Certains véhicules d’occasion se vendraient plus cher que des neufs
Confrontés à un marché de véhicules neufs toujours marqué par des longs re‐ tards de livraison, certains Canadiens pourraient déci‐ der de se tourner vers les voitures d’occasion, mais pourraient être obligés d’ouvrir encore plus leur portefeuille.
Une situation que voit de près le directeur du conces‐ sionnaire de voitures d’occa‐ sion Superb Auto à North York, Yasin Guzeltas.
Je vois toujours beaucoup de véhicules d’occasion sur le marché plus chers que les modèles neufs.
Yasin Guzeltas, directeur du concessionnaire de voi‐ tures d’occasion Superb Auto
Il raconte que les pro‐ blèmes d’approvisionnement forcent des concessionnaires à se livrer à des guerres d’en‐ chères à des prix toujours plus élevés, car nombreux d’entre eux concentrent leurs efforts sur certains modèles populaires.
Par exemple, si la voiture est sur le marché pour 25 000 $, il se peut qu’on fi‐ nisse par l’acheter pour 26, 27 000 $, déplore M. Guzeltas.
Puis, nous devons payer les frais de la vente aux en‐ chères, des frais de remise à neuf et de nettoyage de la voiture. Par après, on doit changer les pneus et les freins, ce qui augmente la fac‐ ture.
Le résultat : les conces‐ sionnaires de voitures d’occa‐ sion comme le sien doivent vendre ce véhicule plus cher avec une marge pour payer nos factures et nous faire un peu d’argent afin de survivre dans ce marché.
Certains nous disent que ces prix sont étranges et ne veulent pas payer au-delà du prix de détail suggéré par le fabricant (PDSF), avoue M. Guzeltas.D’autres com‐ prennent notre situation.
Toujours le même prix, trois ans plus tard
Par ailleurs, la demande est telle que de nombreux vé‐ hicules d’occasion conservent désormais leur valeur, et ce, même après quelques années d’utilisation, constate le chro‐ niqueur et éditeur de l’Annuel de l’automobile, Benoit Cha‐ rette.
Ce qui arrive en ce mo‐ ment, c’est qu’un véhicule d’occasion de trois ans, en gé‐ néral, vaut le même prix qu’un véhicule neuf.
Benoit Charette, chroni‐ queur et éditeur de l’Annuel de l’automobile
L’expert de l'industrie ra‐ conte que le marché des véhi‐ cules d’occasion dépend beaucoup des véhicules neufs pour s’alimenter. Ainsi, les problèmes d’approvisionne‐ ment qui affligent l'industrie, comme la pénurie de puces électroniques, ont des réper‐ cussions directes sur le mar‐ ché de seconde main.
Au cours de la dernière an‐ née, Benoit Charette note que les grandes institutions de lo‐ cation d’automobiles [...], se sont alimentées dans le bas‐ sin des véhicules d’occasion faute de véhicules neufs, ré‐ duisant encore plus son nombre de voitures à la dis‐ position des consommateurs.
Ainsi, les personnes dési‐ reuses de se procurer une voi‐ ture à un prix un peu plus rai‐ sonnable doivent selon lui parfois chercher un véhicule d'occasion vieux de quatre, cinq ans.
Des prix élevés là pour rester
Alors que les stocks aug‐ mentent tranquillement, les prix élevés pour des véhicules d’occasion ne reviendront pas aux niveaux d'avant la pandé‐ mie croit le vice-président res‐ ponsable de l’analyse et des renseignements de AutoTra‐ der.ca, Baris Akyurek.
On constate que les consommateurs sont en train de s’adapter à ces nouvelles normes.
Baris Akyurek, vice-pré‐ sident responsable de l’ana‐ lyse et des renseignements de AutoTrader.ca
L’expert estime que les Ca‐ nadiens semblent s’adapter en allongeant la durée moyenne de leurs contrats de location et de financement.
Cette réalité explique, se‐ lon lui, l'augmenation de plus de 10 % du nombre de tran‐ sactions sur le site de vente de voitures d'occasion au cours des premiers mois de 2023 par rapport au même moment l'an dernier, et ce, malgré les taux d’intérêt et les prix élevés.
M. Akyurek ajoute cepen‐ dant qu’avant la pandémie, les prix étaient habituelle‐ ment plus élevés en début d’année avant de tranquille‐ ment descendre mois après mois. Ce n’était pas le cas en 2021 et en 2022 alors que le marché traversait une pé‐ riode anormale.
Jusqu’à présent cette an‐ née, les données indiquent que la situation semble se normaliser si on se fie au changement du prix d’un mois à l’autre jusqu’à présent.
Cela dit, la moyenne du prix d’un nouveau véhicule en février 2020 était d’un peu moins de 27 000 $, nuance M. Akyurek. Alors les prix sont plus élevés en ce moment et on ne s’attend pas à revenir à des prix d'avant la pandémie de sitôt.