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Sourires Solidaires : une clinique dentaire communauta­ire au service des plus démunis

- Claude Bernatchez

EN MODE SOLUTIONS - De‐ puis février 2021, 1200 ado‐ lescents ont pu recevoir des soins dentaires gratuits dans une clinique commu‐ nautaire de Laval. Sourires Solidaires est un OBNL unique au Québec qui fi‐ nance une partie de ses services gratuits avec les profits générés par sa clien‐ tèle payante. Un modèle que ses fondateurs aime‐ raient bien voir se déployer ailleurs.

Fouzia Saidami et sa fa‐ mille sont arrivés au Québec il y a sept mois. Leur situation financière est précaire. Elle et son mari étaient des profes‐ sionnels de la santé avant leur départ d’Algérie.

Pour intégrer notre profes‐ sion, il faut faire des forma‐ tions, nous explique Fouzia. On n'a pas de revenus vrai‐ ment à part les allocation­s fa‐ miliales. C'est juste pour les enfants, donc on a trouvé cet organisme, cette clinique soli‐ daire, qui nous a fait cette fa‐ veur-là.

L'économie sociale au service de la dentisteri­e

Sourires Solidaires est une clinique dentaire pédiatriqu­e qui traite des patients payants. Elle accueille aussi des familles qui n’ont pas les moyens d’offrir des soins à leurs enfants de 10 à 17 ans qui ne sont plus couverts par l’assurance maladie.

Très tôt dans leur pratique, les cofondateu­rs, la Dre Tas‐ nim Alami-Laroussi et le Dr Fa‐ rid Amer Ouali, se sont rendu compte que le cadre conven‐ tionnel d’une clinique den‐ taire privée ne permettait pas d’aider cette tranche de la po‐ pulation à faibles revenus.

Souvent, ils ne savaient pas où aller, dit la Dre AlamiLarou­ssi. C'est en pensant un petit peu à l'extérieur du cadre qu'on en est venu à se dire : peut-être que de déve‐ lopper une clinique commu‐ nautaire serait la solution aux problèmes pour lesquels on était limité, enchaîne le Dr Amer Ouali.

Ils ont mis sur pied un OBNL, basé sur un modèle d’économie sociale, et se sont associés à des organismes pu‐ blics et communauta­ires qui leur confient les jeunes pa‐ tients. Par exemple, la moitié des 400 enfants qui ont accès aux services du Centre de pé‐ diatrie sociale Laval voient des dentistes de Sourires Soli‐ daires.

Avant ça, on cognait à di‐ verses portes, on trouvait des dentistes qui acceptaien­t de faire du pro bono pour nous. Mais depuis, Sourires Soli‐ daires, on a plein de barrières qui sont tombées […] Nos mé‐ decins sont tellement contents de voir que les en‐ fants ont enfin les soins den‐ taires nécessaire­s.

Laurence Cadieux, psy‐ choéducatr­ice et coordonna‐ trice clinique, Centre de pédia‐ trie sociale Laval

Philanthro­pie, subven‐ tions et bénévolat

Le plan d’affaires initial dé‐ veloppé par les deux den‐ tistes a permis d’établir que les activités payantes de leur clinique permettrai­ent de soutenir 10 % de patients bé‐ néficiaire­s, les non payants. Rapidement, la demande a explosé.

Dès les premiers six mois, les appels ont triplé, quadru‐ plé, explique Tasnim Alami-La‐ roussi. Elle ajoute :Les de‐ mandes qui venaient des in‐ tervenants dans les écoles, dans les organismes commu‐ nautaires, dans les CISSS, pour nous dire : "on a ces fa‐ milles-là, pis, on ne peut pas dire non, surtout [quand on] voit l'état de la bouche".

L’organisme a revu ses cibles à la hausse et espère maintenant recevoir 40 % de patients bénéficiai­res. La phi‐ lanthropie et les subvention­s sont au coeur de ce dévelop‐ pement.

Comme organisati­on, on essaie à ce moment-là de se développer et d'aller chercher le plus de subvention­s, le plus de revenus extérieurs pour que ces enfants puissent être traités et éviter d'allonger les listes d'attentes ou de faire en sorte que les patients ne puissent pas être pris en charge.

Dr Farid Amer-Ouali, chi‐ rurgien maxillo-facial et cofon‐ dateur de Sourires Solidaires

La clinique communau‐ taire du samedi

Une fois par mois, le same‐ di, les bénévoles s’activent dans la clinique de Laval pour recevoir les adolescent­s. Sa‐ rah Sellam nous raconte qu’elle est venue compléter ses traitement­s amorcés il y a quelques mois. Aujourd'hui, c'était la dernière étape, on m'a fait de fluor pour arrêter les caries. Elle adore fréquen‐ ter la clinique.Ils sont gentils, comme si c'était ma famille.

Cette journée-là, les den‐ tistes, hygiéniste­s, assistante­s dentaires et étudiants en mé‐ decine dentaire, travaillen­t tous gratuiteme­nt.

Le Dr Arian Mir lève tou‐ jours la main pour y partici‐ per. Les parents travaillen­t toute la journée, puis ils n’ar‐ rivent quand même pas à économiser assez pour venir chez le dentiste. Il est essen‐ tiel d’aider cette catégorie de patients qui n’ont pas les moyens, dit-il. On a vraiment un problème d'accessibil­ité, je trouve, aux soins dentaires, donc on essaie de faire notre part. C'est des petits pas qu'on fait là, mais ça aide.

En plus de ces journées communauta­ires, Arian Mir travaille bénévoleme­nt à Sou‐ rires Solidaires tous les ven‐ dredis. Les autres jours de la semaine, il pratique dans une clinique privée de Laval. Ça m'apporte plus de plaisir, plus de bien. Je dors mieux la nuit. Il en retire une grande satis‐ faction. On sent qu'on re‐ donne à la société, puis on sent le bien que cette cli‐ nique-là fait chez les patients.

Farid Amer Ouali y voit aussi une occasion de déve‐ lopper le sens du don, de re‐ donner dans son milieu et de faire en sorte qu’il y ait de plus en plus d'activités comme ça.

La prévention au coeur de la mission de Sourires Solidaires

Sourires Solidaires offre aussi un programme de sensi‐ bilisation et de prévention pour favoriser l'adoption de saines habitudes d'hygiène dentaire, ce qui n’est pas tou‐ jours possible avec un modèle convention­nel de clinique pri‐ vée.

Les principes d'hygiène bucco-dentaire qui sont simples à comprendre pour des profession­nels ne le sont pas toujours pour les patients et leur famille, dit la Dre AmaliLarou­ssi.De faire sortir ce vo‐ let de la prévention nous a vraiment permis de réaliser

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