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L’Alliance de l’Est explore l’idée de construire une ligne de transport à haute tension

- Véronique St-Onge

Pour répondre à la de‐ mande croissante d'électri‐ cité, l'Alliance de l'Est ne veut plus attendre après Québec et pourrait aller de l'avant en construisa­nt elle-même une ligne de transport pour l'énergie que produiraie­nt ses parcs éoliens.

Des projets de centaines de millions de dollars sont ac‐ tuellement en élaboratio­n dans la filière éolienne au Québec. L’Alliance de l'Est songe donc à installer sa propre de transport d'élec‐ trons pour profiter pleine‐ ment de ce développem­ent.

Est-ce que si on se met en‐ semble, en partenaria­t, ça peut peut-être débouler vite ou accélérer? Je vois là seule‐ ment des avantages à parler avec les différents partenaire­s pour y parvenir, tout simple‐ ment, avance le président de la Régie intermunic­ipale de l'énergie Gaspésie–Îles-de-laMadelein­e, Simon Deschênes.

Étant donné la présence d'un goulot d’étrangleme­nt énergétiqu­e à Rivière-duLoup, Hydro-Québec peut dif‐ ficilement supporter davan‐ tage d’énergie provenant de l'est de ce territoire.

Pour développer tous les parcs éoliens dont rêve l’Al‐ liance, il faudrait une ligne à haute tension plus puissante.

Simon Deschênes a partici‐ pé cette semaine au colloque annuel de l’Associatio­n qué‐ bécoise de la production d’énergie renouvelab­le à Qué‐ bec. Il précise que l'idée a été entendue par plusieurs oreilles attentives.

On veut s'assurer d'aller chercher le maximum de pos‐ sibilités dans ce qui va se pas‐ ser dans les prochaines an‐ nées, dans les différents ap‐ pels d'offres, explique-t-il.

Le réseau électrique a été bâti à une époque, sans pen‐ ser qu’il allait y avoir un déve‐ loppement de la filière éo‐ lienne magistral tel qu'on le vit actuelleme­nt.

Simon Deschênes, pré‐ sident de la Régie intermunic­i‐ pale de l’énergie Gaspésie– Îles-de-la-Madeleine

L’Alliance évoque l’idée de sortir de l’argent de sa poche pour augmenter la capacité énergétiqu­e des lignes d’Hy‐

dro-Québec existantes.

Réglementa­tion pourrait changer

Selon le titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau, les règles actuelles ne per‐ mettent pas à l’Alliance de construire sa propre ligne haute tension.

Cependant, la conjonctur­e est favorable pour lancer le débat. Le spécialist­e fait réfé‐ rence au ministre de l'Énergie,

Pierre Fitzgibbon, qui a an‐ noncé des consultati­ons ré‐ glementair­es pour moderni‐ ser le cadre d'Hydro-Québec et la Loi sur la Régie de l'éner‐ gie

On a, en 2023, une fenêtre d'opportunit­é pour, juste‐ ment, amener de nouvelles idées parce qu'on sait que le gouverneme­nt a l'intention de changer sa loi qui encadre Hydro-Québec, pour faire évoluer la réglementa­tion, ex‐ plique le spécialist­e.

Je pense que c'est impor‐ tant même d'amener ces nou‐ velles idées parce que c'est important de montrer qu’il y a un dynamisme qui existe dans le secteur de l'électricit­é.

Pierre-Olivier Pineau, titu‐ laire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal

Questionné­e à ce sujet, Hydro-Québec ne considère pas la constructi­on d'une nouvelle ligne à haute tension comme une avenue réaliste puisqu'il y a de nombreux as‐ pects, très complexes, dont il faut tenir compte.

La société d'État est d'avis que la croissance de la de‐ mande ainsi que l’ajout de nouvelle production nécessi‐ tera des investisse­ments structuran­ts sur le réseau.

Par contre, Hydro-Québec précise qu'il ne faut pas sousestime­r l’ampleur et de la complexité d’un projet de ligne de transport, dont ses aspects financiers, techniques et de fiabilité, notamment.

Avec les informatio­ns de Jean-François Deschênes

rehausseme­nt de la ligne exis‐ tante, expose le porte-parole pour Hydro-Québec, Maxence Huard-Lefebvre.

Ce sont des travaux qui sont beaucoup plus coûteux, qui sont plus longs égale‐ ment. Donc quand on peut augmenter la capacité d’une infrastruc­ture existante, ça peut être une option à privilé‐ gier, ajoute le porte-parole.

Minerai de fer Québec se positionne dans la tran‐ sition énergétiqu­e

De son côté, Minerai de fer Québec souhaite obtenir de l’énergie additionne­lle pour électrifie­r certains procédés dans les prochaines années, comme l'explique sa cheffe aux affaires publiques, Noé‐ mie Prégent-Charlebois.

On a mené une étude de faisabilit­é. Les conclusion­s sont positives pour qu’on puisse améliorer la teneur de notre concentré de fer à 69 %.

Pour mener ce projet-là, qui représente un investisse­ment de 470 millions de dollars, on a besoin de puissance élec‐ trique supplément­aire, assure celle qui ne souhaite pas pré‐ ciser le nombre de mégawatts nécessaire­s au projet.

La Ville de Fermont envi‐ sage aussi de poser sa candi‐ dature aux appels d’offres d’Hydro-Québec pour l’octroi de bloc d’énergie éolienne. La région devra donc à la fois convaincre Québec de leur ac‐ corder cette énergie et convaincre Hydro-Québec de construire une nouvelle ligne électrique.

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