été publié dans le journal scientifique Water Re‐ search.
On s'aperçoit que, sur 300 municipalités, il y en a 2 avec des concentrations plus éle‐ vées, a pu constater Benoît Barbeau en consultant l’étude, dont il n’est pas l’au‐ teur. Saint-Donat en fait par‐ tie, de même que Val-d’Or, aussi approvisionnée en eau souterraine.
La présence de PFAS dans l’eau potable n’est pas une surprise en soi. Les PFAS se trouvent presque partout au‐ tour de nous. Mais les ni‐ veaux détectés à Val-d’Or et à Saint-Donat ont de quoi pré‐ occuper, selon des experts.
Ces deux sites-là sont vrai‐ ment très élevés. Je pense qu'il faut essayer de faire quelque chose pour réduire l'exposition des gens qui boivent cette eau-là, croit Sé‐ bastien Sauvé, professeur de chimie environnementale à l’Université de Montréal, qui a chapeauté la vaste étude.
Pour moi, c'est clair que si j'avais de la famille à Saint-Do‐ nat ou à Val-d'Or, je recom‐ manderais au moins d'essayer d'avoir un traitement supplé‐ mentaire à la maison et de faire pression pour qu'il y ait quelque chose qui se fasse parce que je serais un peu in‐ quiet.
Sébastien Sauvé
Les résultats de Saint-Do‐ nat montrent la présence d’un total de 68 à 82 nano‐ grammes/litre (ng/L) de PFAS par échantillon.
À Val-d’Or, les échantillons varient de 35 à 171 ng/L.