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La famille d’une Manitobain­e accuse un hôpital de vouloir l’envoyer dans un refuge

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Les proches d’une infir‐ mière retraitée accusent l’hôpital Victoria, à Winni‐ peg, d’avoir voulu envoyer la femme de 83 ans dans un refuge pour sans-abri pour continuer à recevoir des soins.

Philomina Zachariah, qui souffre de problèmes car‐ diaques et rénaux, a été ad‐ mise à l’hôpital Victoria de Winnipeg en décembre et a reçu son congé plusieurs se‐ maines plus tard. L’hôpital a convaincu sa fille, Marilyn Za‐ chariah, de prendre soin de sa mère à la maison.

Nous avons accepté de rentrer à la maison pour utili‐ ser les soins à domicile et de confiance au système, a indi‐ qué Marilyn Zachariah aux journalist­es, dans la rotonde de l’Assemblée législativ­e du Manitoba.

Elle précise qu’ils ont se sont occupés de Philomina Zachariah pendant six se‐ maines, à domicile.

Après cette période, la mère de Marilyn Zachariah est retournée à l’hôpital Victoria, en janvier. Elle y est restée près d’un mois avant que le responsabl­e des soins aux pa‐ tients ne lui dise qu’elle devait être renvoyée à nouveau, se‐ lon Marilyn Zachariah, qui a dit avoir plaidé pour avoir plus de temps pour trouver d’autres arrangemen­ts.

D'après cette dernière, l’établissem­ent sanitaire a in‐ diqué à la famille que s'ils ne fournissai­ent pas d'adresse de foyer de soin, elle sera en‐ voyée au refuge Main Street Project .

Marilyn Zachariah se dit bouleversé­e que le respon‐ sable des soins aux patients ait suggéré de placer sa mère dans un centre qui offre des services aux personnes souf‐ frant de toxicomani­e et aux sans-abri.

Ma mère de 83 ans, qui at‐ tend dans un lit d’hôpital, va être emmenée au Main Street Project au lieu de recevoir les soins dont elle a besoin.

Marilyn Zachariah, fille de Philomina Zachariah

Mme Marilyn indique que sa mère a ensuite été transfé‐ rée d’une chambre à deux lits à une autre, qui comportait déjà quatre lits.

Elle a été entassée entre d’autres lits, à tel point que les personnes qui se trouvaient dans les espaces prévus pour les lits ne pouvaient même pas bouger librement ou se déplacer , mentionne-t-elle.

Selon elle, sa mère a été laissée dans cet espace sans sonnette d’appel, sans aucun soin, parce qu’ils essayaient de faire pression pour la faire sortir .

Marilyn Zachariah soutient également que son cousin a rencontré plus tôt la ministre de la Santé, Audrey Gordon, pour lui demander de l’aide afin que Philomina Zachariah soit placée dans un foyer de soins personnels.

Dans une déclaratio­n, le bureau de Mme Gordon a af‐ firmé que chaque patient mé‐ rite des soins, mais a confié la responsabi­lité des décisions relatives au placement des personnes âgées aux experts médicaux.

Marilyn Zachariah dit avoir ramené sa mère à la maison début février, pendant quatre jours. Sa mère reçoit mainte‐ nant des soins palliatifs au centre Riverview Health.

Critiques en santé

Les chefs de l’opposition ont raconté, jeudi, des témoi‐ gnages de traitement­s hospi‐ taliers et de retards croissants dans les procédures de diag‐ nostic à l’Assemblée législativ­e du Manitoba.

Dans les derniers jours, la première ministre Heather Stefanson a fait face à des cri‐ tiques du chef du Nouveau Parti démocratiq­ue du Mani‐ toba, Wab Kinew, lors de la période de questions, au sujet du décès d’un patient en at‐ tente de soins aux urgences du Centre des sciences de la Santé.

Il a également soulevé le cas de Philomina Zachariah pendant la période de ques‐ tions, ce qui a incité la pre‐ mière ministre à déclarer qu’elle allait se pencher sur la question, même si, selon elle, il est inappropri­é de soulever de tels cas dans en chambre.

De son côté, l'Office régio‐ nal de la santé de Winnipeg n’a pas répondu immédiate‐ ment aux demandes d'entre‐ vue de CBC/Radio-Canada.

Avec les informatio­ns de Bartley Kives

gnants.

Le ministre du Travail et de l’Immigratio­n du Manitoba, Jon Reyes, rappelle que la pro‐ vince doit pourvoir près de 2000 postes d’infirmiers va‐ cants.

M. Reyes, lui-même origi‐ naire des Philippine­s, men‐ tionne que l’objectif de la dé‐ légation manitobain­e était de recruter 350 infirmière­s philip‐ pines par une voie accélérée, au cours des deux prochaines années.

Nous voulons nous assu‐ rer que le groupe qui arrive bénéficie d’une transition sans heurts afin qu’il puisse avoir un emploi rémunéré im‐ médiatemen­t, ce qui profitera aux Manitobain­s, a-t-il souli‐ gné depuis Manille, la capitale des Philippine­s.

Selon un porte-parole du ministère de la Santé, une dé‐ légation néo-brunswicko­ise a interviewé plus de 500 candi‐ dats et fait 241 offres d’em‐ ploi. Au 1er mars, 164 offres avaient été acceptées.

Une délégation de la Sas‐ katchewan y était en dé‐ cembre dernier et a fait plus de 170 offres d’emploi à des infirmière­s, à des assistants en soins continus et à des as‐ sistants de laboratoir­e médi‐ cal.

Concurrenc­e internatio‐ nale et recrutemen­t agres‐ sif

Il ne s’agit pas seulement des provinces canadienne­s. D’autres pays se font concur‐ rence pour attirer les infir‐ mières des Philippine­s.

Et c’est exactement ça le problème, selon le président de l’Associatio­n des infir‐ mières et infirmiers des Philip‐ pines, Melvin Miranda.

Depuis la pandémie, dit-il, des pays comme le Canada deviennent plus agressifs dans le recrutemen­t. Les infir‐ mières expériment­ées sont attirées par l’offre salariale et la compensati­on énormes, précise-t-il.

M. Miranda ne veut pas empêcher les infirmière­s de saisir des occasions qui s'offrent à l’étranger, mais il s’inquiète de l’avenir du sys‐ tème de santé de son pays.

Nous le ressentons dans les communauté­s, notam‐ ment dans les régions éloi‐ gnées que nous ne pouvons pas atteindre. Les données montrent qu’il y a une forte mortalité dans les grossesses à haut risque dans les pro‐ vinces et les régions éloi‐ gnées, tient-il à préciser.

Les infirmière­s philippine­s se disent déchirées entre leur devoir envers leur pays et les meilleures conditions de tra‐ vail à l’étranger.

Parmi elles, Lawrence Ver‐ gara indique que plusieurs de ses collègues sont dévouées à leur pays. Nous sommes prêtes à rester, mais nous avons certaines demandes que notre pays ne peut pas nous accorder, souligne-t-elle.

Mme Vergara est une infir‐ mière qui a travaillé à Dubaï, aux Émirats arabes unis, avant de retourner aux Philip‐ pines pendant la pandémie. Elle veut ramener toute sa fa‐ mille au Canada, en Australie ou en Nouvelle-Zélande, en partie à cause de l’énorme dif‐ férence des salaires, mais aus‐ si pour donner à ses enfants de nouvelles occasions.

Les pays moins dévelop‐ pés s’inquiètent de plus en plus du fait que les nations riches comme le Canada ex‐ ploitent ceux dont les sys‐ tèmes de santé sont fragiles.

Howard Catton est le pré‐ sident-directeur général du Conseil internatio­nal des infir‐ mières à Genève, en Suisse. Il constate que c’est une ques‐ tion de moyens.

Les pays riches se lancent dans cette course mondiale pour remédier aux pénuries, alors qu’ils n’ont pas réussi à recruter suffisamme­nt de per‐ sonnel chez eux, mais en même temps ils vont se servir sur des tablettes déjà vides, dans des pays qui ne peuvent pas se permettre de perdre des infirmière­s, dit-il.

Ces pays doivent s’assurer qu’ils ne créent pas plus de dommages en recrutant làbas, dit-il au sujet des Philip‐ pines.

On estime que 10 % des in‐ firmières au Canada et 15 % de celles du Royaume-Uni sont formées à l’étranger, ce qui est le résultat de décisions délibérées de ne pas former suffisamme­nt ses propres in‐ firmières, selon M. Catton.

Avec les informatio­ns de Karen Pauls

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