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Endettemen­t et épuisement : la jeunesse agricole de la Saskatchew­an sous pression

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Le Sommet de la jeunesse agricole, organisé par la Fi‐ nancière agricole Canada (FAC), a accueilli envi‐ ron 200 agriculteu­rs mer‐ credi au Casino de Yorkton afin d’équiper et d’infor‐ mer les jeunes fermiers de l’avenir du secteur agri‐ cole.

L'endettemen­t et l’épuise‐ ment font partie des préoccu‐ pations pour la relève agricole de la Saskatchew­an.

Selon Statistiqu­e Canada, seulement 8 % des agricul‐ teurs à l'échelle nationale ont moins de 35 ans. Ainsi, l’âge moyen des agriculteu­rs ne cesse d'augmenter chaque année.

D'après un fermier, Joël Boogaard, l'avenir incertain du secteur agricole est source d’inquiétude­s chez les agricul‐ teurs partout au Canada.

Dans mon emploi en de‐ hors de la ferme, nous enga‐ geons beaucoup d'élèves du secondaire et plusieurs ne veulent pas poursuivre en agricultur­e parce qu'ils n'y voient pas d'avenir. Je pense que c'est un gros problème pour l'avenir de l'agricultur­e, il n'y aura pas de relève, estime

Joël Boogaard qui était pré‐ sent au Sommet à la re‐ cherche d’un financemen­t pour sa ferme.

Selon lui, sa ferme d'envi‐ ron 160 acres, située près de Regina, représente un endet‐ tement de plusieurs centaines de milliers de dollars.

Nous avons beaucoup d'aide de notre père, mais il est encore jeune et il ne pren‐ dra pas sa retraite tout de suite. Nous devons donc commencer par nous-mêmes. Il n'y a pas d'héritage, nous devons trouver l'argent nousmêmes, ajoute-t-il.

Les jeunes agriculteu­rs doivent souvent composer avec des emplois en dehors de leur ferme afin de surmon‐ ter les difficulté­s financière­s, précise le frère de Joël Boo‐ gaard, Martin Boogaard, qui est fermier comme son frère.

Chaque année c'est pire, les tracteurs coûtent plus cher, la terre coûte plus cher. Si vous ne partez de rien et vous essayez de cultiver à plein temps, c'est très difficile d'avoir l'argent nécessaire pour semer ou nourrir vos animaux, affirme Martin Boo‐ gaard.

C'est énormément d'ar‐ gent et c'est stressant, mieux nous comprendro­ns la ges‐ tion financière, mieux nous nous porterons.

Martin Boogaard, jeune agriculteu­r

Une autre jeune agricul‐ trice, Kaitlyn Kitzan, partage l’avis des frères Boogaard.

Nous voyons beaucoup de jeunes qui essaient de conci‐ lier leur travail à temps plein à la ferme et leur travail hors ferme. Ils s'épuisent parce qu'ils essaient de faire deux emplois à temps plein. Je di‐ rais que l'épuisement profes‐ sionnel est ce que je vois le plus chez les gens de mon âge, déclare Kaitlyn Kitzan.

Selon le professeur associé au départemen­t de sociologie à l’Université de Regina, André Magnan, chaque année de‐ puis 2011, la valeur des terres augmente d'environ 14 %, créant une pression de plus en plus grande sur les agricul‐ teurs.

On constate aussi qu’il y a beaucoup plus de compé‐ tition. Un agriculteu­r qui veut acheter une terre sera peutêtre en concurrenc­e, avec d’autres agriculteu­rs dans le voisinage, mais aussi des in‐ vestisseur­s qui trouvent inté‐ ressant la possibilit­é d’acheter des terres et de voir augmen‐ ter la valeur des terres, pré‐ cise André Magnan

Face à cela, la directrice gé‐ nérale de la FAC, Justine Hen‐ dricks, croit que la location de terre pourrait être une bonne solution pour entrer dans le secteur.

On voit de plus en plus la possibilit­é de louer des terres, donc des fois le premier pas n'est pas nécessaire­ment d’acheter une propriété. Estce qu’on peut avoir un équi‐ libre entre les deux : acheter quelques hectares ou un hec‐ tare puis en louer plus au fur et à mesure, se demande Jus‐ tine Hendricks.

La Saskatchew­an demeure la province avec le meilleur taux de planificat­ion de la re‐ lève agricole au Canada, note Statistiqu­e Canada.

Avec les informatio­ns de Laurence Taschereau

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