Radio-Canada Info

Cri du coeur de préposés qui demandent l’allègement des mesures sanitaires dans les CHSLD

- Josée Bourassa

Des employés du Centre d’hébergemen­t et de soins de longue durée (CHSLD) Cooke à Trois-Rivières de‐ mandent à la Santé pu‐ blique de lever les mesures sanitaires appliquées de‐ puis le début de la COVID. Ils jugent cette situation comparable à de la maltrai‐ tance.

Ces employés ont

initié une lettre qui circule en ce moment dans les CHSLD de la région et qui invite les autres employés à la signer. Dans cette lettre on peut y lire : Lorsqu’un résident reçoit un résultat positif à la COVID, il est aussitôt confiné à sa chambre. Si ce même résident partage sa chambre avec une autre personne, celle-ci se voit imposer les mêmes mesures. Nos personnes âgées en isole‐ ment ne reçoivent plus de bains ou de douche. Ils n’ont plus le droit de se rendre à la salle de bain. Le nombre de vi‐ siteurs est restreint au mini‐ mum et même déconseill­é.

Au début [de la pandémie] c’était normal et on le com‐ prenait. Maintenant, depuis trois ans, le reste de la popu‐ lation vit avec. Ils voulaient que la population soit vacci‐ née, nos personnes âgées sont beaucoup plus vaccinées que le reste de la population. Mais, les mesures n’ont pas di‐ minué, c’est toujours aussi restrictif pour eux, explique une des deux préposées qui a initié la requête et qui sou‐ haite garder l’anonymat.

Les deux préposées font valoir qu’une partie des rési‐ dents vivent avec d’impor‐ tants problèmes cognitifs et ne comprennen­t pas qu’ils doivent demeurer à l’intérieur de leur chambre. Ils n’ont pas le droit de sortir, la plupart re‐ gardent les murs toute la journée, ça peut durer long‐ temps l’isolement, témoigne l’une des deux. Elles disent que plusieurs résidents n’ont pas de téléviseur ou de radio dans leur chambre.

Une directive de la San‐ té publique

Ça dure depuis trois ans, on se demande : ça va durer combien de temps… qu’ils vont les empêcher de vivre

leurs derniers moments de vie? dit l’une d’elle dans un cri du coeur.

On se dit, si c’était nos pa‐ rents, nous on aimerait pas ça qu’ils vivent ainsi. Ce n’est plus dans nos valeurs. Même moi, je ne voudrais pas rester là en ce moment. On vit avec eux, c’est quasiment nos proches. On est là cinq jours semaine avec eux et on voit que ce n’est pas facile pour eux et ce n’est pas facile pour nous.

Les préposées expliquent que les mesures en place sont en vigueur dans tous les CHSLD et qu’elles relèvent de la Santé publique. La lettre on va essayer de la faire parvenir là. Avec les signatures de plus de gens possibles.

En date du premier mars, environ 100 personnes avaient signé la lettre. Parmi elles, des infirmière­s, des pré‐ posés et des proches de pa‐ tients. Ce n’est qu’une ques‐ tion de jours avant qu’elle ne soit remise à la Santé pu‐ blique.

C’est leur milieu de vie

Le président du Conseil pour la protection des ma‐ lades, Paul Brunet, apprécie l’initiative des employés et abonde dans leur sens. La vie doit reprendre son cours le plus normalemen­t possible, dit-il en rappelant que main‐ tenant les gens sont vaccinés et mieux protégés.

Il ajoute que même si c’est difficile de revoir le protocole, les règlements et les mesures, il faut garder à l’esprit qu’il s’agit du milieu de vie des bé‐ néficiaire­s. On vit avec du vrai monde dans de vrais établis‐ sements et qui sont tous vac‐ cinés. Essayons de travailler de manière intelligen­te et de laisser le plus de droits aux gens qui sont dans leur milieu de vie.

Il comprend que certaines personnes puissent être plus vulnérable­s, mais il demande aux autorités d’agir avec un bon jugement.

Je pense qu’avec un bon jugement clinique de la part des intervenan­ts, on est ca‐ pable de répondre à la lettre du personnel [...] C’est leur maison, rappelons-nous le, nous les gestionnai­res qui quittons l’établissem­ent le soir. Ces gens-là, c’est leur maison.

D'après une entrevue réa‐ lisée à Toujours le matin et les informatio­ns de Raphaël Brouillett­e

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