Des médecins s’inquiètent du camionnage dans le quartier de la Basse-Ville à Ottawa
Un groupe de médecins a déposé une plainte auprès du gouvernement de l’On‐ tario en raison des risques pour la santé que pose une route qui traverse le quar‐ tier de la Basse-Ville d'Otta‐ wa. Selon eux, la pollution qui émane de cette artère fortement empruntée par les camionneurs est dange‐ reuse pour les résidents.
Jeudi dernier, le comité on‐ tarien de l'Association cana‐ dienne des médecins pour l'environnement a déposé une plainte en vertu de la Loi sur la protection et la promo‐ tion de la santé.
Le groupe de médecins de‐ mande une enquête pour évaluer les risques que pose le camionnage sur le pont Macdonald-Cartier et dans plusieurs rues d'Ottawa, dont l'avenue King Edward, une ar‐ tère importante.
Le secteur que ces ca‐ mions traversent est habité par de nombreuses per‐ sonnes, a déclaré la Dre Sehjal Bhargava, médecin résidente à l'Université d'Ottawa, à CBC News. Une exposition de cette ampleur à des polluants, ça a de lourdes conséquences sur la santé, qui sont assez in‐ quiétantes, selon moi.
Cette plainte fait suite à une série d’actions pour que l’on interdise la circulation des poids lourds dans ce secteur : une préoccupation de longue date dans la communauté.
Les risques liés à la pol‐ lution de l’air
La Dre Bhargava explique qu'une exposition prolongée aux gaz d'échappement des moteurs diesel peut aggraver les problèmes cardiovascu‐ laires et respiratoires, tels que l'asthme et les troubles pul‐ monaires obstructifs chro‐ niques. Cela peut même me‐ ner à des cancers du poumon et à des décès prématurés.
Elle ajoute que les groupes vulnérables comme les per‐ sonnes en situation d’itiné‐ rance sont plus à risque puis‐ qu’elles sont davantage expo‐ sées.
Dans une lettre ouverte adressée au maire d’Ottawa,
Mark Sutcliffe, l'organisme Ecojustice, qui représente le groupe de médecins, rap‐ porte que, selon des re‐ cherches, la qualité de l'air le long de cette route dépasse les normes nationales et in‐ ternationales.
Il est maintenant temps que la Ville prenne des me‐ sures efficaces pour protéger les Ottaviens du centre-ville contre les dangers de la pollu‐ tion causée par le camion‐ nage, écrit le groupe.
La Loi sur la protection et la promotion de la santé de l'Ontario prévoit que la méde‐ cin chef en santé publique d’Ottawa fasse enquête pour déterminer s’il y a bel et bien un danger pour la santé.
Ils ne sont pas là parce qu'ils le veulent
De son côté, le président de l'Association du camion‐ nage de l'Ontario (OTA), Ste‐ phen Laskowski, explique que par le passé, le regroupement s’est montré en faveur de rè‐ glements pour limiter les émissions des poids lourds.
Selon lui, les camions construits depuis l’adoption de ces nouvelles règles émettent une quantité mi‐ nuscule de pollution.
Mike Millian, président du Conseil canadien du camion‐ nage privé (PMTC), affirme que l'industrie a dépensé beaucoup d'argent au cours des dernières décennies pour réduire son empreinte écolo‐ gique.
Vous pouvez désormais installer un drap devant le pot d'échappement d'un camion, et quand vous allez l'enlever, il sera encore blanc, dit-il à d’exemple.
Un récent rapport de San‐ té Canada indique toutefois que les risques pour la santé de l'exposition aux gaz d'échappement des moteurs diesel sont connus depuis longtemps et que le parc de véhicules diesel au Canada est toujours dominé par des mo‐ teurs antérieurs aux plus ré‐ centes normes d'émission.
Mike Millian dit com‐ prendre les préoccupations des résidents et ajoute que de nombreux camionneurs sont du même avis qu’eux. Selon lui, les entreprises de camion‐ nage préféreraient de loin em‐ prunter une voie de contour‐ nement plutôt que d’être ra‐ lenties par le trafic.
Croyez-moi, ces camions ne sont pas là parce qu'ils le veulent, insiste-t-il.
À la recherche de solu‐ tions
La route qui traverse la Basse-Ville fait l'objet de pré‐ occupations depuis des dé‐ cennies.
Pour corriger la situation, on envisage la construction d'un sixième pont reliant Ot‐ tawa et Gatineau qui passe‐ rait par l'île Kettle. On a aussi étudié la possibilité d’un tun‐ nel pour relier le pont Macdo‐ nald-Cartier à l'autoroute 417, mais son coût est estimé à deux milliards de dollars.
Chacun de ces projets s'est buté à une vive opposition de la population, ou encore, à un manque de financement.
Je comprends que c'est un couloir de camionnage très fréquenté, indique la Dre Bhargava. Mais lorsque nous parlons de la santé d'un si grand nombre de per‐ sonnes, je pense qu'il est im‐ pératif que nous agissions ra‐ pidement et maintenant.
Avec les informations de Ben Andrews de CBC News