L’Alliance de l’Est explore l’idée de construire une ligne de transport à haute tension
Pour répondre à la de‐ mande croissante d'électri‐ cité, l'Alliance de l'Est ne veut plus attendre après Québec et pourrait aller de l'avant en construisant elle-même une ligne de transport pour l'énergie que produiraient ses parcs éoliens.
Des projets de centaines de millions de dollars sont ac‐ tuellement en élaboration dans la filière éolienne au Québec. L’Alliance de l'Est songe donc à installer sa propre de transport d'élec‐ trons pour profiter pleine‐ ment de ce développement.
Est-ce que si on se met en‐ semble, en partenariat, ça peut peut-être débouler vite ou accélérer? Je vois là seule‐ ment des avantages à parler avec les différents partenaires pour y parvenir, tout simple‐ ment, avance le président de la Régie intermunicipale de l'énergie Gaspésie–Îles-de-laMadeleine, Simon Deschênes.
Étant donné la présence d'un goulot d’étranglement énergétique à Rivière-duLoup, Hydro-Québec peut dif‐ ficilement supporter davan‐ tage d’énergie provenant de l'est de ce territoire.
Pour développer tous les parcs éoliens dont rêve l’Al‐ liance, il faudrait une ligne à haute tension plus puissante.
Simon Deschênes a partici‐ pé cette semaine au colloque annuel de l’Association qué‐ bécoise de la production d’énergie renouvelable à Qué‐ bec. Il précise que l'idée a été entendue par plusieurs oreilles attentives.
On veut s'assurer d'aller chercher le maximum de pos‐ sibilités dans ce qui va se pas‐ ser dans les prochaines an‐ nées, dans les différents ap‐ pels d'offres, explique-t-il.
Le réseau électrique a été bâti à une époque, sans pen‐ ser qu’il allait y avoir un déve‐ loppement de la filière éo‐ lienne magistral tel qu'on le vit actuellement.
Simon Deschênes, pré‐ sident de la Régie intermunici‐ pale de l’énergie Gaspésie– Îles-de-la-Madeleine
L’Alliance évoque l’idée de sortir de l’argent de sa poche pour augmenter la capacité énergétique des lignes d’Hy‐
dro-Québec existantes.
Réglementation pourrait changer
Selon le titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau, les règles actuelles ne per‐ mettent pas à l’Alliance de construire sa propre ligne haute tension.
Cependant, la conjoncture est favorable pour lancer le débat. Le spécialiste fait réfé‐ rence au ministre de l'Énergie,
Pierre Fitzgibbon, qui a an‐ noncé des consultations ré‐ glementaires pour moderni‐ ser le cadre d'Hydro-Québec et la Loi sur la Régie de l'éner‐ gie
On a, en 2023, une fenêtre d'opportunité pour, juste‐ ment, amener de nouvelles idées parce qu'on sait que le gouvernement a l'intention de changer sa loi qui encadre Hydro-Québec, pour faire évoluer la réglementation, ex‐ plique le spécialiste.
Je pense que c'est impor‐ tant même d'amener ces nou‐ velles idées parce que c'est important de montrer qu’il y a un dynamisme qui existe dans le secteur de l'électricité.
Pierre-Olivier Pineau, titu‐ laire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal
Questionnée à ce sujet, Hydro-Québec ne considère pas la construction d'une nouvelle ligne à haute tension comme une avenue réaliste puisqu'il y a de nombreux as‐ pects, très complexes, dont il faut tenir compte.
La société d'État est d'avis que la croissance de la de‐ mande ainsi que l’ajout de nouvelle production nécessi‐ tera des investissements structurants sur le réseau.
Par contre, Hydro-Québec précise qu'il ne faut pas sousestimer l’ampleur et de la complexité d’un projet de ligne de transport, dont ses aspects financiers, techniques et de fiabilité, notamment.
Avec les informations de Jean-François Deschênes
rehaussement de la ligne exis‐ tante, expose le porte-parole pour Hydro-Québec, Maxence Huard-Lefebvre.
Ce sont des travaux qui sont beaucoup plus coûteux, qui sont plus longs égale‐ ment. Donc quand on peut augmenter la capacité d’une infrastructure existante, ça peut être une option à privilé‐ gier, ajoute le porte-parole.
Minerai de fer Québec se positionne dans la tran‐ sition énergétique
De son côté, Minerai de fer Québec souhaite obtenir de l’énergie additionnelle pour électrifier certains procédés dans les prochaines années, comme l'explique sa cheffe aux affaires publiques, Noé‐ mie Prégent-Charlebois.
On a mené une étude de faisabilité. Les conclusions sont positives pour qu’on puisse améliorer la teneur de notre concentré de fer à 69 %.
Pour mener ce projet-là, qui représente un investissement de 470 millions de dollars, on a besoin de puissance élec‐ trique supplémentaire, assure celle qui ne souhaite pas pré‐ ciser le nombre de mégawatts nécessaires au projet.
La Ville de Fermont envi‐ sage aussi de poser sa candi‐ dature aux appels d’offres d’Hydro-Québec pour l’octroi de bloc d’énergie éolienne. La région devra donc à la fois convaincre Québec de leur ac‐ corder cette énergie et convaincre Hydro-Québec de construire une nouvelle ligne électrique.