Pourquoi l’inflation est-elle plus élevée au Québec?
Au cours des huit derniers mois, le niveau d’inflation au Québec a été plus élevé qu’en Ontario à cinq re‐ prises. L’inflation est en baisse depuis l’été dernier en Ontario, alors que le Québec a connu un rebond l’automne dernier. Les chèques envoyés par le gouvernement Legault à la population viennent-ils ali‐ menter l’inflation au Qué‐ bec plus qu’ailleurs au pays?
Il faut dire que l’écart entre les deux provinces grandit de‐ puis trois mois, alors que le taux d’inflation se situait en janvier à 6,2 % au Québec, contre 5,6 % en Ontario. De plus, d’octobre à novembre, alors que l’inflation faiblissait lentement, le taux a bondi de 6,4 % à 6,8 % au Québec, alors qu’il a reculé en Ontario de 6,5 % à 6,4 %.
Le ministre des Finances, Eric Girard, a annoncé le 9 no‐ vembre des versements non imposables allant de 400 $ à 600 $ pour 6,5 millions de Québécois, versements qui ont été effectués à partir de la fin novembre.
Y a-t-il un lien, alors, entre ces chèques et la hausse de l’inflation au Québec? J’ai de‐ mandé à plusieurs écono‐ mistes de nous aider à y voir plus clair.
Première explication pos‐ sible de cet écart d’inflation entre les deux provinces : le marché immobilier est plus sensible à la hausse des taux d’intérêt en Ontario qu’au Québec. La pression inflation‐ niste s’amenuise plus rapide‐ ment en Ontario dans ce sec‐ teur, et la construction est plus lente dans la région de Toronto que dans le Grand Montréal.
L’économiste en chef de la Banque Nationale, Stéfane Marion, nous fait remarquer d’ailleurs que le taux d’infla‐ tion du Grand Toronto était de 5,7 % en janvier, alors que celui du Grand Montréal était plus élevé, à 6,6 %. Le différen‐ tiel s’explique par l’inflation de la composante habitation, m’écrit Stéfane Marion.
Autre explication : il est bien possible, selon Stéfane Marion, que la baisse du
Grand Toronto reflète aussi la chute historique de 17 % de la composante frais de garderie au niveau de l’indice national des prix à la consommation sur un an, qui ne devrait pas se refléter au Québec [car le programme existait déjà].