Un règlement municipal devrait empêcher le « massacre d’arbres », selon un expert
Plus de 24 heures après que la Municipalité ait autorisé la reprise de coupe d’arbres sur un terrain situé près de la banlieue de Tewin, à Ot‐ tawa, un défenseur de longue date des espaces verts estime que le nou‐ veau règlement municipal sur la protection des arbres semble avoir échoué à l’un de ses premiers grands tests.
Mardi, l’administration de la Ville d’Ottawa a annoncé la fin de l’arrêt des travaux sur la propriété située au nord du chemin Piperville, sur un ter‐ rain où les Algonquins de l'Ontario et le groupe de construction Taggart avaient l’intention de créer une ban‐ lieue plus verte, en 2021.
La Ville a déterminé qu'un permis d'abattage d'arbres n'était pas nécessaire, après avoir pris connaissance de do‐ cuments qui démontrent que la propriété allait être utilisée à des fins agricoles, et que les travaux étaient donc exemp‐ tés.
Paul Johanis, président de l’Alliance pour les espaces verts de la capitale du Cana‐ da, suit depuis des années l'élaboration des politiques municipales d'Ottawa.
Il affirme que le nouveau règlement sur la protection des arbres a été élaboré en partie pour éviter que ne se reproduise ce qu'il appelle des massacres d'arbres, notam‐ ment quelques zones cou‐ pées à blanc dans le nord de Kanata au cours des 15 der‐ nières années.
À Ottawa, nous avons une longue histoire avec ce type de défrichement préventif de la couverture forestière dans cette bande de terre qui en‐ toure toute la limite urbaine de la ville, commente M. Joha‐ nis.
M. Johanis assure avoir vu des cas où des promoteurs ont défriché des terres rurales des années à l'avance, afin qu'ils obtiennent des permis de construction auprès de la Ville.
Après avoir vu l'interpréta‐ tion faite par la Ville des inten‐ tions agricoles des proprié‐ taires de Tewin, M. Johanis se demande maintenant si le rè‐ glement sur la protection des arbres adopté en 2021 n'a pas été rédigé de manière trop vague.
Quelle que soit la façon dont on présente les choses, il ne s'agit pas de l'expansion d'une exploitation agricole existante sur des terres pri‐ vées où l'on pratique l'agricul‐ ture, commente-t-il.
M. Johanis souhaite que la coupe à blanc des forêts soit interdite dans les zones ru‐ rales où l'on s'attend à une expansion urbaine.
D’après le maire, le rè‐ glement ne s'applique pas
Le mois dernier, des rési‐ dents ont été frustrés de dé‐ couvrir que des machines lourdes travaillaient 24 heures sur 24 à l'abattage de cen‐ taines d'arbres au nord du chemin de Piperville, sans que la ville ou les propriétaires de Tewin ne les en avertissent.
Michelle Taggart, vice-pré‐ sidente de l'aménagement du territoire au sein du groupe Taggart, a envoyé mardi à la communauté de Carlsbad Springs une lettre dans la‐ quelle elle promet de les tenir mieux informés compte tenu du caractère sensible du pro‐ jet.
Le personnel de la Ville n'a été informé de la coupe que le 17 février, après que les habi‐ tants aient pris des photos montrant des dizaines d'hec‐ tares déboisés.
Le directeur général intéri‐ maire de la planification, de l’immobilier et du développe‐ ment économique d’Ottawa, Don Herweyer, a déclaré que la Ville n'a été informée de l'in‐ tention des intentions agri‐ coles de propriétaires que le 22 février.
M. Herweyer ajoute cepen‐ dant qu’il a vu des documents qui indiquent que les proprié‐ taires du terrain Tewin discu‐ taient de la possibilité d'un bail avec les agriculteurs en octobre dernier.
De nombreux résidents et groupes environnementaux ont indiqué à CBC qu'ils ont été contrariés par les pre‐ mières images de drone mon‐ trant la coupe à blanc. Ils ont ensuite été frustrés lorsque la Ville a décidé d'autoriser la re‐ prise de la coupe.
Le maire d'Ottawa, Mark Sutcliffe, a commenté le dos‐ sier mercredi, en disant qu'il compatissait avec ceux qui sont déçus de voir des arbres coupés. Mais selon lui, le rè‐ glement est comme il est, et la Ville doit respecter toutes les exemptions.
Ce n'est pas comme si la ville avait pris position sur cette question. Le règlement ne s'applique tout simple‐ ment pas, dans ce cas particu‐ lier.
Mark Sutcliffe, maire d'Ot‐ tawa
Avec les informations de Kate Porter de CBC News