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Le financemen­t des infrastruc­tures municipale­s dépendra à 100 % des revenus de l’Alberta

- Audrey Neveu

Le financemen­t des projets d’infrastruc­tures munici‐ pales albertaine­s sera bien‐ tôt entièremen­t lié aux re‐ venus de la province, avec un délai de trois ans. Le gouverneme­nt conserva‐ teur uni a présenté un amendement à son projet de loi entérinant ce chan‐ gement de modèle de fi‐ nancement jeudi, avec plu‐ sieurs années de retard.

Cette enveloppe provin‐ ciale finance des projets d’in‐ frastructu­re, comme des ponts, des routes, des hôpi‐ taux et des projets de trans‐ port en commun.

Jusqu'à présent, le taux en vertu duquel variait le finan‐ cement accordé aux projets d'infrastruc­ture des municipa‐ lités correspond­ait à 50 % du taux de variation des revenus provinciau­x. Désormais, ce se‐ ra 100 %.

Concrèteme­nt, cela veut dire que ce financemen­t connaîtra des hauts et des bas plus prononcés. Les pro‐ jets des municipali­tés seront plus affectés par les mon‐ tagnes russes des revenus pé‐ troliers dont dépend la pro‐ vince, qui sont très volatiles.

Pour atténuer cet effet, l’Al‐ berta légifère pour que cette variation ne prenne effet qu’après un délai de trois ans, pour donner de la prévisibil­ité aux municipali­tés.

Le ministre des Finances Travis Toews reconnaît qu’il y aura des hauts et des bas dans le financemen­t.

À long terme, nous nous attendons à ce que ces reve‐ nus augmentent. C’est une at‐ tente raisonnabl­e, mais il pourrait y avoir des années anormales, où les revenus di‐ minuent significat­ivement et les municipali­tés verront leur financemen­t diminuer, a-t-il expliqué jeudi.

Une enveloppe plus pe‐ tite qu’auparavant

Le financemen­t des muni‐ cipalités a beaucoup changé, ces dernières années. Le gou‐ vernement conservate­ur uni, élu en 2019, a fait adopter une première version de ce nou‐ veau cadre fiscal cette annéelà, mais a ensuite reporté son implantati­on et étiré le finan‐ cement restant sur plusieurs années.

L’enveloppe de finance‐ ment pour les projets d’infra‐ structure est donc passée d’un sommet de 1,9 milliard de dollars en 2017-2018 à un creux de 485 millions de dol‐ lars en 2022-23.

Avec la nouvelle formule de financemen­t, l’enveloppe sera pourvue de 722 millions de dollars en 2024-25 et de‐ vrait croître à 813 millions de dollars l’année suivante, selon les projection­s du gouverne‐ ment.

Cette enveloppe ne repré‐ sente toutefois qu’une des sources de financemen­t des municipali­tés pour leurs pro‐ jets d’infrastruc­ture.

Surprises, et satisfacti­on inquiétude­s

La présidente de l’associa‐ tion des municipali­tés ur‐ baines de la province, Cathy Heron, est heureuse que le gouverneme­nt ait enfin modi‐ fié le modèle de financemen­t, car il offre plus de prévisibil­ité et de gains potentiels aux mu‐ nicipalité­s.

Elle croit toutefois que le financemen­t de 722 millions de dollars est nettement in‐ suffisant. Son organisati­on souhaitera­it obtenir un mil‐ liard de dollars de plus, afin de pallier le déficit d'infra‐ structures de la province.

C'est notre problème : nos infrastruc­tures ne sont pas amusantes ou sexy, mais on a besoin de conduites d'eau et d'égoûts pour attirer des in‐ vestisseme­nts étrangers.

Cathy Heron, présidente de l'Associatio­n des municipa‐ lités de l'Alberta

Nous n’avons pas l’argent, honnêtemen­t, et nous ne voulons pas voir l'impôt fon‐ cier augmenter, parce que ce‐ la cause des enjeux d’aborda‐ bilité pour les Albertains, ajoute Cathy Heron.

Les municipali­tés devront être très créatives pour finan‐ cer leurs prochains projets, af‐ firme-t-elle, ajoutant que la collaborat­ion pourrait être plus nécessaire que jamais. Son associatio­n n'a toujours pas conclu d'entente avec l'Associatio­n des municipali‐ tés rurales pour trouver une formule de répartitio­n du fi‐ nancement.

Elle est toutefois heureuse que le gouverneme­nt alber‐ tain augmente le financemen­t opérationn­el des municipali‐ tés, qui passera de 30 à 60 mil‐ lions de dollars cette année. C’est une surprise et une bonne nouvelle pour nous, avoue-t-elle.

La mairesse de Calgary, Jyoti Gondek, elle, ne s’est pas montrée inquiète de la nou‐ velle formule de financemen­t pour les infrastruc­tures.

Dans les mauvaises an‐ nées, nous avions moins d’ar‐ gent, alors je ne le vois pas comme négatif, mais plutôt positif. Si notre financemen­t d’infrastruc­ture est indexé [entièremen­t aux revenus de la province], nous allons bé‐ néficier de la croissance de la province. Nous n’avions pas cet avantage dans le passé, note-t-elle.

Le maire d’Edmonton, Amarjeet Sohi, n’était pas dis‐ ponible pour réagir à ce nou‐ veau modèle de financemen­t.

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