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Bande dessinée : deux suggestion­s pour une vie en couleur

- Tanya Beaumont

La couleur des choses de Martin Panchaud ne cesse d’être récompensé­e par de grands prix du neuvième art. La version originale de Père fictif de Joe Ollmann a été la première bande des‐ sinée finaliste aux Prix lit‐ téraires du Gouverneur gé‐ néral en 2021. Les deux ou‐ vrages ne laissent pas indif‐ férents : un par son audace graphique et l’autre par son récit. La couleur des choses (Ça et là) Scénario et des‐ sin: Martin Panchaud 236 pages

Déjà en 2020, lors de sa pu‐ blication initiale en allemand, La couleur des choses se dis‐ tinguait déjà en Europe. En janvier dernier, le Festival de la bande dessinée d’Angou‐ lême a remis le Fauve d’or du meilleur album à la version française, plus grande distinc‐ tion de l’événement.

L'oeuvre gagnante du grand prix de la critique ACBD 2023 raconte l’histoire d’un adolescent anglais qui gagne 16 millions de livres en pariant aux courses de chevaux. À partir de ce moment, la vie de Simon sera chamboulée, mais pas pour les bonnes raisons.

Au premier regard, le style graphique du Suisse Martin Panchaud peut rebuter le lec‐ teur. Les pages ressemblen­t plutôt à des plans techniques d’urbanisme ou d’architectu­re qu’à des cases traditionn­elles de bandes dessinées. La vue est prise de haut, comme si l’image provenait d’un satel‐ lite.

L'oeil ne retrouvera pas de bonhomme aux gros nez, ni même de petits. Tous les per‐ sonnages sont représenté­s par des pastilles de couleur. Et pourtant, le personnage de Si‐ mon parvient à être atta‐ chant.

La lecture est déstabili‐ sante au début, mais le récit est accrocheur. L’histoire, elle, est enlevante.

Une bande dessinée qui ne ressemble à aucune autre.

Père fictif (La Pastèque) Scénario et dessin: Joe Oll‐ mann Traduction: Luba Markovskai­a 212 pages

L'oeuvre aborde un auteur de bande dessinée qui écrit à propos du fils d’un auteur de bande dessinée. Mais ce n’est pas autobiogra­phique pour autant!

Toute la genèse de l’idée derrière l’histoire est expli‐ quée dans les premières pages de Père fictif où Joe Oll‐ mann se met lui-même en scène. Il justifie, en quelque sorte, sa volonté d’écrire sur la relation père-fils.

Après cette brève intro‐ duction, le lecteur rencontre Caleb, un artiste dans la cin‐ quantaine dont la carrière n’a jamais réellement levé. Il est le fils de Jimmi Wyatt, le plus cé‐ lèbre bédéiste du monde grâce à une bédé publiée quo‐ tidienneme­nt dans les jour‐ naux sur l’amour entre père et fils.

Caleb n’a pas eu cette rela‐ tion avec son propre père, bien au contraire. Alors que son paternel est en fin de vie, le personnage principal es‐ père toujours se rapprocher de celui-ci.

Même si Caleb se présente comme la victime de cette re‐ lation familiale houleuse, en vieillissa­nt, son comporte‐ ment ressemble de plus en plus à celui de son père. Pour le lecteur, il est difficile de se ranger complèteme­nt der‐ rière lui.

Joe Ollmann raconte une histoire humaine complexe avec beaucoup de profon‐ deur.

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