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Les arts à l’école pour renforcer la sécurité linguistiq­ue et l’identité francophon­e

- Mathilde Gautier

La semaine dernière, la Fé‐ dération culturelle cana‐ dienne-française annon‐ çait que son laboratoir­e d’innovation sociale, La ru‐ chée, venait de recevoir un financemen­t supplémen‐ taire de 1,9 million de dol‐ lars de Patrimoine cana‐ dien. L'étude de terrain ini‐ tiée auprès des ensei‐ gnants francophon­es en éducation artistique par‐ tout au Canada est donc prolongée jusqu’en 2024.

La ruchée recueille des données sur le terrain auprès des enseignant­s franco‐ phones en arts pour com‐ prendre quels sont leurs be‐ soins afin de leur proposer des solutions pour améliorer leurs conditions de travail.

Cette étude est partie du constat que les enseignant­s se sentaient seuls en début de carrière et qu’ils avaient besoin de soutien en compé‐ tences artistique­s.

Le but est de bâtir des compétence­s en éducation artistique en proposant des solutions accessible­s, pé‐ rennes, utiles et franco‐ phones pour l’ensemble des communauté­s au pays, ex‐ plique la directrice des conte‐ nus de La ruchée, Marie-Ève Désormeaux.

Des solutions coconstrui­tes et collabora‐ tives

La ruchée propose notam‐ ment un accompagne­ment sur le terrain des enseignant­s par des mentors et un accès à un programme de conception d’activités pédagogiqu­es artis‐ tiques pour les enseignant­s.

Ces solutions ont été pen‐ sées en collaborat­ion avec les enseignant­s qui participen­t à l’étude.

Les premières données re‐ cueillies mettent en évidence plusieurs avancées dans le secteur de l’éducation artis‐ tique à l’école.

On a eu par exemple des enseignant­s qui nous ont dit être plus confiants pour en‐ seigner les arts, c'est sentir à l'aise d'oser en faire une activi‐ té artistique en salle de classe ou encore des parents d'élèves qui rapportaie­nt que leur enfant leur avait parlé en français de ce qu'ils avaient fait à l'école, explique MarieÈve Désormeaux.

Plus on a des écoles qui sont capables d'offrir des offres parascolai­res, artis‐ tiques, culturelle­s diversifié­es, plus on a de chances d'attirer ces endroits-là, les franco‐ phones, les francophil­es dans les écoles françaises.

Le Manitoba comme ter‐ rain exploratoi­re à un pro‐ jet d’envergure nationale

La ruchée a développé un partenaria­t avec la Division scolaire franco-manitobain­e.

Quatre écoles de la pro‐ vince sont concernées : l'école communauta­ire Aurèle Le‐ moine, le collège Louis-Riel, l'école communauta­ire Gilbert Rosset et une quatrième école qui n'a pas encore été confirmée.

Les enseignant­s vont pou‐ voir tirer profit du pro‐ gramme de mentorat lors de cette deuxième phase de l’étude.

À l’automne, les ensei‐ gnants concernés vont aussi pouvoir tester une plate‐ forme en ligne de perfection‐ nement profession­nel pour consolider l’offre de formation en continu.

En attendant, des mentors sont sur le terrain pour ac‐ compagner les enseignant­s et cherchent ensemble des solu‐ tions.

Alison Palmer est mentore pour dans le cadre de cette étude pour le Manitoba. Elle a été enseignant­e en arts vi‐ suels et arts dramatique­s du‐ rant 15 ans dans trois divi‐ sions scolaires différente­s au Manitoba.

Mon rôle est de mener les nouveaux enseignant­s à trou‐ ver des solutions, à faire du remue-méninges ensemble pour trouver des solutions, explique Alison Palmer.

Pour elle, le projet mis en place par La ruchée a favorisé la mise en place d’une com‐ munauté de pratiques en français dans le secteur des arts qui dépasse finalement le Manitoba.

Ça apporte un réseau et une communauté de pra‐ tiques pancanadie­nne de gens qui sont passionnés des arts et qui veulent les appor‐ ter dans l’école. Ça donne de la confiance et des outils aux nouveaux enseignant­s, rap‐ porte Alison Palmer.

Les enfants au premier rang

Les enfants seront les pre‐ miers bénéficiai­res de ces re‐ tombées.

La directrice des contenus de La ruchée, Marie-Ève Dé‐ sormeaux, communique sur le fait qu’il existe des données qui démontrent que l’éduca‐ tion artistique contribue à la réussite scolaire. Il y a des données aussi qui dé‐ montrent que ça contribue au bien-être des élèves.

Elle constate également que l’éducation artistique à l’école favorise les échanges en français entre les élèves et les enseignant­s.

C'est un projet de société qui va permettre, on l'espère, de développer la sécurité lin‐ guistique chez les élèves qui va nous permettre en fait de les faire grandir dans leur che‐ minement identitair­e comme francophon­e au pays, ajoute Marie-Ève Désormeaux.

Quant à Alison Palmer, elle a pu constater que les enfants se sentent à leur place grâce aux arts. Il n’y a aucune autre matière qui ouvre aussi facile‐ ment la porte au dialogue, à exprimer et à partager ses émotions, confie-t-elle.

C’est la porte pour le par‐ tage, pour se connaître soimême, pour mieux connaître les autres et notre place par‐ mi les autres, conclut Alison Palmer.

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