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Ligne Ontario : des élus à Toronto exigent des réponses de Metrolinx

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Trois conseiller­s munici‐ paux de Toronto font pres‐ sion pour plus de transpa‐ rence concernant la nou‐ velle ligne de métro dans la Ville Reine. Ils reprochent à Metrolinx, l'agence provin‐ ciale de transport en com‐ mun chargée de construire la ligne Ontario, d'être trop secrète.

Ausma Malik, Chris Moise et Paula Fletcher ont reçu la semaine dernière le soutien de leurs collègues du Conseil communauta­ire de Toronto et d'East York pour créer un sous-comité chargé d'appro‐ fondir le projet. Le groupe, qui commencera à se réunir le mois prochain, recevra des mises à jour officielle­s du per‐ sonnel de la Ville et pourra en‐ tendre les plaintes des membres de la communauté.

Ausma Malik, qui repré‐ sente le quartier 10, SpadinaFor­t York, explique que le sous-comité a été créé car les communauté­s et représen‐ tants politiques ont été exclus du processus de planificat­ion de la ligne de métro. Metro‐ linx et le gouverneme­nt pro‐ vincial n'ont pas respecté leur engagement communauta­ire, leur responsabi­lité de s'assu‐ rer qu'ils sont à l'écoute des intervenan­ts locaux, dit-elle.

La ligne Ontario de 15,5 ki‐ lomètres a été annoncée par le premier ministre Doug Ford en 2019. L'itinéraire devrait compter 15 stations et traver‐ ser le centre-ville de la Place de l'Ontario à l'ouest jusqu'au Centre des sciences de l'Onta‐ rio à l'est.

Son prix initial était fixé à 10,9 milliards de dollars. Mais en novembre, la province a mis à jour cette estimation, révélant qu'en raison de pro‐ blèmes de chaîne d'approvi‐ sionnement et d'inflation, le prix s’élèverait entre 17 et 19 milliards de dollars. Un montant qui n'inclut pas un certain nombre de coûts, no‐ tamment les trains euxmêmes et leurs installati­ons de stockage.

La constructi­on devait ini‐ tialement s'achever en 2027, mais l’agence Metrolinx n'a pas répondu lorsqu’elle a été interrogée, vendredi, sur la date d’achèvement.

Manque rence de transpa‐

Les critiques remettent en question le plan de Metrolinx et accusent l'agence provin‐ ciale de manque de communi‐ cation et de mauvaise consul‐ tation avec les communauté­s touchées.

Chris Moise, qui repré‐ sente le quartier 13, Toronto Centre, souligne que ses élec‐ teurs sont parmi les plus tou‐ chés par la constructi­on du projet. Selon lui, une bonne planificat­ion découle d'une consultati­on communauta­ire rigoureuse.

Nous avons un besoin urgent de développer nos transports publics, je suis très favorable à la ligne Ontario. Mais nous savons que Metro‐ linx n'a pas toujours été franc et ouvert, déplore-t-il.

Paula Fletcher, qui repré‐ sente le quartier 14, TorontoDan­forth, regrette quant à elle que Metrolinx commu‐ nique son plan en morceaux, ce qui empêche de voir la por‐ tée du projet. Selon elle, le co‐ mité permettra aux conseiller­s d'avoir une vision plus longue du travail.

En ce moment, nous ne voyons que les arbres et nous avons vraiment besoin de voir la forêt.

Paula Fletcher, conseillèr­e municipale, Toronto-Danforth

Le conseiller municipal Josh Matlow, qui représente le quartier 12, Toronto-St. Paul, soutient la formation de ce comité, car il faut tirer les le‐ çons du retard du train léger d'Eglington afin de les appli‐ quer à la ligne Ontario, croit-il.

Plus tôt il y aura de la res‐ ponsabilit­é et de la transpa‐ rence avec Metrolinx, mieux le transport en commun sera construit. Et nous n'accep‐ tons tout simplement pas que Metrolinx puisse faire fi des Torontois sans avoir un endroit où nous exigeons des réponses.

De son côté, l’agence Me‐ trolinx a déclaré dans un com‐ muniqué qu'elle sollicite régu‐ lièrement les commentair­es des communauté­s de Toron‐ to sur la ligne Ontario.

Nous continuons à tra‐ vailler en étroite collaborat­ion avec nos partenaire­s de la Ville de Toronto, en nous réunissant chaque semaine, alors que nous livrons cet im‐ portant projet, a déclaré le service des relations avec les médias de l'agence.

Nous avons coordonné les plans avec le personnel de la Ville et nous nous réjouisson­s à l'idée de poursuivre notre collaborat­ion alors que nous faisons avancer ce projet.

Un tique secret probléma‐

Selon Stephen Wickens, un chercheur et journalist­e indé‐ pendant spécialisé dans les questions de transport en commun, la ligne Ontario était désespérém­ent néces‐ saire depuis au moins quatre décennies, si bien qu’il ne te‐ nait pas rigueur de certains défauts liés au projet. Il sou‐ ligne toutefois être de plus en plus préoccupé par le manque de communicat­ion.

Le secret qui accompagne l'approche de Metrolinx et le manque d'informatio­ns cru‐ ciales à quiconque pourrait poser de bonnes questions est un problème, pense-t-il. Ils aiment utiliser l'excuse qu'il s'agit de matériel commercia‐ lement sensible. Cela ne les sert pas et je ne pense pas que cela serve la population de l'Ontario.

Le journalist­e, qui a rédigé en 2020 un rapport sur la montée en flèche des coûts des projets de métro pour la Residentia­l and Civil Construc‐ tion Alliance of Ontario, af‐ firme que le plan actuel pour‐ rait battre un record en ma‐ tière de frais.

Il me semble, d'après les premiers contrats qui ont été signés, que ce sera le métro le plus cher jamais construit dans ce pays.

Stephen Wickens, cher‐ cheur et journalist­e indépen‐ dant

Stephen Wickens doute que la ligne de métro soit prête avant 2030.

Le comité se réunira le mois prochain pour élaborer le cadre de son action jus‐ qu’au printemps. Il pourrait entendre le bureau d'expan‐ sion du transport en commun de la Ville sur l'état des tra‐ vaux en cours.

Avec les informatio­ns de Shawn Jeffords de CBC

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