La pharma Eli Lilly réduira de 70 % le prix de certaines insulines aux États-Unis
La pharmaceutique améri‐ caine Eli Lilly annonce une réduction du prix de cer‐ taines insulines au cours de l’année à venir et l’im‐ position immédiate d’un plafond des frais imposés aux patients assurés pour l’exécution des prescrip‐ tions.
Le fabricant de médica‐ ments a annoncé mercredi qu’il réduirait de 70 % le prix de catalogue de l’insuline Hu‐ malog – la plus couramment prescrite aux États-Unis – et de l’insuline de marque Hu‐ mulin à compter du mois de septembre prochain.
Lilly a également annoncé qu'elle réduirait à 25 $ le fla‐ con le prix de sa version géné‐ rique autorisée de son insu‐ line Humalog à partir de mai. L'entreprise lancera égale‐ ment en avril une insuline bio‐ similaire pour concurrencer l’insuline Lantus de Sanofi.
C’est une bonne nouvelle pour un grand nombre d’Américains qui souffrent du diabète et qui sont confron‐ tés depuis des années à une flambée du prix des médica‐ ments et des frais qui les ac‐ compagnent.
Les prix de l'insuline ont plus que triplé en 20 ans aux États-Unis.
Aujourd’hui frappés par l’inflation, de plus en plus d’Américains n’ont tout sim‐ plement plus les moyens d'as‐ sumer les frais de plus de 1000 $ par année pour se pro‐ curer l’insuline dont ils ont be‐ soin pour vivre.
Les prix sont si élevés que de nombreux Américains ont traversé la frontière au cours des dernières années pour ve‐ nir acheter leur insuline au Ca‐ nada, où le médicament se vend jusqu’à 10 fois moins cher que chez eux.
Expliquant qu’il faudra du temps pour que les assureurs et le système pharmaceu‐ tique appliquent ces baisses de prix, le PDG d'Eli Lilly, David Ricks, a également annoncé que l’entreprise plafonnera à 35 $ les frais mensuels d’insu‐ line pour les personnes diabé‐ tiques qui ne sont pas cou‐ vertes par le programme de médicaments sur ordonnance de Medicare.
Ce plafond s'appliquera aux personnes bénéficiant d'une couverture d’assurance commerciale. Les personnes sans assurance pourront quant à elles trouver des cartes d'épargne pour rece‐ voir de l'insuline au même prix sur le site Internet Insuli‐ nAffordability.com.
Le gouvernement fédéral des États-Unis, pour sa part, a imposé en janvier un plafond de prix similaire aux per‐ sonnes de 65 ans et plus cou‐ vertes par le programme Me‐ dicare.
Pression sur les pharma‐ ceutiques
Ces changements annon‐ cés par la pharmaceutique Eli Lilly surviennent au moment où les élus américains et des groupes de défense des pa‐ tients accentuent la pression sur les fabricants de médica‐ ments pour tenter de freiner la hausse des prix.
Le sénateur indépendant du Vermont, Bernie Sanders, avait même accompagné en 2019 un groupe de diabé‐ tiques américains dans leur voyage au Canada pour se procurer de l’insuline pour at‐ tirer l’attention publique sur ce problème.
Les réductions prévues par d'Eli Lilly pourraient ap‐ porter un soulagement sub‐ stantiel, estime pour sa part Stacie Dusetzina, professeure de politique de santé à l'Uni‐ versité Vanderbilt, qui étudie les coûts des médicaments.
Ces baisses importantes du prix de catalogue de ces deux insulines ne devraient pas nuire outre mesure aux fi‐ nances de la pharmaceutique, dans la mesure où ces insu‐ lines sont plus anciennes et doivent déjà composer avec la concurrence d’autres fabri‐ cants, croit Mme Dusetzina.
Un problème de santé publique
Fabriquée par le pancréas, l’insuline est une substance utilisée par le corps humain pour convertir les aliments en énergie. Or, les personnes at‐ teintes de diabète ne pro‐ duisent pas assez d'insuline et doivent s’en injecter. Les per‐ sonnes atteintes de diabète de type 1 ont besoin d'insu‐ line tous les jours pour sur‐ vivre.
Plus de 8 millions d'Améri‐ cains ont actuellement besoin d’insuline, selon l'Association américaine du diabète.
Le diabète de type 2, qui frappe surtout les adultes et les personnes obèses, a été décelé chez plus de 17 mil‐ lions d’Américains, selon le Center for Disease Control. Le traitement des patients at‐ teints de diabète est devenu l'un des principaux défis du système de santé aux ÉtatsUnis.
À un point tel que l’État de la Californie explore la possibi‐ lité de fabriquer lui-même de l’insuline à un prix moins éle‐ vé. Des organismes à but non lucratif, comme Civica, pré‐ voient également se lancer dans la production de trois in‐ sulines ne dépassant pas 30 $ le flacon.
Les fabricants de médica‐ ments vont voir que les prix élevés ne peuvent pas persis‐ ter éternellement, prévient Larry Levitt, vice-président exécutif de la fondation à but non lucratif Kaiser Family Foundation.
Lilly essaie de prendre de l'avance sur le problème et de passer aux yeux du public pour le bon gars, souligne Lar‐ ry Levitt.
Basée à Indianapolis, Eli Lil‐ ly and Co. a été la première entreprise à commercialiser de l'insuline aux États-Unis, en 1923, soit deux ans après que des scientifiques de l'Uni‐ versité de Toronto l'ont dé‐ couverte.
Les insulines Humulin et Humalog et son générique autorisé ont rapporté au total plus de 3 milliards de dollars de revenus à Eli Lilly l'année dernière et plus de 3,5 mil‐ liards en 2021.