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Les promoteurs de GNL Québec réclament 20 G $ US pour l’annulation de leurs projets

- Pascal Girard

Les promoteurs de GNL Québec et Gazoduq dé‐ posent une demande d'ar‐ bitrage contre le gouverne‐ ment du Canada pour avoir bloqué leurs projets de ter‐ minal de liquéfacti­on de gaz naturel et de gazoduc. L'indemnisat­ion recher‐ chée est de 20 milliards de dollars américains.

C’est la compagnie Ruby River Capital LLC qui a enre‐ gistré une demande d'arbi‐ trage contre le Canada, jeudi, devant le Centre internatio­nal pour le règlement des diffé‐ rends relatifs aux investisse‐ ments (CIRDI) du Groupe de la Banque mondiale.

Elle invoque des argu‐ ments en lien avec l’Accord de libre-échange américain (ALE‐ NA) et l’Accord Canada-ÉtatsUnis-Mexique (ACEUM).

Ruby River Capital est la propriété des entreprise­s des deux promoteurs de GNL Québec, renommée Symbio Infrastruc­ture en mars 2021. Les entreprise­s sont Freestone, une société de développem­ent financée et dirigée par Jim Illich, et Breyer Capital, fondée en 2006 par Jim Illich, actuel pré‐ sident du conseil d’adminis‐ tration.

Les projets jadis évalués à 14 milliards visaient à construire un terminal à Sa‐ guenay pour exporter du gaz naturel liquéfié importé par gazoduc depuis l’Ouest cana‐ dien via des conduites déjà existantes ainsi qu'un gazo‐ duc à construire de 780 kilo‐ mètres qui aurait relié le nordest de l’Ontario au Port de Sa‐ guenay. Le gaz naturel liqué‐ fié aurait été exporté par ba‐ teau sur la rivière Saguenay.

Des refus de Québec et Ottawa

La portion du terminal, nommée Énergie Saguenay, a d’abord été refusée par le gouverneme­nt du Québec en juillet 2021, après un rapport critique du Bureau d’au‐ diences publiques sur l’envi‐ ronnement (BAPE) rendu en mars 2021. Selon le BAPE, le projet comportait plus d’in‐ convénient­s que d’avantages.

Le gouverneme­nt du Ca‐ nada, par l’entremise du mi‐ nistère de l’Environnem­ent et du Changement climatique, a aussi refusé le projet de termi‐ nal de liquéfacti­on en fé‐ vrier 2022. Le ministre Steven Guilbeault s’était alors basé sur les conclusion­s du rapport d’évaluation environnem­en‐ tale de l’Agence d'évaluation d’impact du Canada (AEIC).

L’augmentati­on des gaz à effet de serre polluants, l’im‐ pact du projet sur les mammi‐ fères marins, dont le béluga du Saint-Laurent, ainsi que ses effets sur le patrimoine culturel des Premières Na‐ tions innues avaient été mon‐ trés du doigt par l’AEIC.

L’entreprise, de son côté, estimait que le projet dans son entier aurait contribué à réduire les émissions mon‐ diales de gaz à effet de serre en remplaçant des énergies jugées plus polluantes comme le charbon. L’usine de liquéfacti­on aurait été alimen‐ tée en hydroélect­ricité, ce qui aurait réduit son impact envi‐ ronnementa­l.

En juin 2022, Symbio Infra‐ structure avait annoncé avoir conclu un accord avec la so‐ ciété d’État ukrainienn­e Naf‐ togaz pour approvisio­nner en gaz naturel liquéfié et en hy‐ drogène l’Ukraine, alors déjà en guerre.

En septembre dernier, Jim Illich avait eu des discussion­s avec Steven Guilbeault et le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Cham‐ pagne, en marge de la visite au Canada du chancelier alle‐ mand, Olaf Scholz.

Le processus d’évaluation environnem­entale au fédéral est toujours en cours pour la portion du gazoduc, mais est devenue caduc, dans un sens, puisque sans terminal, le pro‐ jet n’avait plus de sens.

La nouvelle a d’abord été rapportée par le site Internet Investment Arbitratio­n Re‐ porter (IAReporter), une pu‐ blication spécialisé­e dans ce domaine. Cette publicatio­n estime que le poursuivan­t prétend que la décision prise par Ottawa était d’abord poli‐ tique, ce qui irait à l’encontre des accords de libre-échange.

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