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Un gars, une fille : Guy et Sylvie sont décalés, mais pas dépassés

- Zacharie Routhier

La télé francophon­e re‐ trouve l’un de ses couples favoris, après une pause du petit écran de 25 ans. Si beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis les dernières aventures de Guy et de Sylvie, la chimie est toujours palpable entre les deux protagonis­tes d’Un gars, une fille.

Le public pourra découvrir à compter de jeudi le premier de quatre nouveaux épisodes de la série culte, qui seront diffusés au compte-gouttes dans les prochaines semaines sur ICI Tou.tv Extra. Elle pren‐ dra ensuite l’antenne sur ICI Télé en avril.

Alors que Camille (Any‐ jeanne Savaria) – la fille adop‐ tée par Guy (Guy A. Lepage) et Sylvie (Sylvie Léonard) dans les derniers moments d’Un gars, une fille en 2003 – a dé‐ sormais quitté le nid familial, le couple remet en question sa vie banlieusar­de. Et, même s’il demeure ouvert d’esprit, il s’adapte tant bien que mal aux changement­s de mentali‐ tés.

Les premières minutes de la série donnent le ton. On voit Sylvie en pleurs sur le lit de sa fille, déchirée à l’idée de se savoir éloignée d’elle, mal‐ gré le fait que la principale in‐ téressée a déménagé à Sher‐ brooke il y a déjà 3 ans.

Ce personnage, qui milite pour les droits de la commu‐ nauté LGBTQ+, provoque ra‐ pidement des conversati­ons sur les pronoms, l’identité de genre et l’orientatio­n sexuelle avec ses parents. Un terrain fertile pour quelques quipro‐ quos, mais aussi pour une saine dose de bienveilla­nce, ingrédient clé de la recette Un gars, une fille.

Couple moderne

Si le duo se sent parfois en décalage par rapport aux jeunes génération­s, il n’est pas pour autant dépassé, réac‐ tionnaire, ou pire, ennuyeux. Non, les couples dans la soixantain­e n’ont pas néces‐ sairement une vie répétitive et barbante, ou encore une li‐ bido en chute libre, martèle Sylvie Léonard, faisant écho aux propos de son person‐ nage dans la série.

Moi, je voulais que ce soit un couple moderne, a-t-elle dit à l’occasion d’un visionne‐ ment de presse mercredi. Oui, décalé parce que même nous, à l’âge qu’on a, on n'est pas né avec les mêmes outils que les jeunes. Mais il y avait une mo‐ dernité dans ce couple-là au‐ quel je tenais.

Ce couple a 60 ans, mais ça bouge. Ils sont actifs, curieux, amoureux, modernes. Mais attendez de voir quand on va retourner en ville, par contre!

Sylvie Léonard

Ils ont soixante ans, mais ils ont encore une vie amou‐ reuse et sexuelle, abonde Guy A. Lepage. On voulait le mon‐ trer.

Entre des séquences sur l’impuissanc­e, le Viagra et l’an‐ xiété de performanc­e de Guy, le couple ne se gêne effective‐ ment pas pour mettre en vi‐ trine leur sexualité durant les deux premiers épisodes de la série, qui ont été présentés à la presse mercredi.

Un peu de nouveau, un peu de rétro

Si la nouvelle mouture d’Un gars, un fille amène son lot de fraîcheur – on peut no‐ tamment voir le couple re‐ tomber en amour avec Mont‐ réal et son trafic parfois chao‐ tique, avant de vendre sa mai‐ son avec l’aide d’une courtière immobilièr­e dédaigneus­e (Ca‐ roline Néron) –, elle renoue aussi avec les formules humo‐ ristiques et esthétique­s qui ont fait son succès il y a 25 ans.

On retrouve donc les plans-séquences, les ac‐ croches musicales et la signa‐ ture graphique du Un gars, une fille d’antan, mais aussi certaines de ses situations et personnage­s cultes, comme les parties de baseball avec Martin (Martin Petit), et les rencontres avec Daniel (Daniel Brière) et Loulou (Louise Ri‐ cher), couple branché qui n’a jamais quitté la grande ville.

La chimie entre les person‐ nages de Guy A. Lepage et de Sylvie Léonard demeure elle aussi évidente. Le couple, avec ses moments de ten‐ dresse et de chamaillag­e, ne semble rien avoir perdu de ce qui a séduit le public au dé‐ tour du millénaire.

Un gars, une fille, c’est notre safe space, soutient Guy A. Lepage. RBO, ça crée de la chicane, Tout le monde en parle, chaque semaine, il se passe des affaires… mais dans Un gars une fille, on ne se chicane jamais, on a du fun et on écoute les autres.

Lors de l’annonce du re‐ tour de la série en septembre, il avait déclaré ne pas avoir envie de relancer l’émission, déjà adaptée à toutes les sauces à l’internatio­nal, s’il n’avait rien de nouveau à dire. Avec cette mouture qui arrive à un moment marquant de la vie des protagonis­tes, il semble effectivem­ent avoir trouvé un filon inexploité.

Le duo poursuivra-t-il son exploratio­n au-delà des quatre épisodes promis? Ça appartient à Radio-Canada, et ça appartient au public, laisse entendre Guy A. Lepage. Si le public aime ça, on s’en repar‐ lera.

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