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Hôpital Carleton Queensway : des médecins se sont opposés au maintien des urgences

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Des courriels internes ré‐ vèlent que des médecins de l'Hôpital Queensway Carleton se sont vivement opposés au maintien de l'ouverture des urgences.

Au moins deux patients ont été exposés à des risques lors d'une panne informa‐ tique à l'Hôpital Queensway Carleton l'année dernière, ce qui a incité des médecins à s'opposer à ce que le service des urgences reste ouvert lors de temps d'arrêt [informa‐ tiques] planifiés ultérieurs, se‐ lon des courriels internes ob‐ tenus par CBC News.

Je pense que [ce sont les conditions] d'un désastre, a insisté un médecin du service des urgences dans un mes‐ sage adressé aux gestion‐ naires de l’Hôpital Queensway Carleton (HQC), fin sep‐ tembre.

L'Hôpital avait déjà connu au moins trois pannes ce mois-là, y compris un code gris majeur le 9 septembre, ayant mis des ordinateur­s, des téléphones et des appa‐ reils médicaux hors service pendant près de 20 heures.

Pour répondre aux inquié‐ tudes, le HQC a averti au per‐ sonnel qu'il serait nécessaire de déclencher d'autres arrêts du système pour le mettre à jour et le réparer, dont un le 28 septembre pendant la nuit.

L'objectif de ce temps d'ar‐ rêt est de remettre notre deuxième serveur en ligne après le code gris. Pour l'ins‐ tant, nous fonctionno­ns avec un seul serveur, s'il tombe en panne, nous n’aurons aucune sauvegarde et cela pourrait avoir de graves consé‐ quences, a écrit l'équipe de di‐ rection.

L'interrupti­on prévue met‐ trait hors service au moins neuf services, dont les télé‐ phones, le Wi-Fi, les systèmes d'alarme et les dossiers élec‐ troniques des patients.

Mais fermer le service des urgences ce jour-là n'était pas une option, selon des notes de service internes, car les partenaire­s du QCH dans la région - l’Hôpital Montfort et celui d'Arnprior - avaient eux aussi une capacité d’accueil li‐ mitée.

En réponse, un médecin du HQC a énuméré deux exemples de préjudices cau‐ sés aux patients pendant une période d'interrupti­on de ser‐ vice, lorsque des machines médicales ont cessé de fonc‐ tionner.

Le médecin n'a pas précisé quand ces incidents s'étaient produits, mais il a utilisé ces

exemples comme un avertis‐ sement pour expliquer pour‐ quoi l'hôpital devrait reconsi‐ dérer sa décision. Proche d’une erreur de diagnostic

Dans le premier cas, le mé‐ decin a expliqué qu'une jeune fille était venue pour une ré‐ évaluation de son pneumo‐ thorax. Mais comme le princi‐ pal outil de diagnostic était hors service, la personne qui l’a examinée a expliqué ne pas être en mesure de comparer ses examens d'imagerie médi‐ cale côte à côte.

Le pneumothor­ax s'était pourtant aggravé, a écrit le médecin. Heureuseme­nt, elle a été vue par le service de chi‐ rurgie thoracique peu de temps après et a été traitée de manière appropriée, mais il s'agit certaineme­nt d'un cas où, potentiell­ement, le pa‐ tient aurait pu être fausse‐ ment rassuré et continuer à subir un préjudice important.

Le deuxième exemple cité concerne un homme qui s'est blessé à la main et à l'épaule lors d'une chute.

Alors que j'ai identifié et traité la fracture de l'épaule [...], je n'ai pas été en mesure de voir ce qui a été identifié plus tard comme une fracture du pouce par la ra‐ diologie, ce qui a nécessité une autre visite du patient aux urgences, écrit le méde‐ cin.

Ce ne sont que deux exemples mineurs, mais je pense que c'est [un indica‐ teur] de ce qui pourrait se produire en continuant de travailler dans cet environne‐ ment, a-t-il souligné.

Le médecin a exhorté la di‐ rection de l'Hôpital à envisa‐ ger sérieuseme­nt de fermer le service des urgences pendant le temps d'arrêt, ajoutant que cela avait été l'une des expé‐ riences les plus stressante­s de sa carrière de médecin.

D'autres médecins ont fait écho à son appel.

Il semble que les urgences autour de nous ont fermé pour moins que ça, a fait va‐ loir un médecin dans un autre échange de courriels. J'aime‐ rais savoir pourquoi nous et nos patients devrions accep‐ ter ce risque? a-t-il question‐ né.

CBC n'identifie pas les mé‐ decins cités de la chaîne de courriels, car il s’agit de com‐ mentaires faits en interne. Ils ont également refusé les de‐ mandes d’entrevue. C'est comme travailler en milieu rural

Dans l'échange de cour‐ riels, un membre de l'équipe de direction de l'Hôpital a dé‐ claré qu'il ne pouvait pas commenter la façon dont le HQC répondrait à un procès si la responsabi­lité médicale était engagée pendant un temps d'arrêt.

Mon sentiment personnel est que la norme de soins change avec notre accès limi‐ té [aux équipement­s]. C'est un peu comme travailler dans un environnem­ent rural, a écrit le responsabl­e, qui est également médecin.

Reconnaiss­ant qu'il s'agis‐ sait d'une situation terrible , il a assuré qu'il communique‐ rait avec le personnel du cam‐ pus Civic de l'Hôpital d'Otta‐ wa pour demander du sou‐ tien.

Dans une déclaratio­n en‐ voyée par courriel à CBC News, le HQC a indiqué qu’il ne ferait pas de commen‐ taires sur des situations juri‐ diques hypothétiq­ues, mais a remercié ses travailleu­rs de première ligne pour leur tra‐ vail acharné.

L’Hôpital a connu sept autres pannes de gravité va‐ riable dans les mois qui ont suivi l'envoi de ce courriel in‐ terne. Au total, au moins neuf pannes ont touché l’établisse‐ ment de santé depuis sep‐ tembre, chacune d'entre elles ayant duré de quelques mi‐ nutes à 11 heures.

Selon un porte-parole du HQC, cinq de ces incidents ont été déclenchés intention‐ nellement afin d'assurer la maintenanc­e du système de dossiers médicaux électro‐ niques de l'hôpital, appelé Meditech.

Des temps d'arrêt réguliers et planifiés pour la mainte‐ nance et les mises à niveau sont nécessaire­s pour toute organisati­on disposant d'un réseau informatiq­ue, y com‐ pris les hôpitaux, peut-on lire dans une déclaratio­n écrite du HQC.

L'Hôpital affirme qu'aucun patient n'a été lésé ni sa vie privée violée. Un équipement vieillis‐ sant probableme­nt en cause

À ce jour, le HQC n'a pas identifié la cause exacte de l'incident initial de code gris - considéré en interne comme un scénario catastroph­e - au début du mois de septembre.

L’Hôpital a depuis précisé que l'âge de l'équipement était sans doute le coupable le plus probable.

Des documents internes obtenus par le biais d'une de‐ mande d’accès à l'informatio­n suggèrent qu'une pièce clé du matériel de la société techno‐ logique Cisco devait être rem‐

placée depuis longtemps.

Dans sa dernière déclara‐ tion par courriel à CBC, un porte-parole de l'Hôpital a dé‐ claré que les pièces néces‐ saires ont été reçues au début du mois.

Avec les informatio­ns de Avanthika Anand et de Falice

que les gens avaient beau‐ coup de questions. Une façon aussi de créer un lien de confiance et d’engagement, croit-elle. Les personnes sont encore plus mobilisées, puis motivées à faire ces change‐ ments-là dans leurs habitudes de vie.

Étendre le ailleurs au Québec modèle

Les cofondateu­rs de Sou‐ rires Solidaires sont conscients des limites de leur modèle. La demande dépasse largement l’offre. On a des pa‐ tients qui viennent de Québec […] du Bas-Saint-Laurent, de l'Abitibi, parce que le besoin est réel, explique le Dr Amer Ouali.

C’est en sensibilis­ant des partenaire­s publics et com‐ munautaire­s solides qu’il croit qu’on pourra débloquer des fonds et ultimement soigner plus de patients de toutes les couches de la société.

L’économie sociale pour‐ rait aussi permettre de déve‐ lopper une clinique commu‐ nautaire pour adultes en si‐ tuation financière précaire, croit la Dre Alami-Laroussi. C'est vraiment que ça vienne de la communauté […] que ça émerge des gens locaux qui puissent faire le bien.

Autre solution : le projet Bouche B

Bouche B offre des soins dentaires de base à une po‐ pulation plus vulnérable qui n'a pas accès aux services pu‐ blics gratuits :

Les enfants de 10 ans et plus non couverts; les futures mamans et jeunes familles du programme SIPPE et de la Fondation Olo; des patients en attentes d’une chirurgie ou d’un traitement en oncologie.

Bouche B reçoit des de‐ mandes d’organismes com‐ munautaire­s ou d’agences gouverneme­ntales et s’oc‐ cupe du maillage avec les den‐ tistes bénévoles en clinique privée. Le projet est financé par l’Ordre des dentistes du Québec. Quelque 600 den‐ tistes de la province sont ins‐ crits au programme. On traite entre 250 et 300 patients par an.

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